Etre Français, aujourd'hui et demain...
Face à une ultra-droite
nationaliste qui veut réserver la civilisation française aux Français de sang
et de vieille souche, la gauche a traditionnellement défendu l’intégration et
l’offrande à l’étranger de cette civilisation.
La spécificité de la
France, contrairement à la tradition des pays anglo-saxon, a toujours été
d’être assimilatrice et jusqu’à ce jour personne ne peut s’en plaindre, cela
nous a évité bien des tensions… tant que nous n’avions pas baissé la garde. La
diversité peut être enrichissante tant que le pays d’accueil garde sa culture
historique, conceptrice de la Nation. « Une culture ne meurt que de sa propre faiblesse » disait
André Malraux.
L’assimilation
est le processus de transformation culturelle que subissent les groupes sociaux
minoritaires, au contact du groupe majoritaire. Le sens que prend globalement le terme
aujourd’hui est l’adoption progressive par les individus d’un groupe
minoritaire des traits culturels du groupe majoritaire qui les « accueille »
jusqu’à la progressive disparition de tous traits culturels initiaux.
Que
toutes les cultures puissent être intéressantes c’est incontestable. Mais la culture étant l’élément
fondateur d’une nation, d’une civilisation, il est dangereux de faire côtoyer
en apprentissage plusieurs cultures sur un même territoire. Le
multiculturalisme est un leurre car l’histoire est là pour nous le
rappeler qu’à chaque fois qu’un peuple accueilli était suffisant en
nombre, il imposait sa culture. Et si, en plus, le pays d’accueil ne protège
pas et ne valorise pas sa propre culture, c’est autant de signaux envoyés pour
que les derniers arrivants puissent penser qu’ils ont le droit d’exiger
l’application, dans tout l’espace public, de leurs coutumes, leurs mœurs, leurs
cultures, pour finalement provoquer la chute de la Nation.
C’est une richesse pour un pays que de recevoir dans ses
rangs des Français d'origine étrangère. L’Histoire de France regorge de
Français d'origine étrangère : les rois de France en premier dont, pour raisons
politiques, les mères sont étrangères ; mais aussi combien d'hommes d'état (du
président Sarkozy au premier ministre Valls), de sportifs (de Zidane à
Platini), de chanteurs (de Charles Aznavour à Claude François), d'acteurs et
d'actrices, d'humoristes, de peintres, de sculpteurs, de compositeurs, d'écrivains,
etc. Combien de nos amis, de nos relations professionnelles ou commerciales
sont Français d'origine étrangère. Combien dans nos familles avons-nous de
parents proches d'origine étrangère. "Trahis" par leur patronyme ou
leur faciès, on a tous posé au moins une fois la question : "de quelle
origine es-tu ?". Cette question est légitime tout comme la réponse, tant
l'origine constitue la base de l'histoire familiale d'un individu, histoire qui
participe à la construction de l'individu.
Pourtant,
l’antiracisme devenu fou nous précipite dans une situation où une
catégorie de Français n'aurait pas le droit de revendiquer ses origines : « les
Français de souche ». Car exprimer cette pensée dans un diner
en ville vous vaudra une mise au banc d'une partie des convives et un silence
gêné de l'autre. L’idée qu’on ne puisse plus nommer ceux qui sont Français
depuis très longtemps me paraît complètement délirante. Mes parents sont nés
l'un en Picardie l'autre en région parisienne. Mes grands-parents sont tous les
quatre nés en France, tout comme leurs parents et les parents de leurs
parents (je ne suis pas remonté au-delà de la moitié du XIXème siècle). Je me définis comme Français d'origine
française, c'est-à-dire Français comme ma fille (en partie
d'origine hispano-autrichienne par sa mère) mais avec une spécificité
qui est celle d'avoir une origine française. Que la gauche bienpensante me taxe
de raciste ne m'affecte pas. Je sais qui je suis. Ma famille et mes amis aussi.
Mais
nos islamo-gaucho-bobos veulent une nouvelle société où l’immigré aura les
mêmes droits que l’autochtone qui, lui, devra s’adapter aux particularismes,
sociaux et culturels, de tout nouvel arrivant. Sinon, attention, il y aura
discrimination, voire racisme ! Nos petits Français en devenir, d’origines
diverses, n’apprendront plus l’histoire de France mais une histoire réadaptée à
leurs tempos. Plus question d’héritage collectif, un simple socle commun à
minima, suffira. On aura alors des citoyens n’ayant aucun sens patriotique. L’hospitalité se définit (selon moi) par
le don de l’héritage et non par sa liquidation.
Car sans
la dictature égalitariste, le débat n'aurait jamais existé.
Parce qu'on n’est pas Français comme le camembert est normand. Et revendiquer
la France aux Français n'a pas plus de sens que de rendre la Bourgogne aux
escargots. On devient Français, en s’affranchissant des coutumes, des relents
familiaux, des communautarismes, des habitudes religieuses, des impératifs
gastronomiques.
Etre
Français, c’est un état d’esprit. Etre
français, ce n'est pas simplement être titulaire d'une carte d'identité
estampillée "République française". Etre français c'est partager une
histoire nationale et ambitionner un avenir commun pour un ensemble d’individus.
Etre Français c'est donc aimer la France, l'aimer exclusivement (au point de
remettre en cause le principe de double nationalité, car choisir c’est toujours
renoncer).
On doit se montrer
Français dans les actes de tous les jours. On « nait »
Français mais surtout « on est » Français en parlant sa langue, en connaissant l'histoire et la
culture, en comprenant que ce vieux pays, récemment laïque (un peu plus d'un
siècle sur un millénaire d'histoire nationale) est bâti sur des fondations
chrétiennes et gréco-romaines. On est Français, en pratiquant le french bashing,
par des excès de triomphalisme, par des débats plus ou moins utiles, par un
chauvinisme nombriliste, autant de caractéristiques du « Français de
souche », quel que soit le nombre de quartiers d'ancêtres français qu'il
peut afficher.
On est Français
quand on cherche à améliorer la France sans essayer de la changer. C'est d'ailleurs un message à faire
passer à tous eux qui veulent devenir Français : si vous voulez rester, il
faudra changer ou partir.
Mais il y a
sur notre territoire national des individus qui ne sont Français
qu'administrativement, pour le confort, pour la sécurité, pour les largesses
sociales. En fait ils ne se considèrent pas
comme Français. Certains mettent la nationalité de leurs pères en avant, d'autres
leur religion. La France est bonne fille. Il suffit de naître sur son sol pour
devenir Français. Et le nouveau-né "pousse" français alors même qu'il
n'en a pas les racines, les codes, la culture.
La République doit se fixer comme
objectif de faire aimer la France par ses propres enfants. Nous avons
laissé s'installer un vide identitaire depuis 40 ans qui pousse une partie de
la jeunesse à chercher ailleurs son identité nationale.
L’enseignement
de l’Histoire de France offrira les
fondations à la construction de l’identité nationale. La
connaissance du passé éclaire le présent et illumine l’avenir. Sans jugement et
sans préjugé, chacun découvrira comment c’est forgé le sentiment national et
combien la construction de la Nation n’a été un long fleuve tranquille pour
personne.
Quand on aime quelqu’un, on l’aime pour ce qu’il
est, avec son passé, avec ses blessures, avec ses croyances, avec ses origines.
Pour ça il faut les connaître, il faut les comprendre, les accepter, les
fantasmer et tant pis si tout n’est pas vrai (ou tant mieux).
Il faut
revenir à un enseignement traditionnel de l’Histoire de France. Les
« maîtres d’écoles » du second Empire et des débuts de la IIIème
République ont bâti des générations de petits Français sur une certitude
(erronée) que « nos ancêtres étaient les Gaulois ». Et pourtant.
Revenons aux images d’Epinal de notre enfance.
Apprenons aux
enfants que nos ancêtres étaient les Gaulois. Montrons leurs Vercingétorix
jetant dédaigneusement ses armes au pied de Jules César. Expliquons comment, la
paix revenue, la Nation s’est construite avec les Gallo-romains. Faisons leurs
découvrir le périple des peuples francs avant leur installation sur le territoire
qui prendra leur nom.
Rappelons le
baptême de Clovis, les invasions vikings qui deviendront les Normands, la généalogie de nos rois dont la mère
n’est généralement pas française, Roland
à Roncevaux, la guerre de Cent ans,
la poule au pot, Marignan, le traité
des Pyrénées.
Rappelons les
citations devenues historiques des grands personnages même s’ils ne
les ont pas prononcées (« Paris vaut bien une messe »,
« L’Etat c’est moi », « Messieurs les Anglais tirez les
premiers ! »…).
Décrivons le
territoire de la France (de la Neustrie à l’outre-mer, des traités d’union
à la colonisation).
Parlons de la
Révolution (des libertés acquises et des chouans), de Napoléon 1er (de la grandeur de la France et des
guerres meurtrières), de Napoléon III
(de l’industrialisation et de la modernisation de la France comme du désastre
de Sedan), de la 1ère guerre
mondiale (du soldat inconnu et des tirailleurs sénégalais comme des
exécutions sommaires), de la seconde
guerre mondiale (de Jean Moulin à la libération de Paris et des
collaborateurs à l’épuration), etc…
Racontons
l’Histoire de France comme un conte. Dans les contes de notre enfance il y a des
princesses et des ogres, des enfants et des loups.
Apprenons aux
enfants que nos ancêtres étaient les Gaulois. Tant pis si la Gaule est une
invention des Romains pour désigner le territoire qui s’étendait entre les
Pyrénées, les Alpes et le Rhin, où vivaient soixante communautés celtes aux
mœurs et chefs distincts. Tant pis si notre aïeul chevelu et moustachu,
bagarreur et patriote est une création de Napoléon III.
Expliquons à
nos enfants comment le peuple français a acquis son indépendance politique et
que le chemin fut long et reste fragiles « Du Contrat
Social » au préambule de la Constitution de 1946 en passant par la
Déclaration des droits de l’Homme de 1789 et le droit de vote des femmes ;
de la Monarchie absolue qui deviendra constitutionnelle, à une république
semi-présidentielle après avoir été collégiale, censitaire, parlementaire, en
passant par le régime consulaire et l’Empire.
Ainsi,
nous retrouverons grâce à la France, à son Histoire, à sa Culture, à sa Langue,
tous ce qui nous rassemblent.