La méchante semaine n°2020-19
Ils sont 16 auteurs cette semaine à nous avoir fait bénéficier de leur plume, leur analyse et leur opinion : Régis de Castelnau, Nicolas Baverez, Nicolas Bouzou, Maime Tandonnet, Frédéric Lazorthes, Romain Pasquier, Laetitia Strauch-Bonart, Philippe Bilger, Natacha Polony, Bérénice Levet, Eugénie Bastié, Jean-Philippe Vincent, Marcel Gauchet, Mathieu Bock-Côté, Pascal Salin et votre serviteur. Retrouvez toute la semaine de Méchant Réac en 19 textes, 1 tribune collective et un plan de l'IFRAP.
VU DU DROIT - C’est
chose normale, légitime et la marque d’un État de droit. Le Parlement contrôle
l’activité politique du gouvernement, le juge pénal est saisi des fautes
pénales commises par les personnes.
L’État de
droit, pour quoi faire ?
Ils ont imaginé une procédure afin de faire voter par le Parlement une
loi que l’on ne peut qualifier autrement que de «loi d’amnistie préventive»
Protection des maires : que dit le droit ?
Protection des maires : que dit le droit ?
Etat d’urgence sanitaire ou pas, si l’Etat envoie les maires au
casse-pipe sans leur donner les moyens d’appliquer la politique qu’il a
décidée, ceux-ci ne pourront pas être poursuivis. Ils sont d’ores et déjà
protégés.
Les
parlementaires LREM en mode blanchisseurs
La proposition concoctée et présentée à la dernière minute
lors du débat à l’assemblée sera votée dans les bruits de l’orchestre comme un
amendement à la loi de prolongation de l’état d’urgence. Et les amis d’Emmanuel
Macron blanchis seront ainsi tranquilles0
CHRONIQUE - L’Occident a
perdu sa crédibilité et montré sa vulnérabilité en échouant à gérer les risques
systémiques et les chocs qui caractérisent le XXIe siècle.
La force de l’Occident a
tenu à sa capacité à se remettre régulièrement en question à travers la
compétition entre les individus, les entreprises et les nations, tout en
restant fidèle à ses valeurs.
L’EXPRESS - Le "décroissantisme" est une
idéologie bourgeoise : c'est le luxe de ceux qui peuvent se permettre de
s'appauvrir. Pour les classes populaires, c'est un désastre.
"Cette décroissance que nous
subissons n'est même pas bonne pour l'environnement. Cette année, les émissions
de CO2 devraient seulement baisser de 5%."
La grandeur de la démocratie libérale, c'est qu'elle permet à
chacun de vivre comme il l'entend.
Cette expérience de décroissance et de démondialisation que
nous vivons a peu de chances d'infléchir mon avis initial car tout se passe,
malheureusement, comme une analyse rationnelle l'avait prévu : le chômage et la pauvreté explosent et tout montre que ce sont
les plus fragiles qui en pâtiront le plus.
FIGAROVOX/TRIBUNE - La fermeture au
public des sentiers de forêt, de montagne et de littoral est difficilement
compréhensible tant le risque de propagation du virus y est faible, observe
l’historien Maxime Tandonnet. Ces lieux où l’âme divague à loisir sont pourtant
des espaces de liberté.
L’interdiction
de se rendre dans les forêts, les montagnes et les plages ne paraît pas avoir
de fondement rationnel.
La morale
du troupeau se réalise avec une acuité particulière dans le contexte de la
crise sanitaire.
Ces
espaces sont considérés comme inadmissibles car ils se prêtent à la solitude
voire à la réflexion solitaire.
L’horizon
marin est aux antipodes des barreaux d’une prison.
VU DU DROIT - Grand
hourvari autour de la proposition de la commission des lois adoptée par le
Sénat hier et intégrée au projet de loi sur la prorogation de l’état d’urgence.
Elle est présentée partout comme une « loi d’amnistie » permettant aux
ministres, élus et hauts fonctionnaires d’échapper aux conséquences pénales de
leur gestion calamiteuse et fautive de la crise de la pandémie Covid-19.
FIGAROVOX/ENTRETIEN - Sous la menace
de poursuites pénales, des maires ont réclamé une meilleure protection
juridique avant d’aborder le déconfinement, et une proposition de loi a été
déposée à cet effet. Mais elle pourrait s’étendre à tous les agents publics.
L’avocat Régis de Castelnau redoute que cette «auto-amnistie» évite au
gouvernement d’avoir à répondre de ses décisions.
S’il
existait une immunité pour les agents publics, nous ne serions plus dans un
État de droit.
Les agents
publics sont des citoyens qui peuvent être jugés pour les fautes qu’ils ont
commises personnellement.
J’ai pu
constater de nombreuses fautes personnelles susceptibles, si elles sont
établies, de recevoir une qualification pénale.
Le souci
de la protection des maires a servi à essayer de mettre à l’abri ministres et
hauts fonctionnaires.
Le coup
politique de l’auto-blanchiment est politiquement meurtrier.
FIGAROVOX/TRIBUNE - Les Français ne
devraient pas accepter d’être placés sous tutelle comme des mineurs et oublier
ce que signifient la liberté politique et le civisme, argumente l’essayiste
Frédéric Lazorthes*.
Notre
incapacité à transformer les forces sociales en énergie civique est frappante.
Invoquer l’indiscipline des Français, c’est l’entretenir.
FIGAROVOX/TRIBUNE - La défaillance
systémique mise en lumière par cette crise résulte principalement d’une
centralisation excessive et d’une trop grande rigidité des procédures,
argumente le chercheur en science politique Romain Pasquier. L’État doit selon
lui se recentrer sur ses missions essentielles, et déléguer les autres.
L’hypothèse
d’une défaillance systémique mérite d’être posée.
La
rigidité des procédures déconnecte très largement les décideurs administratifs
de la réalité du terrain.
À vouloir s’occuper
de tout, l’État français ne parvient plus à s’occuper de l’essentiel.
La
subsidiarité « à la française » est décidément à inventer.
LE FIGARO/TRIBUNE COLLECTIVE
EXCLUSIVE - Le gouvernement vient de décider de doubler la puissance installée
de l’éolien terrestre dans les huit ans qui viennent, s’alarment Stéphane Bern,
Jean-Claude Casanova et Michel Pébereau, Françoise Chandernagor, Patrice Cahart
ainsi que les dix-sept autres signataires dans une tribune collective au Figaro.
Les
éoliennes, installées dans des zones de pêche riches en ressources, détruisent
les fonds marins.
Excédentaire
en électricité, la France n’a pas besoin de sources nouvelles d’énergie. Elle
dispose de centrales nucléaires anciennes qui pourraient être prolongées.
Le total
avoisinerait 120 milliards d’euros, à prélever sur l’épargne française publique
ou privée.
FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN -
L’essayiste, spécialiste des penseurs conservateurs, souligne l’intérêt de
cette famille de pensée pour appréhender la crise que nous affrontons.
Rien ne
devrait empêcher un État de favoriser la libre circulation des personnes par
temps calme et de fermer ses frontières dès qu’il le souhaite.
Il n’y a
pas une mais plusieurs écoles libérales, et celle qui a triomphé dans les
dernières décennies prône l’uniformisation, la rationalisation et la
centralisation.
On peut
craindre que cet état exceptionnel ne se prolonge plus que de raison.
JUSTICE AU SINGULIER - L'opinion
publique n'est-elle pas encore assez défiante, hostile à l'égard de la classe
politique, gauche et droite confondues ?
Le pouvoir et le
Parlement ont-ils perdu la mémoire des lois d'amnistie dans les années 90 qui
ont scandalisé les citoyens et amorcé un mouvement d'inéluctable désaffection
envers ces ministres et ces élus qui ne songeaient qu'à se tirer d'affaire en
privatisant d'une certaine manière la loi ?
IFRAP - Avec
l’épidémie de Covid-19 et les 25 800 décès que nous comptons malheureusement
dans notre pays, la France est entrée dans une crise nouvelle, à la fois
sanitaire et économique. Le confinement et ses mesures inédites frappent et
vont frapper très fortement le pays.
La Fondation iFRAP propose ici un plan
pour rebondir et teste 3 scénarios de baisse des impôts de 11, 25 et 41
milliards d’euros. Il s’agit d’un choc d’offre dans un premier temps. Dans un
second temps, il faudra décentraliser et numériser les services publics, et
dans un troisième temps introduire un mécanisme de frein à l’endettement dans
la Constitution.
Booster l’économie pour sauver nos
entreprises et nos emplois en baissant de 41 milliards les impôts : l’impact du
scénario le plus ambitieux serait de 260 000 emplois supplémentaires d’ici
2022, 425 000 d’ici 2024 ;
Travailler plus et plus longtemps en
allongeant la durée du travail ;
Réorganiser l’État : décentraliser les
missions non régaliennes de l’État aux collectivités locales (santé, éducation)
et faire un grand plan de numérisation des services publics ;
Freiner la dette : mettre en place un
frein à l’endettement dans la Constitution dès la sortie de récession afin
d’assainir nos finances publiques.
MARIANNE/EDITO
- "Aujourd'hui se pose la question de notre retour à la vie. Et l'on se
gardera de ces discours va-t-en-guerre sur l'héroïsme et les couards. Il est
parfaitement légitime de craindre pour soi et pour les siens. Car justement, il
n'est pas question du front mais de la vie. Et de la juste mesure entre
l'inconscience et la trouille."
Contrôler des crétins
angoissés ou informer et gouverner des hommes libres de leurs décisions
souveraines, tel est le dilemme de tout dirigeant.
GRAND ENTRETIEN - La
crise sanitaire est aussi une crise de la sociabilité. Celle-ci met à mal notre
sens de la convivialité et notre art de vivre, analyse la philosophe.
Cette crise sanitaire,
et c’est ce qui, par-delà sa mortalité, la rend si cruelle, est une crise de la
sociabilité.
Nous avons besoin, et
tous les peuples le manifestent chacun à sa façon, d’être rapatriés sur terre,
dans nos terres.
FIGAROVOX/ANALYSE - À l’heure où
chacun n’aspire qu’à retrouver les bonheurs simples de l’existence, l’appel de
célébrités à «ne pas retourner à la normale» a quelque chose de profondément
choquant.
EXTRAIT : « Dans
L’Opium des intellectuels, Raymond Aron analysait avec brio
pourquoi une si grande partie de l’intelligentsia a adhéré à l’idéologie
communiste. Il mettait en avant les trois prestiges que la Révolution procure à
l’artiste : celui du modernisme esthétique, du non-conformisme moral, et de la
révolte. Ces ingrédients se retrouvent aujourd’hui dans l’appétence des
artistes pour un anticapitalisme mondain, une décroissance de façade sans
contenu théorique. Les drogues du socialisme réel ont été remplacées par les
confettis du gauchisme culturel, l’adhésion au PCF par un compagnonnage avec
Greta Thunberg. Le tout dans un flou artistique qui se paye de mots. L’après
n’a pas commencé que déjà reviennent les indécences du monde d’avant :
«yakafokon» germano-pratin, narcissisme moral, et exhibitions de vertu. »
FIGAROVOX/TRIBUNE -
L’essayiste Jean-Philippe Vincent* s’inquiète de l’emprise spectaculaire de la
puissance publique sur nos vies en raison du Covid-19. La thèse de Jouvenel sur
l’extension du pouvoir à la faveur des crises se vérifie, juge-t-il.
Dans la marche vers un
pouvoir toujours plus envahissant, il peut y avoir des pauses, mais il n’y a
pas de retour en arrière.
Ce que beaucoup
reprochent au pouvoir, c’est de ne pas pourvoir avec une absolue certitude et
une non moins grande efficacité à toutes les vicissitudes de la crise actuelle.
L’EXPRESS/ENTRETIEN - Déploiement de nos
démagogies favorites, judiciarisation à outrance, hypertrophie de la com' et
dialogues de sourds sur la mondialisation... Le philosophe fait le point.
Cela pourrait se résumer en une
phrase : il est très difficile de sortir du gouvernement de la peur.
Un premier facteur : les Français
n'ont plus confiance dans le gouvernement.
Deuxième facteur : les démagogies
françaises trouvent dans la situation un terrain idéal pour se déployer.
Et puis, dernier facteur du malaise,
on voit se dessiner en filigrane une opposition entre deux France, celle des
gens qui ont peur pour leur emploi - souvent d'ailleurs, peur que cet emploi
disparaisse avec leur propre entreprise ; et la France des gens qui savent
qu'ils seront payés de toute façon à la fin du mois et pour lesquels rien ne
presse.
"Ce n'est pas à un magistrat
d'estimer si un gouvernant a bien ou mal jugé d'une situation ; c'est aux
électeurs d'en tenir compte"
Sur les masques : "L'inertie
des recettes de communicants enkystés dans cette vieille philosophie du
'n'avoue jamais', a joué à plein"
"Au sortir de cette
crise, nous aurons basculé 'pour de bon' dans le camp des pays du Sud"
REVUE DES DEUX MONDES - Dix ans après. Philippe Séguin est peut-être l’un des hommes
politiques qui suscite aujourd’hui le plus de nostalgie. À l’occasion des dix
ans de sa mort, la Revue des
Deux Mondes retrace le singulier destin de ce « vaincu magnifique,
qui aura eu raison contre son temps, et dont les paroles viennent hanter
aujourd’hui ceux qui ne l’ont pas écouté ».
Ce tribun d’exception ne brillait que dans les grandes
querelles. La vie politique ordinaire le servait mal et les temps sans relief
ne lui permettaient pas de donner sa pleine mesure.
Il y avait chez Séguin un étrange mélange de volontarisme
et de fatalisme. Comme s’il croyait à la fois en la grandeur du politique et à
la vanité de l’homme et du monde qu’il construit.
IREF/OPINION : Il y a deux arguments essentiels contre
le revenu
universel.
Il y a tout d’abord un argument de principe : le revenu
universel suppose que les bénéficiaires de ce revenu ont des droits sur autrui.
Second argument : les bénéficiaires du revenu universel sont incités à ne pas faire d’efforts
productifs et, par ailleurs, les impôts prélevés sur les autres citoyens pour
financer le revenu universel diminuent leurs incitations productives.