Dominique Reynié (Fondapol) : Quatre ans après le Bataclan, où en est la menace islamiste ?


Depuis l’invasion de l’Afghanistan par l’Armée rouge, en 1979, le monde est ébranlé par le terrorisme djihadiste. En quarante ans, les attentats islamistes se sont multipliés, atteignant jusqu’au coeur des pays occidentaux, New York, Madrid, Londres, Paris, mais aussi Moscou, etc. Installant des sentiments de peur et de méfiance, par la violence aveugle et sa répétition le terrorisme islamiste alimente ou renforce les demandes d’autoritarisme et de fermeture que l’on voit monter en puissance dans les démocraties.
Mais avons-nous mesuré la réalité de cette violence qui nous inquiète tant ? Certes, nous savons que c’est aux États-Unis, le 11 septembre 2001, qu’a eu lieu la série d’attaques la plus meurtrière de l’histoire du terrorisme. Nous savons peut-être aussi qu’en Europe la France est le pays le plus touché. Nous devinons que la violence islamiste frappe plus souvent, plus durement encore, hors du monde occidental. Mais on ne peut dire qu’ainsi nous savons évaluer la violence islamiste.
La Fondation pour l’innovation politique a voulu contribuer à cette évaluation. Depuis le printemps 2018, nous œuvrons à la tâche de quantifier le terrorisme islamiste, de repérer les formes qu’il a pu prendre au fil de ces décennies, de recenser les actes qu’il a pu inspirer ou initier, d’estimer le nombre de ses victimes, d’identifier les organisations les plus meurtrières et les pays les plus meurtris.
Pour ce faire, nous avons collecté une très grande quantité d’informations, au point de construire une volumineuse base de données. Elle est disponible en open data sur notre site data.fondapol.org.
Nous pensons que la masse d’information recueillie éclaire sous un jour nouveau le phénomène de la violence islamiste. Elle permet de mieux la décrire, de mieux la comprendre, d’en documenter la gravité. Ainsi, à titre d’illustration, nous pouvons établir qu’entre 1979 et 2019, au moins 33 769 attentats islamistes ont eu lieu dans le monde. Ils ont provoqué la mort d’au moins 167 096 personnes. Nous pouvons dire aussi que les attentats islamistes représentent 18,8 % de la totalité des attentats commis dans le monde, mais qu’ils sont responsables de 39,1 % des vies perdues à cause du terrorisme ; ou encore, qu’au cours des années étudiées, on note une intensification de cette violence et que la période la plus meurtrière est la plus récente : à partir de 2013, selon nous, l’islamisme est devenu la cause principale (63,4 %) des morts par terrorisme dans le monde. Nous identifions et quantifions les modes opératoires, les cibles. La vision du phénomène s’améliore, l’image devient plus claire. Nous montrons ainsi que la plus grande partie des victimes du terrorisme islamiste sont des musulmans (91,2 %).
L’information réunie est inédite. Nous espérons que son contenu et son utilisation contribueront à la connaissance et à la qualité du débat comme de la décision publique.

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FIGAROVOX.- Quels sont les principaux enseignements de l’analyse du recensement des attentats islamistes dans le monde au cours des quarante dernières années? Et pourquoi avoir choisi comme date de départ l’année 1979?
Dominique REYNIÉ.- Notre objectif était de quantifier un phénomène dont on sait l’importance, sans connaître toujours dans le détail son ampleur réelle. Nous voulions, par ce recensement, faire émerger des vérités factuelles.
Pour l’année 1979, nous l’avons choisie comme point de départ en nous référant à ce que dit la littérature académique sur le rôle de cette année dans les transformations internes au monde arabo-musulman. À compter de 1979, la cause islamiste s’internationalise. C’est en 1979 que l’Afghanistan est envahi par l’Armée rouge, ce qui est un événement important car la résistance qui s’organise face aux Soviétiques s’est rapidement «djihadisée», et l’on voit des musulmans de différents pays se rendre en Afghanistan pour défendre en réalité l’islam lui-même. L’importance du djihad dans le monde est l’une des conséquences de la guerre froide américano-russe. 1979, c’est bien évidemment aussi l’année de la révolution iranienne, qui lance une compétition effrénée entre l’Iran et l’Arabie saoudite. Cette lutte d’influence aura pour effet de précipiter l’islamisation des relations internationales et des conflits, qui prennent, dans cette région du monde, la forme d’affrontements terroristes qui là encore peuvent nous faire dire qu’il s’agit d’un processus de «djihadisation». Il y a aussi en 1979 la prise d’otages de la grande mosquée de La Mecque, par des fondamentalistes saoudiens, qui est un événement déclencheur. Et la signature des Accords de Camp David l’année précédente aboutit à un traité de paix israélo-égyptien en 1979, ce qui marque le commencement d’un processus en ciseaux: les organisations pro-palestiniennes, et notamment l’OLP, se retrouvent concurrencées par des associations islamisées, pro-iraniennes, comme le Hezbollah ou le Hamas, qui islamisent le conflit israélo-palestinien. Lire la suite de l'entretien
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