Revue Commentaire: La crise de la démocratie (I)
Les grandes démocraties libérales traversent une phase difficile, marquée notamment par la montée des « populismes », la perte de confiance dans les élites politiques, et par l’apparition de ce qu'on appelle significativement les « démocraties illibérales ». En France même, la référence à la démocratie est commune à ceux qui visent prioritairement la protection et l'extension des droits individuels et à ceux qui prétendent au contraire redonner le pouvoir au « peuple » contre les représentants et les juges.
Sur cette question très ample, nous vous proposerons cette semaine et la semaine prochaine, une série d’articles parus dans des numéros récents de Commentaire.
Résoudre l’énigme de la démocratie
Pierre-Henri Tavoillot
N° 168/Hiver 2019-2020
N° 168/Hiver 2019-2020
« Gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple ». La plus
célèbre définition de la démocratie – prononcée par A. Lincoln en 1863 – est en
fait une redoutable énigme. Elle pose en effet deux questions – « Comment
gouverner ? » ; « Qui est le peuple ? » –, qui, de prime abord au moins,
paraissent tout à fait insolubles. Comment concevoir un régime où les
gouvernants doivent suivre le peuple qu'ils sont censés diriger ? Quel visage
donner à cette entité abstraite ou mystique – le peuple – dont tout le monde se
réclame, mais que personne n'a jamais rencontrée ? [Lire la suite]
Pitié pour la démocratie représentative
Jean-Louis Bourlanges
N° 168/Hiver 2019-2020
N° 168/Hiver 2019-2020
Si Pierre-Henri Tavoillot a reçu cette année le prix du livre
politique décerné par un jury de députés à l'Assemblée nationale, c'est sans
nul doute parce qu'en pleine crise des Gilets jaunes, les parlementaires y ont
vu un havre, une planche de salut intellectuel et moral pour une idée
sérieusement mise à mal sur les ronds-points : la démocratie représentative. Ce
qui se présente comme un « traité nouveau d'art politique » était évidemment
fort bienvenu pour des élus en perdition qui se sentaient de moins en moins à
l'aise pour « gouverner ce peuple-roi » qui, après les avoir choisis pour le
servir, leur crachait au visage sans voir qu'il mettait en cause son propre
pouvoir. [Lire la suite]
Un exercice exigeant
Nicolas Bouzou
N° 168/Hiver 2019-2020
N° 168/Hiver 2019-2020
Le texte de Pierre-Henri Tavoillot nous rappelle à quel point
l'exercice de la démocratie libérale est exigeant : pour les élus mais aussi
pour les citoyens. En effet, comme le rappelle Pierre-Henri Tavoillot, la
démocratie suppose que les citoyens sont des adultes. Si l'on accepte justement
que le meilleur système politique est celui qui considère les individus comme
des adultes (des personnes autonomes), la démocratie libérale est indépassable.
Il existe toujours un débat pour déterminer ce que l'action politique doit
viser : le bonheur des individus ou leur liberté. Il me semble que viser le
bonheur, outre que cette notion est difficile à définir, est dangereux. [Lire la suite]
La démocratie libérale : une mécanique presque parfaite
Hervé Mariton
N° 168/Hiver 2019-2020
N° 168/Hiver 2019-2020
J'ai lu l'ouvrage de Pierre-Henri Tavoillot Comment
gouverner un peuple-roi ? Traité nouveau d'art politique à la
lumière de mon engagement public, de mon expérience passée et de mon action
présente. Je l'ai lu aussi avec l'exigence d'une réflexion permanente sur la
praxis politique, réflexion dont on ne sait jamais si elle affaiblit par le
doute ou renforce par la méthode. [Lire la suite]
Essayons d’être un peu plus forts
Pierre Manent
N° 168/Hiver 2019-2020
N° 168/Hiver 2019-2020
La nation doit-elle être protégée ? Question troublante : la
nation n'est-elle pas la forme politique qui, depuis des siècles, protège les
formes de vie que les Européens se sont données ? Mais question pertinente et
urgente : qu'adviendra-t-il de nous si notre protecteur a besoin d'être protégé
? [Lire la suite]
La démocratie dans l’Amérique de Trump. Leçons politiques d’une improbable comparaison
Harvey Mansfield
N° 168/Hiver 2019-2020
N° 168/Hiver 2019-2020
Une conférence à laquelle j'ai participé au château d'Alexis de
Tocqueville en Normandie m'a amené à confronter Tocqueville à Donald Trump.
Étant Américain, je ne voyais pas comment je pouvais venir en Europe sans
parler du dernier Président que l'Amérique s'est choisi. Ayant étudié, enseigné
et traduit le grand Français qui, de tous les penseurs du monde, est celui qui
a le mieux compris l'Amérique, je ne pouvais manquer, me trouvant dans sa
maison, de le saluer comme il convient et de lui demander conseil. [Lire gratuitement la suite]
Les démocraties et la méfiance
Gérald Bronner
N° 166/Été 2019
N° 166/Été 2019
Études après études, un peu partout dans les démocraties et en
particulier en France, ceux qui sondent les opinions publiques en sont venus à
la conclusion inquiétante que les citoyens n'ont plus confiance dans les
figures d'autorité, qu'elles relèvent de l'expertise scientifique ou des
médias. Ce phénomène est encore plus vrai pour les politiques qui inspirent
« dégoût » et « défiance ». Ce n'est pas tout à fait
étonnant car les démocraties, dès les premiers moments historiques qui les ont
fait advenir, ont ménagé un espace plus ou moins formel de contrôle du
politique, toujours suspect de pouvoir trahir le peuple. [Lire gratuitement la suite]
L'autodestruction du politique, 1968-2018
Giovanni Orsina
N° 166/Été 2019
N° 166/Été 2019
Il est désormais évident que la démocratie traverse une grave
période de crise. La très forte progression des partis que nous appelons «
populistes » – en l'absence d'adjectifs plus précis – est indéniablement liée à
cette crise. Elle n'en est cependant pas une cause, mais une conséquence ou
plutôt le symptôme le plus évident d'une maladie bien plus profonde. [Lire la suite]
Le bon populisme
Victor Davis Hanson
N° 166/Été 2019
N° 166/Été 2019
Dans l'article, l'auteur explique que, depuis l'Antiquité, deux
populismes existent : un populisme de revendications et un populisme de rejet
et de mécontentement. Cette distinction éclaire les motifs de l'élection de
Trump, « Némésis populiste », qui a mis au jour les populistes de la classe
moyenne. [Lire la suite]
Littérature et confiance
Olivia Leboyer, Jean-Philippe
Vincent
N° 166/Été 2019
C'est une évidence : la
confiance est une variable clé du bon fonctionnement des sociétés, anciennes et
modernes. En quoi de grandes œuvres, des littératures française et étrangère,
peuvent nous aider à comprendre la confiance. Que nous dit la littérature sur
les conditions et les lieux où se forme la confiance ? Et la défiance ? À
travers le prisme de la littérature il s'agit de répondre à la question
lancinante : pourquoi, dans nos sociétés, la confiance est-elle toujours plus
difficile à créer et en même temps toujours plus nécessaire ? [Lire la suite]N° 166/Été 2019