Plaidoyer pour un Gouvernement de combat
Par Laurent Sailly
Les rentrées du président
de la République et de son gouvernement s’avèrent compliquées.
La gestion hasardeuse de l’administration
pénitentiaire par le Garde des Sceaux, les relations difficiles du ministre du Travail
avec les organisations syndicales ou celles du ministre de l’Agriculture avec
les fédérations paysannes, les incompétences manifestes du ministre des Transports
ou du ministre de la Culture, l’inexistence des ministres des Sports ou des
Armées, le mépris du ministre de la Cohésion des territoires, plus récemment la
lamentable gestion de l’affaire Benalla par le ministre de l’Intérieur et la démission
du ministre de l’Environnement, marquent l’incontestable échec du gouvernement
un an après sa nomination. Le couple ministériel de Bercy va finir par être
emporté par l’accumulation des couacs dans la mise en œuvre du prélèvement à la
source, par une croissance qui n’est pas au rendez-vous, un chômage qui ne
diminue pas et une générale des prix qui entraîne une « mauvaise inflation ».
Enfin le Premier ministre s’est coupé des collectivités locales avec le projet de
suppression de la taxe d’habitation et le renforcement de la centralisation des
pouvoirs dont la limitation de la vitesse sur certaines routes à 80 km/h, tout
en, entraînant inutilement le mécontentement des automobilistes.
En voulant mettre à la tête
de certains ministères des « experts » venus du monde civil et en
ayant une interprétation personnelle de la Constitution de 1958, le président
Macron a oublié que le gouvernement était avant tout un organe éminemment politique.
En intervenant à tout va et en se comportant comme le chef de la majorité, Emmanuel
Macron s’expose trop directement, fragilisant le poste du chef de l’Etat.
Le président doit revenir
à une lecture plus traditionnelle de la Constitution de la Vème République. A
défaut il ne pourra pas mener à terme les réformes qu’exigent notre pays.
Le gouvernement doit
redevenir une institution politique. La place des experts se trouve au sein des
multiples agences ou directions nationales. Le ministre porte la politique du
chef de l’Etat dans son domaine de prédilection.
Les citoyennes et citoyens
français ont besoin d’un message fort et clair avec la désignation d’un gouvernement
de combat. Pour être un gouvernement de combat celui-ci doit respecter
plusieurs règles. Le nombre des ministres doit être restreint. Les ministres
doivent exercer leurs fonctions en pleine responsabilité. Les ministères
doivent se concentrer sur les pouvoirs régaliens traditionnels. Les ministres
doivent parler d'une seule voix.
Pour parler d'une seule voix et éviter les
"couacs", il faut interdire aux ministres de s'exprimer dans les
médias. Le porte-parole du gouvernement doit être le seul à
pouvoir communiquer sur l'action gouvernementale. Dès lors, le premier
ministre, responsable de l'action du gouvernement, doit s'acquitter de cette
fonction.
Les ministres doivent être pleinement responsables. Cette
condition a pour effet de mettre fin aux secrétariats d'Etat et autres
ministères délégués. Chaque ministre est responsable de l'action de l'ensemble
de son ministère.
Les compétences de certains ministères doivent être réunis au
sein d'un seul. Cela a pour effet de réduire le nombre de ministères et
d'homogénéiser la politique commune de plusieurs ministères. Il
existe suffisamment d'agences nationales de toutes sortes pour gérer les
directions n'ayant plus de ministres de tutelle.
Les nouvelles fonctions ministérielles s'intituleraient comme
suit :
- le Premier Ministre,
en plus de cette fonction, serait Porte-paroles du gouvernement et en charge du
Budget (gestion de la dettes), de la fonction publique (dont la charge
salariale représente une part importante du budget) et de la réforme de l'Etat
(condition nécessaire à une plus grande efficacité des services de l'Etat).
- 2ème dans l'ordre protocolaire, le "Ministère de la Sécurité intérieure,
des libertés publiques, des droits et des devoirs du Citoyen et de l'Etranger".
Ce ministère regroupe l'ensemble des directions du Ministère de l'Intérieur
et de la Justice. Il faut ajouter des directions ou délégations
appartenant au ministre du budget: les douanes, Tracfin et la répression des
fraudes. C'est le retour de l'autorité.
- 3ème ministère dans l'ordre protocolaire, le "Ministère des relations et de la sécurité
extérieure." Il réunit les compétences du ministère de la Défense et des Affaires étrangères (moins les
directions rattachées à l'Economie, voir infra).
- 4ème ministère, le "Ministère du développement économique et de la promotion de la France"
qui correspond au ministère de l’économie avec le tourisme et le commerce
extérieur. L'ensemble du ministère du travail rejoint ce ministère ainsi que
l'agriculture, la pêche, l'industrie, l'artisanat, le commerce, l'industrie,
les professions libérales.
- 5ème ministère, le "Ministère de l'Instruction publique et de la Jeunesse". En
supprimant le terme "éducation" on rappelle que l'éducation est du
ressort des parents. Le terme "nationale" disparaît également afin de
marquer la décentralisation dans les régions et d'entériner la place de
plus en plus importante de l'enseignement privé.
- 6ème ministère, le "Ministère de l'écologie, de l'égalité des territoires et du logement".
Les compétences de ce ministère s'étendent aux collectivités locales, à la
ville, à l'outre-mer…
Ainsi, le gouvernement est composé d'un premier ministre et
de cinq ministres. Chaque cabinet voit son nombre de conseillers réduit à neuf
membres (dont le ministre lui-même): 4 haut-fonctionnaires et 4 représentants
de la société civile.