Faut-il gracier Jacqueline Sauvage ?
Après avoir subi 47 années de violences psychologiques et
physiques, avoir assisté aux viols de deux de ses filles lors de leur puberté,
Jacqueline Sauvage a tué son mari, au lendemain du suicide de son fils.
A deux reprises, les jurés populaires de deux cours d’assises
ont reconnu coupable de meurtre et l’on condamné à une peine de 10 ans de réclusion
criminelle. Les conditions de la légitime défense n’étant pas réunies, les
conclusions des cours d’assises ne pouvaient aboutir à un autre verdict.
Cette dramatique histoire familiale est celle de la misère
humaine, de l’ignorance et de l’indifférence de l’entourage direct de cette
femme et de son voisinage. Tous les acteurs directs du drame témoignent
des souffrances de cette mère de famille. Mais aucun d’entre eux ne lui a tendu
la main. Aucun d’entre eux n’a dénoncé les faits.
Bien sûr, les mouvements féministes font de Jacqueline
Sauvage une icône des violences faites aux femmes. Spontanément, des groupes d’influences
se forment et réclament la grâce présidentielle. L’icône est mal choisie. Car
juridiquement meurtre il y a. Ne pas prononcer une condamnation constituerait
un réel déni de justice. Ses filles n’étaient pas directement en danger, sa vie
n’était pas, au moment du passage à l’acte menacé. Il n’empêche que la douleur
de cette famille est certaine. Plutôt qu’une grâce présidentielle, un
aménagement de la peine qui lui éviterait la prison est à privilégier.