«L’obsession raciale gagne jusqu’à l’opéra» par Mathieu Bock-Côté
À LIRE AUSSI :Précarisation, harcèlement, violences... La révolte des jeunes chanteurs d’opéra
Alexander Neef, le nouveau directeur de l’Opéra, avance sous l’étendard de la «diversité». Il entend «décoloniser» l’institution et les œuvres qu’elle met en scène. Il faudra changer la manière de les représenter, en leur faisant passer un test idéologique. Après le réalisme socialiste du siècle dernier, vient aujourd’hui le temps du réalisme diversitaire. C’est le retour de l’art officiel. Le délire idéologique peut même aller loin: rappelons-nous Carmen, par Leo Muscato, à Florence, qui avait réécrit la fin de l’opéra pour protester contre la violence faite aux femmes. Certes, la direction de l’Opéra de Paris a démenti que des créations de Noureev ne seraient plus représentées, comme l’affirmait M, le Magazine du Monde. Mais l’essentiel se confirme pourtant: une purge de fait dans la mise en scène et le répertoire, il y aura, et elle s’opérera contre une conception accusée d’être exagérément européo-centrée de l’opéra. Aurait-on en tête de reprocher à l’Afrique d’être africano-centrée? C’est pourtant un tel reproche qu’on fait à l’Europe en lui promettant la rédemption diversitaire si elle consent à sa désincarnation angélique et s’arrache à sa propre esthétique, à jamais corrompue par ses crimes passés, qu’ils soient réels ou imaginaires.