Faut-il un roi pour les Français ?


Le 1er juillet 987,Hugues Capet était élu roi. Le surlendemain, il était sacré à Noyon. C’était la deuxième fois que sa « famille » s’emparait de la couronne royale. La première fois, en 888, Eudes, issu de la branche des Robertiens (du nom de son père Robert le Fort) et grand-oncle d’Hugues Capet, est élu roi des Francs par une partie des grands, au sein desquels ses proches tiennent une place éminente. Une troisième fois, la famille capétienne retrouvera son trône perdu, en 1814-1815, avec Louis XVIII après l’épisode révolutionnaire (1792-1799) et l’épopée napoléonienne (1799-1815). Après la défaite de Sedan et l’effondrement du second Empire, la famille royale faillit remonter une quatrième fois sur le trône. Il faudra l’intransigeance du prétendant au titre, Henri de Chambord (Henri V), pour que la tentative échoue. Enfin, une dernière tentative, au lendemain de la seconde guerre mondiale, n’aboutira pas malgré les efforts du parti orléaniste et le soutien du Général De Gaulle.

Selon un sondage de l'institut BVA, effectué fin août 2016, « 29% des Français pourraient voter pour un candidat royaliste au premier tour de l’élection présidentielle, soit une progression de 9 points depuis 2007 » et « 5% le feraient certainement ». Ce qui est plus spectaculaire encore ce sont les 39% de Français qui pensent que le retour d’un roi, Chef d’Etat, auraient des conséquences plutôt positives pour l’unité nationale (+16 pts par rapport à 2007) et les 37% qui pensent que cela favoriserait la stabilité du gouvernement (+14 pts). En ce qui concerne l’image de la France dans le monde, elle serait améliorée pour 31% des sondés (+7 pts), tandis que la place de la France dans l’Union Européenne le serait pour 24% (+4 pts) et les libertés individuelles seraient renforcées pour 22% d’entre eux (+5 pts). Pour les sympathisants de droite, la monarchie aurait des conséquences plutôt positives pour la stabilité du gouvernement (51%) et pour l’unité nationale (50%). Ces scores montent chez les sympathisants du Front National, à 53% pour une meilleure stabilité du gouvernement et 55% quant aux bénéfices pour l’unité nationale. Mais il se trouve également 20% d’électeurs de gauche plutôt favorable au retour d’un roi.

« Ces chiffres sont très impressionnants et ils le sont davantage encore si nous les comparons aux chiffres d'un sondage analogue paru en 2007. La proximité avec certaines idées monarchistes semble avoir progressé de moitié. Il faut se souvenir de Descartes expliquant que « le bon sens est la chose du monde la mieux partagée ». En l'occurrence, l'opinion des Français sur le rapport entre monarchie, unité nationale et stabilité gouvernementale (…) » semble, selon Frédéric Rouvillois, écrivain et professeur agrégé de Droit public à l'Université Paris-Descartes, spécialiste du droit de l'État et d'histoire politique, « être une manière de répondre à la situation difficile qu'ils perçoivent à juste titre: l'unité du pays n'est plus une évidence et le tissu social et culturel est gravement abîmé par rapport à ce qu'il était jadis et même naguère. (…) La monarchie apparaît de ce point de vue là comme le régime qui a constitué la France au cours des siècles et qui demeure une institution qui se rattache à une réalité naturelle, celle de la famille, de la paternité et de l'incarnation. Même deux siècles après la Révolution, la monarchie conserve une signification réelle pour les Français. »

Les rois et les reines exercent un pouvoir de fascination, ils font rêver : les enfants ne se déguisent pas en président et première dame, mais en princes et en princesses ! La dimension familiale de la monarchie permet aux sujets de s'identifier profondément à leurs dirigeants, dont ils se perçoivent comme des parents éloignés. On appelait ainsi la famille royale la « famille de France ». On peut le constater lors des visites de la reine d’Angleterre qui connait chaque fois un grand succès, ou lors des naissances des « royal babies » qui ont suscité des réactions de familiarité et d'affection en France. Le couronnement du nouveau roi d'Espagne Felipe a fasciné bon nombre de nos concitoyens. Le régime monarchique est composé de deux principes contraires : un éloignement fantastique, qui inscrit le monarque dans une continuité historique, et une familiarité qui permet l'incarnation du pouvoir dans une famille.


Dans son essai Être ou ne pas être républicain, le professeur de droit montrait « que tous les hommes politiques se servent absolument sans arrêt [du] mot (…) « République », sans se demander ce qu'il signifie vraiment. La raison est simple… Dès que l'on creuse vraiment la signification de ce qu'est la République, on s'aperçoit qu'elle n'a pas de sens véritable. S'il s'agit seulement de la « chose publique », le terme peut tout signifier. Est-ce davantage l'absence de monarchie ? Est-ce simplement l'expression de la souveraineté ? Autant la figure du monarque, incarnée, peut vouloir dire quelque chose et paraître équilibrante, rassurante, autant la simple étiquette de « républicain », dont tout le monde se targue de l'extrême-gauche à l'extrême-droite, ne suffit plus à rassurer l'intégralité des Français. 

Dans sa tâche quotidienne d'exercice du pouvoir, le président de la République semble de plus en plus démuni. La figure du monarque républicain a été conçu par le Général De Gaulle comme une sorte d'ersatz de monarchie ; monarchie qu'il aurait d'ailleurs souhaité à titre personnel. Le rapport entre incarnation et exercice du pouvoir était clairement établi au départ, mais il a été brisé avec le quinquennat. Le chef de l'État devient beaucoup plus interventionniste, monte sur le pont, en particulier sous Nicolas Sarkozy et la tendance continue avec Emmanuel Macron. Ceci abîme fondamentalement l'esprit de notre monarchie républicaine au point que, de nos jours, tout le monde souhaite revenir sur cette erreur magistrale du quinquennat, soit par un retour pur et simple au septennat, soit en le remplaçant par un septennat non renouvelable, ce qui est peut-être la solution la plus pertinente. 

« Notre monde, continue François Rouvillois, se trouve confronté à des défis absolus qui engagent son existence même. Les démocraties parlementaires, qu'elles soient républicaines ou monarchiques, ne permettent pas de les résoudre. Il n'est pas impossible que l'on se retrouve assez vite dans une situation politique telle que ce problème deviendra crucial et manifeste. Le sondage de BVA atteste d'un courant en profondeur qui va dans cette direction : le bon sens des Français leur permet de percevoir ces signes d'une crise politique profonde. Les Français n'en peuvent plus de changer d'orientation politique tous les cinq ans. Pouvoir changer, c'est bien gentil, mais si l'alternance nous conduit à faire deux pas en avant, deux pas en arrière, alors on n'avance pas. »

En 2015, dans un entretien accordé à Le 1 Hebdo, l'actuel président de la République, Emmanuel Macron, avait déclaré : « Je pense fondamentalement que le peuple français n'a pas voulu la mort du roi (…) On a essayé ensuite de réinvestir ce vide, d'y placer d'autres figures : ce sont les moments napoléonien et gaulliste, notamment. Le reste du temps, la démocratie française ne remplit pas l'espace ».

Le professeur Rouvillois fait remarquer que le « Roi n'est ni à droite, ni à gauche. Il est celui de tous parce qu'il n'a été élu par personne et qu'il ne dépend de personne non plus. Il est là pour faire en sorte que les choses aillent le mieux possible et que le bien commun soit réalisé dans la mesure du possible. N'étant ni de droite, ni de gauche, il est en quelque sorte au-dessus de la mêlée. C'est précisément la posture qu'Emmanuel Macron semble vouloir adopter. » En Marche a vu l’adhésion rapide de diverses personnalités connues, y compris dans les médias, pour leurs sympathies royalistes.

Alors, un roi pour la France ou pour les Français ? Si oui, qui ?

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