Etienne de la Boétie
Écrivain français, ami de Montaigne, Étienne de La
Boétie s'intéressa très jeune aux classiques grecs et latins. Il rédigea à l'âge de 18
ans, le Discours de la servitude volontaire (rédigé en 1549, première
publication en 1576).
Catholique, avocat puis conseiller au Parlement de
Bordeaux, il intervient dans diverses négociations pour parvenir à la paix
civile dans les guerres de religion opposant catholiques et protestants en
prêchant la tolérance en pleine période d'Inquisition.
Le Discours de la servitude volontaire ou Contr'un
est un court texte qui étonne par son érudition et par sa profondeur, alors
qu'il est rédigé par un jeune homme d'à peine 18 ans. Montaigne chercha à en
connaître l'auteur, ce qui lui fit rencontrer La Boétie, faisant naître une
amitié qui dura jusqu'à la mort de ce dernier. Ce livre pose la question de la
légitimité de toute autorité sur une population et essaye d'analyser les
raisons de la soumission de celle-ci (rapport
« domination-servitude »). Il invite ainsi le lecteur à une vigilance
de tout instant, avec la liberté en ligne de mire. Il est à noter que les
nombreux exemples cités dans l'ouvrage relèvent tous de l'Antiquité et que ce
n'est en aucun cas une critique de la situation politique de son temps.
Lui-même est toujours resté, de par ses fonctions, serviteur fidèle de l'ordre
public.
La Boétie est cependant considéré par beaucoup comme
un précurseur intellectuel de l'anarchisme et du libertarianisme :
« Dans son Discours de la
servitude volontaire, Étienne de La Boétie fut au XVIème siècle le premier
théoricien politique des temps modernes à observer que tout État repose sur le
consentement de la majorité. Il constata que l'État tyrannique est toujours composé
d'une minorité de la population et que, par conséquent, le maintien de son
despotisme repose forcément sur la reconnaissance de sa légitimité par la
majorité exploitée, sur ce que l'on appellera plus tard l'« ingénierie du consentement » »
— Murray Rothbard
« Le problème actuel de la classe politique,
c'est qu'il ne s'agit plus de gouverner, mais d'entretenir l'hallucination du
pouvoir, ce qui exige des talents très particuliers. Produire le pouvoir comme
illusion, c'est comme de jongler avec des capitaux flottants, c'est comme de
danser devant un miroir. Et s'il n'y a plus de pouvoir, c'est que toute la
société est passée du côté de la servitude volontaire. Cette mystérieuse
figure, sur laquelle on s'est interrogé depuis le XVIe siècle, n'est plus un
mystère désormais, puisqu'elle est devenue la règle générale. Mais d'une façon
étrange : non plus comme volonté d'être serf, mais comme chacun devenu
serf de sa propre volonté. Sommé de vouloir, de pouvoir, de savoir, d'agir, de
réussir, chacun s'est plié à tout cela, et la visée du politique a parfaitement
réussi : chacun de nous est devenu un système asservi, auto-asservi, ayant
investi toute sa liberté dans la volonté folle de tirer le maximum de lui-même. »
— Jean Baudrillard, Cool Memories
Pourquoi la servitude est-elle volontaire selon Étienne de La Boétie ?
Discours de la servitude volontaire
Le renom d'Etienne de La Boétie, ami de Montaigne, s'attache à un écrit composé "à l'honneur de la liberté, contre les tyrans";. Comment expliquer qu'un peuple entier puisse ployer sous le joug d'un seul homme sans force ni prestige ? A cette question, l'auteur répond que la servitude est volontaire ; ce sont les peuples qui, en acceptant de se soumettre, contreviennent à ce qu'il y a de plus profond dans la nature humaine : la liberté. Pourtant, et c'est là tout le scandale dénoncé par l'auteur, rien de plus simple que s'affranchir du tyran. "Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres";, affirme-t-il. Interrogeant les ressorts secrets de la domination, La Boétie construit une oeuvre majeure pour l'histoire de la pensée politique.
Dossier :
1. Le désir de servitude, un paradoxe
2. Les causes de la volonté de soumission
3. Démystifier la tyrannie
4. La servitude volontaire : prolongements modernes et contemporains
Dossier :
1. Le désir de servitude, un paradoxe
2. Les causes de la volonté de soumission
3. Démystifier la tyrannie
4. La servitude volontaire : prolongements modernes et contemporains