John Locke

Le propre des auteurs classiques, c’est que tout le monde les connaît, que tout le monde les cite mais que… personne ne les lit.


Par nature l’homme est social

En dépit de certaines ressemblances formelles, comme la commune référence à l’état de nature et au contrat social, on imagine difficilement deux pensées aussi opposées que celles de Locke et de Hobbes. C’est qu’ils diffèrent fondamentalement sur leur conception de l’être humain.

Dans la tradition d’Aristote et Saint Thomas, Locke décrit un homme libre, rayonnant d’une dignité qu’il a en propre, et naturellement porté vers le respect des autres et la compréhension mutuelle.

Nulle convention sociale n’est à l’origine de ce comportement. C’est un état de nature. Aussi l’homme est-il pourvu de droits naturels, qu’aucun législateur n’a créés. Ces droits garantissent son individualité, sa personnalité, sa qualité « d’être unique et irremplaçable ».

La propriété de soi : le domaine vital

Le droit naturel veut que l’homme soit propriétaire. Mais, pour Locke, il ne s’agit pas, ou pas seulement, de la propriété mobilière ou immobilière. Il s’agit de tout ce que l’homme a en propre, qu’il s’agisse d’une terre, ou d’une idée, ou d’un talent, ou d’une relation : tout ce qui vient de lui-même ou a été valorisé par lui-même. En fait l’homme est propriétaire de son corps et de son esprit (il n’admet pas le « dualisme cartésien ») et, entre autres, les biens et richesses acquis par son travail lui sont nécessairement dévolus. Mais l’homme a aussi en propriété sa liberté, sa santé, sa sécurité, tout ce qui lui permet de vivre et constitue en quelque sorte son domaine vital.

Du droit naturel à l’état de droit

Propriétaires en leur domaine vital, les êtres humains sont tout aussi naturellement portés à l’échange. John Locke, bien avant Smith, souligne la complémentarité des talents et l’importance de la division des savoirs. La monnaie joue un rôle très utile dans les échanges car elle permet la conservation des droits dans le temps et dans l’espace.

La reconnaissance et la protection des droits de propriété font alors l’objet d’un véritable contrat social, destiné non pas à faire naître des droits nouveaux, puisqu’ils sont naturels, mais à les rendre plus opérationnels, en facilitant leur circulation. Un système de législation et de juridictions s’établit alors, c’est un système politique avec un pouvoir législatif et un pouvoir judiciaire. Ce pouvoir est au service des droits naturels, il n’en est pas l’origine. Voilà pourquoi ceux qui l’exercent doivent eux-mêmes respecter ces droits. Locke est un farouche adversaire de l’absolutisme tant à la mode à son époque, tant prôné par Bodin et Hobbes.

La société politique fonctionne sous le règne du droit (rule of law). Bastiat et Hayek reprendront ce thème en opposant droit et législation : le droit est antérieur à la législation, celle-ci ne fait qu’exprimer le droit en proposant des règles claires, générales, intemporelles, et la mission des juges est de même nature. Tout abus du pouvoir sous forme d’atteinte aux droits naturels justifierait « la résistance à l’oppression » et le dépôt des autorités publiques, de la même manière que la Glorieuse Révolution a déposé le roi d’Angleterre pour le remplacer par Guillaume d’Orange (dont Locke fut le conseiller).

Le proviso lockéen

N’y aurait-il pas quelque limite aux droits naturels? Locke aborde la question délicate de la limite de la propriété. Il s’intéresse principalement à la propriété des terres et des ressources naturelles, mais son analyse peut aussi déboucher sur une théorie générale de la propriété. A priori. Locke n’est pas trop pessimiste, car il s’émerveille des immenses espaces ouverts avec les découvertes du Nouveau Monde.

Il n’en demeure pas moins que parfois la propriété des uns peut empêcher les autres de jouir aussi de la propriété. Locke reprend le thème thomiste de la commune destination des biens : Dieu a donné la terre en héritage à tous les hommes. Quand le travail d’un homme lui permet de « dominer la terre » la propriété lui en est acquise. Mais être propriétaire au-delà de ses besoins et empêcher de ce fait l’exploitation des ressources naturelles par d’autres n’est pas légitime. De même que l’on est libre pourvu que (proviso) l’on respecte la liberté des autres, on est propriétaire pourvu que l’on ne prive pas les autres de propriété. Locke n’a pas poussé l’analyse jusqu’à introduire les marchés des droits de propriété et le rôle des prix, qui aboutissent à une meilleure affectation des droits de propriété. Il faudra pour ce faire attendre Adam Smith.


Comment, selon Locke, justifier le droit de propriété ?


Pourquoi, selon Locke, avons nous le droit de renverser un gouvernement qui nous oppresse ?







Traité du gouvernement civil

"Locke montre d'une part, que les relations d'homme à homme, qui ont précédé et accompagné les relations de citoyen à citoyen, ne sont ni n'ont jamais été exemptes de lois ; d'autre part, que le pacte primordial, sur lequel repose philosophiquement sinon historiquement toute société politique, ne crée point, mais ne fait que consacrer les droits individuels, antérieures à toute constitution civile.
Il explique que les hommes naissent et doivent rester foncièrement égaux et libres ; il attaque l'esclavage comme un état contre nature ; il enferme le pouvoir paternel dans les strictes limites imposées au père par le devoir qu'il a de faire de son fils un homme, et un homme libre ; il démontre l'erreur de ceux qui confondent avec le pouvoir paternel, qui dérive d'un devoir naturel, le pouvoir civil, qui dérive d'un contrat volontaire ; il oppose à la situation que leur minorité fait aux enfants vis-à-vis des parents, la situation que leur commune majorité fait aux gouvernés vis-à-vis des gouvernants ; il établit enfin que, puisque les citoyens doivent être traités par les dépositaires du pouvoir non comme des mineurs mais comme des égaux, l'absolutisme monarchique est essentiellement illégitime ".

(Jean Fabre, Les Pères de la Révolution).

Lettre sur la tolérance

Quels sont les rapports qui doivent exister entre l'État et l'Église, ou plutôt entre l'État et les Églises ? Pour répondre à cette question, la Lettre sur la tolérance emprunte la voie d'une double réflexion sur la nature de la croyance et du pouvoir. La croyance ne dépend pas de la volonté, tandis que le pouvoir, qui est essentiellement coercitif, ne peut influer sur la conduite des hommes que dans les actions où ces derniers ont la possibilité de modifier leur conduite par une décision volontaire ; or, puisque la croyance n'entre pas dans cette catégorie, elle ne fait pas partie des objets possibles de l'autorité politique. Au cœur du raisonnement qui conduit à l'idée de tolérance figure donc une thèse fort simple : nos pensées ne sont pas en notre pouvoir. Jointe à la conviction que, en matière religieuse, seule la sincérité sauve, elle constitue le fondement de la conception lockienne de la tolérance.








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