Que demandent les nationalistes corses ? Indépendance ou Autonomie ?
Selon le dictionnaire
Larousse, l'autonomie
est la capacité d'une personne ou d'une organisation à prendre des décisions
seule (du grec autos,
« soi-même » et nomos,
« loi »). L'indépendance
est l’absence factuelle d'attaches à autrui ou à une organisation et la volonté
de n'être soumis à rien, influencé par personne (pendere, « pendre »). L'autonomie se réfère au soi et affirme
sa liberté sans opposition ni animosité. L'indépendance se réfère aux autres, affirme sa liberté
et lutte pour la conquérir.
Militants politiques,
le duo Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni, auteur du « raz-de-marée » nationaliste
« Pè a Corsica », a pris les rênes de la nouvelle collectivité unique de Corse
le 2 janvier dernier. Les deux hommes sont les têtes pensantes de deux
courants parallèles qui se rejoignent et en même temps s'opposent. Ils sont
divergents mais ont finalement toujours été liés. L'un est autonomiste, l'autre
indépendantiste. Deux leaders, issus d'un même mouvement mais élevés au sein de
deux branches opposées.
Jean-Guy Talamoni
revendique l’indépendance de la Corse, même par les armes. Gilles Simeoni croit
plus dans la solution démocratique. Le retrait du FLNC en 2014 a permis l’union
des deux branches. Aujourd’hui, l'indépendantiste Talamoni a accepté de prôner
l'autonomie aux côtés de Gilles Simeoni.
Tous deux sont des enfants
de Bastia. Tous deux sont avocats. Tous deux se prononcent pour "un
statut d’autonomie de plein droit et de plein exercice, avec pouvoir
législatif, réglementaire, et fiscal", d'ici à dix ans. Mais cela
nécessite une révision constitutionnelle que le gouvernement a pour le moment
toujours refuser d’envisager. Tous deux réclament le rapprochement des
prisonniers de la cause corse qu’ils considèrent comme prisonniers politiques, se
rejoignent sur la co-officialité de la langue corse et le statut de résident
dans la but de protéger le foncier. Ces trois derniers points me paraissent inacceptables.
D’abord parce que la langue française est la langue de la République, la langue
corse étant reconnue par l’article 75-1 de la Constitution comme toutes les
langues régionales. Ensuite, le statut de résident corse est une négation de l’égalité
des citoyens français sur l’ensemble du territoire nationale. Enfin, les
prisonniers détenus sur le continent sont des condamnés de droit commun et
nullement des prisonniers politiques (voir mon article).
L’autonomie, une étape
vers l’indépendance ?
Questionné au micro de France inter le 4 décembre dernier, sur la perspective d'un
éventuel processus d'indépendance, Jean-Guy Talamoni a reconnu qu'un tel
processus ne pourrait être lancé avant une dizaine d'années : « Nous avons un
accord de mandature avec le courant autonomiste. L'idée indépendantiste est toujours minoritaire. » Même
ce fervent partisan de l'indépendance assure d'ores et déjà préparer «la
séquence suivante. » « Si les Corses veulent un jour majoritairement
l'indépendance, personne ne pourra s'y opposer », assure celui qui dit ne pas
considérer que « la France soit [son] pays. »
Vers une sortie de crises ?
Il n’est pas possible de
rester dans cette situation. Deux solutions peuvent être envisagées. Ou on termine
une démarche commencée dans les années 80 : une décentralisation complète
donnant une autonomie totale à l’ensemble des régions et limitant l’Etat a ses
fonctions régaliennes. Cette solution a ma faveur (voir mon article). Ou une
solution qui se limite à la Corse en faisant profiter l’île de beauté des
articles 72-3 et suivants de la Constitution relatifs aux Outre-mers.
©Laurent SAILLY pour Méchant Réac !®
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