De Médine à « L’Aquarius », entre l’angélisme et le cynisme
Cette semaine deux tragédies, l’une jouée en novembre 2015 et l’autre se jouant en ce moment aux larges des côtés de l’Europe du sud, font l’objet de récupérations politiques honteuses de tous bords.
Pour les paroles d'une
chanson écrite en 2015 ainsi qu'un album de 2005 intitulé Jihad, la
venue du rappeur Médine au Bataclan a déclenché les foudres d'une partie de la
classe politique et de certains internautes.
La
question n’est pas de savoir si le rappeur Médine a droit de chanter au
Bataclan, mais s’il commet un délit en exprimant une idéologie qui prônerait le
terrorisme ou inciterait à la haine ?
La question est importante
d’abord parce que prononcer une interdiction est toujours un aveu d’échec en
démocratie (ici pour la liberté d’expression), ensuite parce qu’en sanctuarisant
un lieu comme celui-ci nous faisons le jeu de l’islam politique en offrant d’une
part une vitrine et d’autre part de « nouveaux martyr ».
S’il prône le djihadisme
ou encourage le terrorisme ou la haine, alors il faut lui interdire de chanter
au Bataclan ou ailleurs conformément à notre droit sur la liberté d’expression.
Si ses propos sont « légaux » (ce qui ne veut pas dire « légitimes »),
alors le débat se déplace du droit vers la conscience des propriétaires de la
salle de spectacle. Mais alors, en faisant ce choix de salle, Médine fait preuve de cynisme.
Les 629 migrants secourus en Méditerranée, ce week-end, par « L’Aquarius »
ont été, pendant plus de trois jours, le jouet du cynisme des uns ou de l’angélisme
des autres.
Le
rôle de « L’Aquarius » doit être posé, s’agit-il d’un bateau qui se
charge de sauver des migrants naufragés ou d’une organisation qui sous couvert de
mission humanitaire est en fait un vaste réseau de passeurs ?
Il faut être clair. Dans
le cas de ces 629 migrants, la France n’aurait pas dû détourner le regard et
laisser (ainsi que l’ensemble des européens), une nouvelle fois, l’Italie seule
sur la ligne de front. Que faire d’autre que de les accueillir ? Les noyer ?
Ce sera alors sans moi. La réponse à l’immigration massive immédiate est dans
un premier temps la fermeté en luttant contre les « passeurs » et
dans un second temps l’accompagnement du développement économique de l’Afrique (énorme
chalan de plus d’un milliard de clients !).
Si « L’Aquarius »,
et l’association SOS Méditerranée qui l’affrète, respecte bien le code maritime
concernant le sauvetage en mer des naufragés, il faut que l’Europe et la France
en particulier (du fait de sa côte méditerranéenne) accompagnent cette
association pour expliquer et transmettre aux réfugiés, la politique migratoire
de notre continent. Si, par contre, il s’avère que « L’Aquarius » récupère
ces migrants au large des côtes libyennes, nous avons alors là à faire avec une
organisation illégale qui doit être condamnée (les relevés GPS suffisent à
déterminer le rôle joué).
Il existe une voie entre l’angélisme
et le cynisme !