Eloge de l'inégalité - De Jean-Philippe Delsol


Il y a de la provocation bien sûr dans le titre de ce livre, comme Jean-Philippe Delsol, Érasme en avait usé dans son Éloge de la Folie. Il s agit de s'insurger contre cette doxa contemporaine qui voudrait que l'égalité soit la mesure de toute chose. Pire, seul prévaudrait désormais l'égalitarisme au point de ne plus vouloir considérer les personnes dans leur identité et leurs différences, mais dans leur conformité à un modèle commun, toutes semblables sans distinction de valeur. L'égalité est devenue l'obsession maladive de notre monde tandis que la jalousie ordinaire le taraude pour faire de l'inégalité son bouc émissaire préféré.

L'égalité est la même promesse confiée à chacun de pouvoir trouver sa voie librement. Et cette liberté permet ainsi à chacun de bâtir son identité singulière et inégale. Mieux vaut une certaine inégalité qui ré-enchante l'humanité plutôt que la grisaille morne et volontiers violente de l'égalité imposée. Le combat éternel des hommes est de trouver un juste milieu, comme le remarquait déjà Montesquieu en soulignant que « le principe de la démocratie se corrompt, non seulement lorsqu'on perd l'esprit d'égalité, mais encore quand on prend l'esprit d'égalité extrême ».


Ci-dessous, un extrait de l'introduction du livre de Jean-Philippe Delsol :
À la mère qui voulait avantager l’un de ses deux enfants, Nivelle de La Chaussée répond : « L’égalité, madame, est la loi de nature, Il faut n’en avoir qu’un quand on veut qu’il ait tout. » Voltaire reste exclusivement attaché à l’égalité en droit, mais il a de la peine à résister à la pensée désordonnée de légions d’utopistes en faveur d’une égalité sociale. La Révolution sera l’héritière de ce débat, partagée entre 1789 et 1793. L’égalité en droit inscrite dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen votée le 27 août 1789 a très largement contribué au considérable progrès de nos sociétés en libérant les énergies enchâssées dans des ordres et des corps intermédiaires figés et en permettant l’avènement de nouveaux talents. Mais, là où l’Assemblée constituante avait déclaré que « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits » (article 1er), quatre ans plus tard, dans la Constitution de l’An 1, les Montagnards érigent l’égalité en droit (article 2) et inaugurent les droits-créance de chacun sur tous : droit au travail, à l’instruction, aux secours publics… L’égalitarisme est né qui ne veut plus considérer les personnes dans leur identité, mais dans leur conformité, tous semblables sans distinction de valeur ni de droits.
L’histoire s’emballe alors dans une course à l’égalité qui sert de prétexte à tous les idéalismes autant qu’à toutes les ambitions et à toutes les fureurs. Accompagnant les soubresauts populaires qui parsèment le XIXe siècle européen, Robert Owen dévoue sa vie à améliorer le sort des ouvriers en favorisant plus que tout l’éducation des enfants pour leur assurer une égalité des chances, mais celle-ci accouche presque toujours de la revendication d’une égalité des conditions à laquelle Cabet déjà s’emploie en créant en 1849 sa communauté d’Icarie en Illinois. Au même moment Marx demande que chacun reçoive selon ses besoins. C’est la faute à Rousseau sans doute, qui invente une égalité originelle pervertie par la société et qu’il se propose de retrouver dans la soumission à un Contrat social tout aussi imaginaire et livré à des majorités tyranniques.
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Jean-Philippe Delsol : C’est le siècle des Lumières qui ... adopta l’idée que l’égalité est naturelle.


« La diversité même leur est odieuse : ils adoreraient l’égalité jusque dans la servitude. » Dans L’Ancien Régime et la Révolution, Tocqueville (1805-1859), le philosophe et homme politique qui nous a laissé une analyse de la démocratie, ses vertus et ses aléas, illustrée par l’exemple américain au XIXe siècle, cité par Jean-Philippe Delsol dans l’introduction de l’Eloge de l’inégalité, mettait déjà en garde contre les égalitaristes.

Piketty constitue le parangon de l’égalitariste au XXIe siècle, du moins sur le plan de la théorie. Les centaines de milliers d’exemplaires de son Capital au XXIe siècle vendus en France et à l’étranger, notamment 450.000 aux Etats-Unis, cet essai pseudo-scientifique dans lequel l’économiste étaie une critique en règle de l’économie libérale et de la liberté individuelle, indiquent à suffisance que le thème de l’égalité reste d’actualité.

Bien que ce ne soit nullement le projet de Jean-Philippe Delsol de se poser en tant qu’anti-Piketty – il ne le mentionne qu’incidemment dans son essai –, l’Eloge de l’inégalité est à l’antipode du Capital au XXIe siècle. Avocat fiscaliste et président de l’Institut de Recherches Economiques et Fiscales (IREF), un centre de réflexion européen, Delsol fait plus œuvre de sociologue et traite de l’inégalité (et de l’égalité) de la même manière englobante que l’avait fait Helmut Schoeck (1922-1993) pour L’Envie dans l’analyse qu’il en réalisa comme l’expression d’un phénomène psychique et social, à travers les âges et sous plusieurs angles.

Eloge de l'inégalité (Jean-Philippe Delsol) - PALINGENESIE
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