«Sapere aude»*
*« Ose Penser »
Emmanuel Kant
Faut-il tout dire, tout montrer ou faut-il revenir sur le
droit à la parole transmis par la Révolution française ? Peut-on rire de
tout ? Peut-on se résoudre au silence ? La liberté d’expression peut-elle
être défendue dans tous les cas ?
Pour Aristote, dans La
Politique, « l’homme est un animal politique bien plus que les
abeilles et tous les autres animaux qui vivent en troupe, c’est évidemment, […]
que la nature ne fait rien en vain. Or, elle accorde la parole à l’homme
exclusivement. […] La parole est faite pour exprimer le bien et le mal et, par
suite aussi, le juste et l’injuste […] qui en s’associant constituent
précisément la famille et la cité ».
« Chacun [doit pouvoir] penser, juger et par conséquent
parler avec une liberté entière » nous apprend Baruch Spinoza dans son
Traité théologico-politique. Voltaire déclare dans une correspondance à la Marquise
du Deffant qu’il « aime les gens qui disent ce qu’ils pensent. C’est ne
vivre qu’à demi que de n’oser penser qu’à demi. »
« On me dit que
pourvu que je ne parle en mes écrits ni de l’autorité, ni du culte, ni de la
politique, ni de la morale […], je puis tout imprimer librement… » ironise
le Figaro de Beaumarchais. Cependant, « l’usage public de notre raison
doit toujours être libre… » précise Kant.
La liberté des uns s’arrête là où commence la liberté des
autres. Où fixer la limite pour que le contrôle ne deviennent pas
censure ? L’opinion publique nuit-elle à la liberté d’expression comme le
pensait Tocqueville ?
La Grèce inventera la démocratie et ira jusqu’à enseigner l’art
du langage. Mais la liberté d’expression n’existe que pour les citoyens
desquels femmes et esclaves sont exclus. L’Empire romain, dès Auguste, fera la
part belle à la censure sous couvert de la protection des intérêts supérieurs
de l’Etat. Livres brûlés en public, auteurs bannis ou poussés au suicide, la
liste des martyrs est longue. Le triomphe des monothéismes qui affirme le
caractère unique de Dieu, universel, omniprésent et omniscient et imposeront
par la violence un dogme peu compatible avec la liberté d’expression.
Le développement de l’imprimerie va favoriser la liberté d’expression
en rendant en peu de jours un texte disponible pour des milliers de lecteurs.
Les censeurs réagiront en créant un « droit d’imprimer ».
Deux conceptions de la liberté d’expression se font échos
dans nos démocraties occidentales. Aux Etats-Unis, le premier amendement défend
le droit de tout dire. « L’unité d’opinion n’est pas désirable »
déclare John Stuart Mill au XIXème siècle. En France, l’article II de la
déclaration des droits de l’homme et du citoyen insiste pour que la liberté
d’expression soit maîtrisée et adaptée au contexte. Dans un cas comme dans l’autre,
le « politiquement correct » veille. Un mot de trop et la polémique
s’emballe. L’autocensure vient en plus étouffer cette liberté de parole.
Ce blog manifeste clairement son orientation politique et
refuse le « politiquement correct » en apportant ses idées et ses
orientations qui n’engagent que leur auteur. Néanmoins, nous ne diffuserons pas
les textes racistes, antisémites, homophobes, diffamatoires, négationnistes ou
qui font l’apologie du crime.