Ce que je pense de... l'EDUCATION
Enjeu de pouvoir, le
savoir devient au fil des siècles, un gage de qualité. Les Lumières confirmeront
l’idée qu’un homme moderne ne peut gouverner par la raison que s’il est
instruit. Dans « L’Emile », Rousseau veut « créer » l’homme
en l’éduquant. L’éducation est abordée comme une échappatoire à l'état naturel
de l’homme, être imparfait et mauvais. L’éducation doit rendre l’homme bon et
participé, selon Kant, à la bonne entente entre les hommes.
La France républicaine (et
révolutionnaire) réclame l’éducation du plus grand nombre. De la Constitution
de 1793 selon laquelle « l’instruction est le bien de tous » aux lois
républicaines de Jules Ferry en 1882, le mot d’ordre est bien le même : éduquer
la masse ignorante, et souvent analphabète, dans le cadre d’un enseignement
laïque, gratuit, et obligatoire. Avec la IIIème République, l’école est placée
au cœur des institutions. Devenu « devoir d’Etat », l’enseignement se banalise
et les années 1970 connaissent une explosion du nombre d’étudiants. Depuis des
années, celle-ci essuie de multiples critiques (égalité des chances, laïcité,
violence). Il faut aujourd’hui constater l’échec de l’école de la République.
L’école doit garantir une
bonne instruction (l’éducation étant du ressort des parents). Cette « instruction
publique » doit se donner deux missions : préparer le citoyen à la
vie publique et l’individu à entrer dans le monde du travail.
Aujourd’hui, l’égalitarisme
forcené et imbécile, a poussé plus de 80% d’une classe d’âge à obtenir le bac,
majoritairement sans qualification professionnelle et sans se soucier de la
demande des entreprises (un seul exemple, le BTS Banque faisait l’année dernière
le plein alors que les banques ne recrutent plus à ce niveau depuis plusieurs
années). En même temps, on assiste au déclin de la crédibilité des enseignants,
autrefois très respectés. Certes l’école n’est pas ce lieu de « dressage »
(Michel Foucaud), mais il faut constater que cette « crise de l’autorité »
au sens d’Hannah Arendt, est contemporaine de la substitution à l'enseignement
classique autoritaire, une éducation plus souple.
L'école met en contact
l'enfant et la société. Elle permet donc de civiliser l’enfant, de l’intégrer à
la société. L’école doit, au-delà de la transmission du savoir, mettre en
contact l’adolescent ou le jeune adulte avec le monde du travail. Mai 1968 a
cassé l’idée classique de l’éducation et inversé les codes. A une rigueur
peut-être excessive on a préféré à la discipline, l’échange et le partage, sous
le joug des organisations syndicales et des politiques socialisantes. Cette
nouvelle façon d'enseigner renoue avec les préceptes développés par Rousseau. Mais
ce système d’autonomie laissé à l’élève limite l’inculcation de valeurs, de
morale. L’école perd ainsi sa fonction de préceptrice du citoyen.
On assiste cependant à un
retour relatif aux valeurs d'autrefois pour faire face à la montée du laxisme
et surtout de la violence au sein de l’école. Les générations X et Y sont déjà
perdues, il faut accélérer le retour à la discipline, et restaurer les rapports
d’autorité entre le maitre et ses élèves, tout en conservant les valeurs
apportées au cours du siècle dernier. Il restera encore à ouvrir l’école sur le
monde du travail et de l’entreprise.
© Laurent Sailly, pour mechantreac.fr
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