Les dérives de l'affaire Weinstein : D’un harcèlement à l‘autre
© Laurent SAILLY pour Méchant Réac ! ®
L’affaire Weinstein est très certainement le scandale sexuel de la
décennie. Les révélations qui se succèdent contre le producteur américain. Le
nombre des victimes, les actes reprochés à l’auteur et la complicité de son
entourage (par son silence) lèvent le voile sur des pratiques barbares.
Chaque
jour, une nouvelle victime libère sa parole. La honte passée, la pression
sociale ayant changé de bord, les violeurs et agresseurs de toutes sortes ont
du mauvais sang à se faire. Des acteurs, des hommes politiques, des dirigeants
d’entreprises vont se voir confronté à leurs « proies ».
Mais
l’Occident, ayant perdu ses valeurs et le sens de la proportionnalité, confond
tout, mélange tout, oublie tout.
Le
scandale s’étend et submerge la société.
L’hashtag
#DenonceTonPort sur Twitter en France, mais aussi les dénonciations publiques
en Grande-Bretagne illustrent la désintégration de la société occidentale.
Républiques
ou Monarchies constitutionnelles, les nations européennes se vantent d’être des
sociétés démocratiques.
Mais l’un
des fondements de la Démocratie c’est la Justice. Et une Justice démocratique
doit se préoccuper de la protection des victimes et assurer les droits de la
défense. Le déballage médiatique sur la place publique n’assure ni l’un ni l’autre.
Les victimes vont devoir affronter les actions défensives de leurs bourreaux et
peut-être ainsi détruire des années de reconstruction psychologiques. Les
accusés (au sens général du terme) sont jetés en pâture à la populace. Des vies
vont être à nouveau brisées. La vengeance prend le pas sur la condamnation. La
rumeur supplante la preuve.
Quel que
soit le « crime », la présomption d’innocence doit être respectée.
Cette présomption doit s’appliquer tout en assurant les droits des victimes.
Dans la
même idée, la notion de proportionnalité doit être redécouverte. Quel rapport
entre les exactions d’un Weinstein (ou à un autre temps celui de DSK), qui, il
y a encore un mois, brisait des carrières ou a soumis des jeunes femmes à ces
fantasmes sexuels et un ministre britannique qui a posé, il y a 35 ans, une
main sur un genou ? Entendons-nous
bien, dans un cas comme dans l’autre il y a faute. Cette faute doit être
condamnée. Mais les actes reprochés ne sont-ils pas à relativiser entre eux ?
En
refusant cette relativité, en généralisant les comportements, le risque est de
faire de gestes intolérables envers des femmes, des pratiques courantes,
habituelles. De là à voir un système de défense d’un harceleur de faire de ses
pratiques des « coutumes » sociales il n’y a pas loin. Ce manque de
relativité est, dans un autre débat, celui de la laïcité, de brouiller les
règles.
Par la
faute de quelques-uns, on crée un climat de suspicion et de division entre les
hommes et les femmes. Comme aux Etats-Unis, on verra des hommes éviter de
prendre seul un ascenseur avec une femme. Dans un monde qui ne communique plus
que par réseau sociaux interposés, où l’individualisme est érigé en système, où
il faut appartenir à un clan ou nier les différences, le clivage homme-femme
marquerait l’ultime rupture de notre société.
Les règles
sont pourtant simples.
1.
Il
n’y a pas de place pour la séduction dans le milieu professionnel que ce soit entre
collègues ou avec les clients.
2.
Le
consentement ne se présume pas. Il doit être explicite et peut être remis en
cause à tout moment (même dans le couple).
3.
Tout
témoin d’un acte de harcèlement, dans un endroit public ou privé, se doit d’intervenir
et de porter assistance à la victime sous peine d’être complice passif de
l’harceleur (et condamné comme tel).
Agissons
en société civilisée. N’oublions pas que nous avons tous une mère qui peut (ou
a pu) être une victime et un père qui peut (ou a pu) être injustement dénoncé.
A défaut,
tout le monde sortira perdant.