La bibliothèque idéale d'un Conservateur
Le dictionnaire du conservatisme
Frédéric Rouvillois, Olivier Dard et Christophe Boutin publient une somme foisonnante sur les références et les ressorts intellectuels de la droite.
D'Abstraction à Zouaves pontificaux, ce Dictionnaire du conservatisme évoque des hommes (De Gaulle ou Proudhon) comme des valeurs (Équilibre ou Honneur), des moments historiques (monarchie de Juillet ou Révolution) comme des institutions (Institut ou Sénat), des perspectives futures (développement durable ou transhumanisme) comme des mythes (Antigone ou Père). Juristes, historiens ou littéraires, ses auteurs dégagent ainsi une image du conservatisme : divers mais cohérent, à la fois éternel et actuel, pensée qui structure face au monde de l'éphémère et du relatif, opposant d'indispensables certitudes à la désagrégation moderne.
Le mot est apparu en France en 1818, à l'occasion de la fondation du journal de Chateaubriand: Le Conservateur. Il renvoie trop souvent à sa caricature: réduit à un ramassis de préjugés bourgeois contre les audaces réformatrices des tenants du Progrès (p majuscule) et de la Justice, le conservatisme tiendrait du réflexe égoïste de nantis soucieux de maintenir leurs privilèges et d'interdire l'accès des humbles à l'émancipation et au bonheur de vivre. Il ne mérite pas ce mépris. Il recouvre en effet le courant intellectuel né en réaction aux bouleversements apportés, depuis le XVIIe siècle, par les révolutions européennes, le légitime souci de défendre, face aux délires des utopistes, le fruit du travail des siècles, de sauver la transmission, l'héritage, la tradition, la lignée de la volonté de faire table rase et de laisser l'individu ainsi libéré sans recours face à l'Etat possiblement totalitaire.
Conservatisme
Si le conservatisme est une manière particulière d'être, un « tempérament » - qui revendique sa part dans toutes les activités humaines, les arts, la musique, la littérature, la science, la religion et, bien sûr, la politique -, la philosophie politique à laquelle il a donné son nom est issue quant à elle de trois grandes révolutions : la Glorieuse révolution anglaise de 1688, la Révolution américaine achevée en 1783 et la Révolution française de 1789. C'est l'histoire de ce courant de pensée mal aimé et mal connu que le philosophe Roger Scruton, l'un de ses plus éminents représentants, retrace ici avec brio.
L'image d'Épinal du conservateur nostalgique, réactionnaire, dont la pensée, comme toujours en deuil, ne semble tournée que vers le passé se trouve fortement remise en question par Roger Scruton, qui révèle l'étendue et la richesse insoupçonnée de cette tradition intellectuelle.
Conservateurs, soyez fiers !
Les conservateurs redeviennent à la mode. Le triomphe de François Fillon à la primaire de la droite, sa candidature à l'Elysée marquent une évolution profonde des esprits. Fillon évite de prononcer le mot de " conservateur ", mais c'est cette pensée qui inspire son projet politique. Des idées que les prescripteurs d'opinion jugeaient ringardes et dépassées connaissent un retour en grâce. Le conservatisme est dans l'air.
Valoriser la stabilité et l'ordre ; préserver la famille et transmettre l'héritage qu'on a reçu en dépôt ; restaurer l'enseignement traditionnel de l'histoire et de la littérature à l'école ; défendre les travailleurs indépendants et les petits patrons ; ne pas idolâtrer le changement permanent et les nouvelles technologies ; telles sont les valeurs des conservateurs.
En France, se revendiquer comme conservateur a longtemps été un tabou. Pendant des années, on a tourné les conservateurs en ridicule, on les a caricaturés, voire diffamés – " ils étaient contre le capitaine Dreyfus ", " ils ont voulu la colonisation ", " ils étaient pour la collaboration pendant la guerre. " Mais aujourd'hui, le pays, angoissé, est enfin prêt à les entendre.
Être conservateur peut et doit cesser d'être un reproche, une moquerie, une insulte : faisons-en un étendard qu'on arbore, un titre de gloire, un motif de fierté : conservateurs, ne vivez plus sur la défensive, redressez-vous, levez la tête ! Ce livre va vous expliquer pourquoi vous pouvez et vous devez être fiers !
Lire l'article sur le livre de Guillaume Perrault, ICI
Qu'est-ce que le conservatisme ?: Histoire intellectuelle d'une idée politique
Le conservatisme n'a pas la vie facile. Il est confondu avec tout ce qu'il n’est pas : immobilisme, réaction, traditionalisme, voire contre-révolution. Sans compter l’influence trompeuse qu’a pu exercer le néo-conservatisme américain. Alors, en quoi consiste le conservatisme et garde-t-il une actualité ?
Pour y répondre, l’auteur esquisse une histoire intellectuelle de la pensée conservatrice, de Cicéron à nos jours. Il souligne les lignes de force (autorité, liberté, bien commun, confiance) qui structurent la pensée conservatrice et lui donnent son authenticité et sa permanence. Politiquement, et cela ressort des travaux des penseurs conservateurs modernes (Strauss, Oakeshott, Kolnai, MacIntyre) le conservatisme est la doctrine politique de l’autorité et l’idéologie du courant anti-idéologique.
Il est, d’une certaine façon, le complément naturel du libéralisme.
Mais le conservatisme ne se résume pas à une doctrine. Il suffit de lire Jane Austen, Chateaubriand, Balzac ou Evelyn Waugh pour comprendre que le conservatisme est aussi un style de pensée, une façon d’appréhender la vie dans toutes ces dimensions : littérature, religion et vie morale, histoire, économie, vie en société.
"Jean-Philippe Vincent: penser le conservatisme" : lire l'article ICI