Pour reconstruire la droite républicaine, il faut une « révolution culturelle »
Les militants L.R. vont être appelé à désigner leur
« chef ». Les quatre candidats en lice doivent façonner le programme
politique pour 2022 : Maël de Calan (Alain Juppé), Daniel Fasquelle
(Nicolas Sarkozy), Florence Portelli (François Fillon) et Laurent Wauquiez
(lui-même).
C’est exactement ce qu’il ne faut pas faire.
L’après-élection est prévisible : concilier quatre tendances diamétralement
opposées. Cette conciliation se fera sur le dos des idées et videra le
programme du vainqueur de sa substantielle moelle. Tous les perdants seront au
bureau directeur, peut-être même vice-présidents.
Bref, on assiste à la suite d’un navet : « Les
Primaires 2 : la revanche de Narcisse ». Ces primaires qui ont révélé
surtout que l’union de la droite n’existait plus, que les divergences étaient
devenues trop importantes.
Le rôle des politiques est d’être à l’écoute des Français
et de leur apporter des réponses. Ils doivent tenir un discours de vérité. Les
Français n’attendent pas de miracles. Seules comptent les idées et une fois
qu’elles sont connues intervient le choix des personnes chargées de les mettre
en œuvre.
Contre les gesticulations artificielles, les égos
surdéveloppés, le narcissisme mégalomaniaque de nos dirigeants, la personnalisation
à outrance du pouvoir, les polémiques imbéciles et la crétinisation des
esprits, la droite républicaine doit repenser le sens de la vie politique, réinventer
la démocratie et le débat d’idées. Elle doit apporter des réponses aux attentes
des Français qui n’ont plus confiance dans les politiques pour s’occuper des
sujets qui les préoccupent, la sécurité, le chômage, la dette de l’Etat, le
chaos dans certaines cités, la crise de l’école, la maîtrise des frontières,
une Europe trop éloignée des citoyens.
Il ne s’agit pas de préparer la victoire en 2022, mais bien
de participer, dès maintenant, au sauvetage de la France. La droite
républicaine doit faire valoir ses solutions, mais certainement pas brailler
avec la meute des extrêmes (France Insoumise ou Front Nationale) ou se
confondre avec la République En Marche (Républicains auto-proclamés « Constructifs »).
Elle doit prendre des risques.
La droite républicaine doit pouvoir débattre librement de l’Europe, des
frontières, de la démographie, des banlieues, de la politique industrielle et
énergétique, de l’avenir de l’école, de la sécurité des biens et des personnes,
de l’unité nationale sans être soupçonnée d’extrême-droitisation (accusation
portée contre Laurent Wauquiez, même par les membres de sa famille !). La
maîtrise de l’immigration est-elle un concept d’extrême droite ? En quoi,
s’assurer que les flux migratoires soient conformes aux capacités d’accueil du
pays serait une politique d’extrême droite ? Dire que la France a un
problème avec la religion musulmane ce n’est pas de l’islamophobie c’est du
réalisme. Par contre ne pas le dire c’est de la lâcheté. Nier le problème ne
fait qu’aggraver la situation.
La France a besoin de réformes en profondeurs (en cela, la droite doit
être progressiste), mais aussi être fiers de ses valeurs éducatives et
culturelles (en cela, la droite se doit d’être conservatrice) et défendre ses
origines (en cela, la droite peut être réactionnaire). La droite républicaine doit être certaine de ses
convictions.
L’extrême-droite de Marine Le Pen a plus à voir avec l’extrême-gauche de
Jean-Luc Mélenchon qu’avec la droite défendue par Laurent Wauquiez. Toutes les
deux se fondent sur le culte du chef, la haine comme mode de fonctionnement
(les étrangers et les musulmans pour les uns, les riches et les chrétiens pour
les autres), la démagogie, la calomnie, le mensonge systématique, les
manipulations, la trahison, la violence (devenue systématique à
l’extrême-gauche) etc. Il ne faut plus se laisser intimider par cette accusation
dont le seul but est de faire « rentrer dans le rang ». Laurent
Wauquiez a toujours affirmé qu’il n’acceptait aucune porosité avec les partis
extrêmes.
La droite républicaine doit retrouver les valeurs communes à tous les
démocrates : le respect
de la dignité d’autrui, des femmes, des hommes et des enfants ; le refus
de tout mensonge ; le service de l’Etat et l’intérêt général ; la
liberté d’expression de toutes les opinions et croyances ; le rejet de
toute forme de culte du chef ; le courage et la vision de long terme...
Laurent Wauquiez a clairement affirmé que Nicolas Sarkozy était sa
référence. Mais 2017 n’est pas 2007. Les temps et les attentes ont changé. Le
« sarkozisme » a encore sa place mais le logiciel doit être remis à
jour.
Dans notre monde moderne, l’homme providentiel n’existe pas. Seul une
équipe d’une quinzaine de personnes, unis non autour d’un leader mais de la
notion d’intérêt général, peut entrainer toute une Nation.
Ce groupe de personnes doit recentrer les missions de l’Etat : assurer
la sécurité des biens et de personnes, le contrôle des frontières, la maîtrise
de l’immigration, la liberté d’entreprendre, l’indivisibilité du territoire, la
lutte contre le terrorisme, la qualité de l’éducation nationale, la méritocratie.
A ce groupe d’hommes d’Etat doit répondre une Assemblée nationale
puissante et représentative, devant laquelle ils sont individuellement politiquement
et pénalement responsables. Car le parlementarisme n’est pas synonyme d’instabilité
et de faiblesse. D’ailleurs, la constitution de la Vème République ne cherchait
pas à rompre avec la démocratie parlementaire mais à établir un équilibre entre
les pouvoirs législatif et exécutif. La pratique et le quinquennat ont engendré
un mépris de l’Assemblée nationale dangereux pour la démocratie et l’efficacité
gouvernementale.
C’est ce chantier qui attend la prochaine équipe dirigeante du parti Les
Républicains. La tâche est immense mais indispensable.
[© Laurent SAILLY, « Méchant Réac ! ® le blog »]