Réguler le capitalisme, oui, mais sans naïveté par Nicolas Bouzou
Repenser la souveraineté économique
Le capitalisme mondialisé a été rendu responsable, au début de la crise, d'avoir accentué la dépendance des pays développés, avec l'importation de masques, de respirateurs, de blouses, de médicaments. Cette idée signa le retour en grâce du montebouro-chevènementisme. On sait désormais que cette idée sonnait bien mais n'était guère rigoureuse. Premièrement, des experts comme le spécialiste du commerce international Emmanuel Combe ont rappelé que la souveraineté économique passait davantage par le stockage des produits nécessaires que par leur production. Deuxièmement, une étude du Trésor vient de montrer que ce phénomène de dépendance était fortement surestimé. Sur un échantillon de 5 000 biens importés, seuls 12 produits (dont les lampes LED) présentent un risque de pénurie. Troisièmement, la plupart des grandes entreprises ont commencé à diversifier davantage leurs sources d'approvisionnement. Cela se produit sous la pression des actionnaires, preuve que le capitalisme financier n'est pas si court-termiste qu'on l'imagine, quand il évalue correctement ses propres intérêts.