La Méchante Semaine n°2020-24
Nous avons tous désaoulé de ces deux
mois de confinement forcé et, comme à chaque fois, nous avons la gueule de bois
devant ce monde d’après qui est toujours celui d’avant… Economie, finances
publiques, éducation nationale, responsabilité des gouvernants, relations
internationales, quelles seront les conséquences du traitement de la crise
sanitaire ? Du meurtre atroce de George Floyd à l’affaire Traoré, des
antiracistes aux néo-facistes, de Castaner à Belloubet, le monde d’hier n’est
pas prêt à s’effacer. Cette semaine encore, Méchant Réac ! ® a fait appel
à Nicolas Bouzou, Jacques Garello, Anne-Sophie Nogaret, Régis de Castelnau,
Renaud Girard, Gilles-William Goldnadel, Nicolas Baverez, Jean-Philippe Delsol,
Nicolas Lecaussin, Alain Finkielkraut avec Eugénie Bastié, Anne-Sophie Chazaud,
Abnousse Shalmani, Amine El Khatmi, Olivier Babeau, Alexandre Devecchio, Mathieu
Bock-Côté, Bertrand Soubelet, Philippe Bilger, Sophie Coignard, Guillaume
Jeanson, Natacha Polony, Maxime Tandonnet pour éclairer nos lecteurs sur ces
évènements.
Sans oublier, en fin d'article : Michel Onfray, Jean Sévillia et Yves Roucaute...
COVID-19 : CONSEQUENCES
Pour Nicolas Bouzou, dans l’Express,
une grande politique ne choisit pas entre l'économie, la
santé, ou l'écologie, entre les jeunes et les vieux. Elle embrasse toutes ces
dimensions à la fois car "Sauver des vies, c'est protéger l'économie".
Quand on entend Muriel Pénicaud annoncer que le chômage
partiel est appelé à durer pendant les deux années à venir, cela signifie que
les pouvoirs publics n’envisagent pas de rendre le marché du travail plus
flexible. Jacques Garello dénonce ce scandale
public du chômage partiel.
Quand
l'Éducation nationale semble découvrir que quantité d'élèves n'ont d'élèves que
le nom…Dans certains établissements, les “injoignables” représentent la
moitié des effectifs constate Anne-Sophie Nogaret. Quant à l'enseignement
professionnel, le taux d'élèves fantômes peut y avoisiner les 60 %…
Le parquet de Paris vient d’ouvrir
une enquête préliminaire sur la gestion critiquée de la crise sanitaire. Cette
enquête vise principalement les chefs de "mise en danger de la vie
d’autrui" et d’"homicides et blessures involontaires". Dans sa
gestion de la crise sanitaire, faut-il se réjouir que le gouvernement soit
éventuellement jugé… ou s’en inquiéter demande Régis de Castelnau.
Pour Renaud Girard, nous sommes
entrés dans un monde où les traités ne sont pas signés pour durer très
longtemps et où les puissances négocient des alliances temporaires. Le nouvel
ordre international annoncé par George Bush père est mort sous les coups non
coordonnés des trois plus grandes puissances militaires du monde. Le
multilatéralisme souffre comme jamais. Nous entrons dans un monde néobismarckien. Il n’y a qu’un
espace où on le pratique encore avec sérieux : l’Union européenne.
DE FLOYD A TRAORE
Comparer l’affaire Traoré en France
au scandale Floyd aux États-Unis n’a aucun sens. Mais que peuvent les faits et
la réflexion contre l’ignorance, l’émotion et l’intimidation ? s’inquiète l’essayiste
Gilles-William Goldnadel. La foule médiatique déchaînée rend fou. Il existe un amalgame éhonté de ceux qui criaient hier “pas
d’amalgame’’. Le monde d’après risque d’être celui de l’a priori
recommandé et de la suspicion obligatoire à l’égard des policiers français dans
leur combat périlleux contre la violence criminelle ou terroriste.
Un peu plus de trente ans après
l’effondrement du soviétisme, les États-Unis menacent à leur tour de se
désintégrer et de devenir «Les États désunis d’Amérique», selon l’expression
de Nicolas Baverez. Donald Trump affiche un mépris pour la Constitution et
l’État de droit, l’éducation et la science.
Des émeutes prospèrent aux Etats-Unis, en
France et ailleurs au nom de l’antiracisme. La crise est accusée d’avoir fait
souffrir les Noirs plus que les autres, justifiant ainsi leur révolte. En
réalité, l’antiracisme
est instrumentalisé par la gauche radicale pour manifester et semer la
révolution affirme Jean-Philippe Delsol. Aux Etats-Unis, la population noire a largement
profité de la croissance économique de ces dernières années et elle est
désormais très intégrée. Elle n’a pas pâti plus que les autres de la crise. Les
soulèvements et autres manifestations auxquels nous assistons sont
idéologiques.
LES « ANTIRACISTES » :
CES NOUVEAUX FASCISTES
A
première vue, cette organisation donne l’impression d’une nébuleuse dont le but
serait juste de créer le chaos dans les rues. On aurait tort de la sous-estimer et les
tragiques événements qui se déroulent ces jours-ci montrent, une fois de plus,
qu’une foule déchaînée et coordonnée peut créer d’énormes dégâts, prévient
Nicolas Lecaussin dans son article ANTIFA ou la terreur léniniste anticapitaliste.
En réalité, l’antifascisme n’est qu’un prétexte pour cette organisation et au
nom du « progressisme » et de l’ « antiracisme », on
détruit et on pille.
«L’émotion
doit inspirer la réflexion, mais elle ne peut pas dispenser de la connaissance»
rappelle Alain Finkielkraut dans le grand entretien qu’il a accordé à Eugénie
Bastié. Le philosophe s’inquiète du déploiement d’un nouvel antiracisme qui
tient moins à promouvoir l’égale dignité des personnes qu’à déconstruire
l’hégémonie occidentale dans les pays occidentaux eux-mêmes. «La
honte d’être blanc a supplanté la mauvaise conscience bourgeoise» car combattre
l’hégémonie occidentale à l’intérieur même de l’Occident : tel est l’objectif
que s’assigne le nouvel antiracisme.
La France est un
État en phase de décomposition avancée, car voici que s’est abattue sur
nous une seconde vague pandémique mondiale, celle de l’hystérie collective de
repentance racialiste, indigéniste et décoloniale, fondée sur les délires
hallucinés du gauchisme culturel à la fois moribond et furibard…
Anne-Sophie Chazaud nous explique que le logiciel unique de l’antiracisme (qui
n’est pas le contraire du racisme mais bien au contraire son indispensable
jumeau symétrique), tenant lieu délibérément d’alpha et d’omega de toute pensée
sociale, cette conception victimaire, à la fois geignarde et vindicative,
communautarisée, racialisée, paresseuse, qui a besoin du racisme comme une
moule est accrochée à son bouchot, a supplanté toutes les autres dans bon
nombre d’esprits subissant ainsi à la fois l’abêtissement de masse, le gavage
et lavage de cerveau, mais aussi la démocratisation de l’inculture et
l’enseignement de l’ignorance (pour reprendre l’expression de Michéa, plus que
jamais d’actualité). Le paradigme communautariste, violemment
anti-patriote et populicide, la comédie d’un prétendu progressisme mondialiste
qui n’est que la violente soumission des plus fragiles, la stigmatisation des
adversaires souverainistes en ennemis, c’est très exactement sur ce programme
qu’il s’est fait élire, car, redisons-le, le logiciel idéologique du macronisme
est le gauchisme culturel dont il est issu : le fantasme du libre marché et les
donneurs d’ordre de Macron auprès desquels il est allé prendre conseil, dit-on,
ces derniers jours, ont besoin de cette idéologie qui fabrique des marchés de
niche et atomise les peuples tant méprisés et les nations tant honnies. Ce
monde délirant, racialisé, complaisant envers la délinquance, a largement été
co-produit par la Macronie qui en a besoin pour régner, quand bien même
celle-ci s’apercevrait, mais un peu tard, que sa créature lui a désormais
échappé.
Si Abnousse Shalmani juge légitime
l’émotion déclenchée par le meurtre raciste de George Floyd aux États-Unis, elle
réfute toute comparaison avec la situation française. «Le
nouvel antiracisme est un racisme déguisé en humanisme» estime l’essayiste. «Nous
ne pouvons pas parler de ‘racisme systémique’, car ce serait insulter la
mémoire de tous ceux nés ailleurs qui ont fait la France. En politique,
Hégésippe Jean Légitimus, premier, et plus jeune, député noir de France en
1898, mais aussi les Senghor, Houphouët-Boigny, Gaston Monnerville, Sékou Touré
ou Kofi Yamgnane - pour ne citer que les plus historiques -, sans oublier Rama
Yade, Harlem Désir, Rachida Dati, Christiane Taubira jusqu’à la porte-parole du
gouvernement actuel Sibeth Ndiaye, sont des figures publiques et légitimes.
Dans les arts, nous pouvons dire que l’art moderne, qui fait légitimement la
fierté de la France, est un art métèque. Les Picasso, Soutine, Modigliani,
Chagall, etc., venaient d’ailleurs. Tout comme les écrivains Joseph Kessel,
Apollinaire ou encore René Maran (prix Goncourt 1921), qui font partie
intégrante de la culture française. Je me souviens encore du Discours sur le
colonialisme et du sublime Cahier d’un retour au pays natal d’Aimé Césaire qui
étaient au programme lorsque j’ai passé le bac en 1995.»
Non, les
Arabes et les Noirs ne sont pas des victimes de la France blanche. L'universalisme,
qui était le pilier et la condition même de l’antiracisme, est attaqué par des
individus qui rêvent d’importer en France le modèle américain, regrette le
président du Printemps Républicain, Amine El Khatmi.
La France doit réaffirmer son
universalisme, pour ne pas tomber comme aux États-Unis dans une approche ethniciste
des liens sociaux, soutient l’essayiste Olivier Babeau. Alors qu’à Londres,
Boston ou Auderghem on déboulonne des statues censées figurer la permanence de
l’oppression coloniale, en France des voix se lèvent pour dénoncer le
«privilège blanc». «Ne
mettons pas le doigt dans l’engrenage fatal des comptabilités raciales». La
rhétorique indigéniste qui s’est épanouie sur certains campus américains fait
désormais florès en France. Fuyons cette idée délétère selon laquelle
votre sexe, votre ethnie ou vos préférences sexuelles détermineraient votre
place dans un débat.
Indigénisme, décolonialisme…
Alexandre Devecchio revient sur les
idées folles du nouvel antiracisme. Les mobilisations de ces derniers jours
révèlent la percée d’une nébuleuse militante qu’on appelle la mouvance
décoloniale. Encore méconnue du grand public, celle-ci poursuit, sous prétexte
d’antiracisme, un agenda politique séparatiste. Non seulement, ce nouvel
antiracisme conteste la légitimité des associations antiracistes
traditionnelles, mais remet radicalement en cause notre modèle républicain.
L’Unef
syndicat étudiant historiquement laïque et proche du Parti socialiste organise
désormais des réunions réservées aux «racisé(e)s», c’est-à-dire aux non-blancs.
Les
États-Unis sont en proie à une hystérie morale sur les questions de race et de
genre qui rend impossible tout débat public rationnel (Mark Lilla, professeur à
l’université Columbia de New York).
Un cap vient d’être franchi constate
Mathieu Bock-Côté. Le fantasme de la guerre raciale qui habite l’imaginaire de
l’indigénisme s’est dévoilé. La bourgeoisie mondaine a peur et
témoigne de son ralliement au régime diversitaire en se pliant
devant ses troupes de choc qui occupent physiquement l’espace public et
se permettent de verser dans la violence. Les spéculations
théoriciennes sur le vivre-ensemble pour retisser dans le discours ce qui
s’effiloche dans le réel ne convainquent plus que les consultants en diversité.
Et de conclure : «Non,
sire, c’est une révolution»
CASTANER, CONSTERNANT !
Le général Soubelet, ancien numéro 3 de la gendarmerie ne
mâche pas ses mots au lendemain de l’intervention du ministre de l’Intérieur
sur le prétendu « racisme dans la police ». Celui-ci dénonce l’incompétence et l’amateurisme de ceux qui nous
gouvernent.
A la suite des récentes
manifestations contre les “violences policières”, l’affaire Adama Traoré a
resurgi sur la scène médiatique. Scandalisé par le traitement politique réservé
à cet interminable dossier, Philippe Bilger, magistrat honoraire, président de
l’Institut de la parole et chroniqueur à Sud Radio, s’insurge contre le gouvernement pour qui “On a atteint le pire avec l’affaire Adama Traoré” : notre
démocratie est complètement ridiculisée sur le plan judiciaire et les forces de
l’ordre sont abandonnées. A quand un pouvoir qui mette en œuvre une philosophie
relevant d’un humanisme efficace.
La garde des Sceaux a invité les
proches d'Adama Traoré à lui rendre visite… et tendu ainsi les verges pour se
faire battre. Sophie Coignard décrypte la séparation des pouvoirs selon Belloubet.
Pour Guillaume Jeanson, cette invitation
constitue
un manquement grave au principe de la séparation des pouvoirs. Pour l’avocat, «Nicole Belloubet et Christophe Castaner ont cédé au
chantage de l’émotion». Il s’inquiète aussi de ce que le
ministre de l’Intérieur place l’émotion «au-dessus des lois». Car l’horreur du
drame dont a été victime George Floyd en Amérique se voit ainsi
instrumentalisée pour sommer les citoyens français de choisir un camp. L’urgence
ici, est la question de la cohésion. À trop souffler sur les braises ardentes
du communautarisme, l’on en vient à consumer le reste d’unité nationale.
Même point
de vue pour Régis de Castelnau : dans l’affaire Traoré, Macron et Belloubet bafouent la
séparation des pouvoirs. On peut supposer que règne une saine ambiance au sein des
organisations syndicales de policiers, de gendarmes et de magistrats. La
séquence qui vient de se dérouler sur fond d’emballement mondial après la mort
de Georges Floyd relayée chez nous par les manifestations autour du cas d’Adama
Traoré, est une sacrée leçon pour ces gens-là.
Pour Natacha Polony, quand le
macronisme enfreint la séparation des pouvoirs, ses conséquences sont
tragiques. L'équilibre des pouvoirs n'est pas une lubie de constitutionnalistes
mais un des fondements de la démocratie. La confiance ne naît que de la
certitude que nous sommes collectivement liés et que les règles qui
s'appliquent à tous sans exception sont le produit de la volonté majoritaire.
Dans le «village globalisé», la
moindre image, partagée des millions de fois, peut désormais avoir plus de
valeur que les principes juridiques fondamentaux qui structurent la vie en
collectivité, regrette l’historien Maxime Tandonnet. La source essentielle
de l’autorité ne se situerait plus dans les règles de droit, mais dans l’émotion.
Heureusement que notre police est
républicaine et tolérante ! s’exclame Philippe Bilger. Le rôle de la police est
d'autant plus fondamental aujourd'hui qu'elle est probablement la seule
institution, avec une multitude de serviteurs exemplaires de l'Etat, à pouvoir
empêcher la confrontation de deux France, leur antagonisme qui, si on n'y prend
garde, deviendra mortifère. La colère des policiers est limitée,
maîtrisée : qu'on ne les pousse pas au bout du désespoir et de l'humiliation. Non,
ce pouvoir ne mérite pas cette police...
MICHEL ONFRAY PAR LUI-MÊME
Michel Onfray livre son bréviaire politique, sa vision d'une France fatiguée d'elle-même, traumatisée par une
année de Gilets jaunes et convalescente d'une épidémie de coronavirus. La
gauche, Emmanuel Macron, Éric
Zemmour, le gaullisme, l'extrême droite, le peuple, les médias… Onfray dit tout :
« Il y a du peuple quand il y a une conscience de soi
»
JEAN SEVILLIA A TOUJOURS 20 ANS
Vingt ans après la parution de son ouvrage le Terrorisme intellectuel, de 1945 à nos jours (Perrin), qui avait marqué une étape importante dans la lutte contre le politiquement correct, Jean Sévillia revient sur l'histoire de ce livre et alerte sur les dangers qui continuent de menacer la pensée libre : “La dictature de la pensée n’a rien perdu de sa force”. Tout ce sur quoi reposait la cohésion de la société française en tant que nation subit les coups de boutoir du politiquement correct. Plus que jamais, la liberté de penser est un combat.
J’AI LU, J’AI AIME, J’AI PARTAGE…
JEAN SEVILLIA A TOUJOURS 20 ANS
Vingt ans après la parution de son ouvrage le Terrorisme intellectuel, de 1945 à nos jours (Perrin), qui avait marqué une étape importante dans la lutte contre le politiquement correct, Jean Sévillia revient sur l'histoire de ce livre et alerte sur les dangers qui continuent de menacer la pensée libre : “La dictature de la pensée n’a rien perdu de sa force”. Tout ce sur quoi reposait la cohésion de la société française en tant que nation subit les coups de boutoir du politiquement correct. Plus que jamais, la liberté de penser est un combat.
J’AI LU, J’AI AIME, J’AI PARTAGE…
Pour Yves Roucaute, "les écologistes ont oublié 7 millions d’années
de combats acharnés de l’humanité pour survivre face à une nature
impitoyable". Dans "L’Homo creator face à une nature
impitoyable", l’auteur montre que l’humanité ne peut survivre dans la
nature sans l’affronter. Il y affirme le droit des hommes de coloniser et
dominer la planète, loin des discours écologistes qui ont le vent en poupe.
Laurent Sailly, directeur de la publication.