Cérémonie des César: «Quand la morale s’empare de l’art, la liberté est en danger»

L’affaire n’est pas nouvelle. La question du rapport entre l’art, sa fonction, et la morale occupe les philosophes depuis la plus profonde antiquité. Elle prend une certaine importance dans la littérature platonicienne qui, réprouvant l’attachement des œuvres au sensible, ne leur accorde du crédit qu’à la seule condition de la prévalence de leur vertu pédagogique sur leur caractère artistique. Elle irrigue les siècles par la suite, entre théorie autonomiste, voulant libérer l’art de toute confrontation morale, et moralisme faisant de celle-ci un élément central du jugement pouvant s’appliquer à l’œuvre. En 1879 le moraliste français Constant Martha, voulant trancher la question, écrivait à ce sujet dans la Revue des Deux Mondes: «On ferait bien de consulter tout d’abord l’Histoire, car le conflit entre l’art et la morale a de tout temps existé sous des formes diverses. L’art doit-il se mettre au service de la morale? L’histoire répond qu’il ne le pourrait pas, quand même il consentirait à renoncer à sa juste indépendance. La morale religieuse ou philosophique est, de sa nature, si jalouse de son droit, si exclusive, si dominatrice, si amie de la discipline, que bientôt elle aurait enchaîné son esclave ou l’aurait même anéanti.»
Ces joutes restent plus ou moins innocentes tant qu’elled se concentrent sur la création. Elles s’avancent sur un terrain autrement plus glissant quand elles convoquent la moralité même des créateurs et s’interrogent sur la possible séparation entre ces derniers et leurs œuvres. Or, c’est très exactement ce que nous vivons aujourd’hui, à l’heure de la prédominance d’origine anglo-saxonne d’un «politiquement correct» qui applique à toute œuvre une grille de lecture morale où se bousculent les notions de sexualité, de genre, de revendications identitaires ou encore «d‘appropriation culturelle». Il a quelques semaines, le dessinateur Xavier Gorce, connu pour sa représentation de pingouins s’exprimant sur les questions politiques du moment, mettait en scène deux d’entre-eux dont l’un disait à l’autre: «Le livre que je suis en train de lire est archi nul, mais l’auteur est moralement irréprochable». Cette phrase est la parfaite représentation des enjeux auxquels nous sommes actuellement confrontés.
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