Peggy Sastre : Comment rester serein dans un monde en colère


La formule vient de l'intellectuel indien Pankaj Mishra et beaucoup de nos contemporains partagent ses idées : nous serions au bord d'une « guerre civile mondiale » parce qu'on se rendrait compte que la modernité n'a pas tenu ses promesses.
Je partage le constat de Mishra sur le caractère pour le moins tendu de notre époque, mais mon diagnostic est aux antipodes : si nous sommes aujourd'hui aussi à cran, ce n'est pas parce que notre civilisation issue des Lumières n'a pas tenu ses promesses. Au contraire, c'est qu'elles se sont tellement bien réalisées que nous ne savons plus à quoi pourrait ressembler des épreuves proprement existentielles.

Pourquoi ? Parce que nos perceptions, comme souvent, nous trompent. Nous avons peut-être l'impression que les périls se suivent, se répètent et empirent, mais c'est surtout parce que nous ne cessons d'élargir la définition du périlleux et transformons en catastrophique ce qui était.



La cérémonie des César, qui s'est tenue le 28 février, est révélatrice de mouvements profonds à l'œuvre dans notre société. À elle seule, la dernière réunion de famille du cinéma mériterait une analyse fouillée. Influence des minorités actives, obsession de l'identité, statut des victimes, place de l'ironie, poids respectifs de la morale et de la justice… Bienvenue dans l'âge de la colère ! Pourquoi, en 2020, le moindre désaccord tourne-t-il à l'affrontement ? Pourquoi tant de gens semblent-ils se chercher des ennemis à détruire socialement ? Pour saisir cette dérive, il faut lire le nouveau livre de la journaliste scientifique Peggy Sastre, La Haine orpheline (Anne Carrière), qui paraît ces jours-ci. L'essayiste puise dans les découvertes des sciences comportementales darwiniennes et la biologie pour analyser les conflits qui traversent les sociétés actuelles. Elle comprend qu'Adèle Haenel soit outragée par la récompense de Roman Polanski, mais en disant « la justice nous ignore, on ignore la justice », l'actrice ignore peut-être qu'elle nous entraîne un peu plus dans « un processus proprement décivilisationnel ». La confrontation remplace la conversation. Les extrémistes vont-ils imposer leur loi ?

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Pourquoi le conflit est-il omniprésent dans nos sociétés, alors que nous vivons dans un monde stable, dans lequel la nourriture n’a jamais été aussi abondante et les relations interpersonnelles aussi nombreuses ? Pour Peggy Sastre, journaliste scientifique, essayiste et docteure en philosophie des sciences et autrice de La Haine orpheline, les raisons sont à rechercher du côté de la biologie. Des millions d’années d’évolution dans un environnement où les humains menaient une existence difficile et où la méfiance était une vertu cardinale ont assuré notre survie. Cette évolution nous a cependant mal préparés à notre environnement contemporain, l’ère moderne ne représentant que 0,02 % de l’histoire de notre espèce, comme le rappelle Peggy Sastre. Des conflits familiaux à l’engagement politique en passant par la compétition entre femmes, elle en explique les ressorts naturels profondément ancrés en chacun de nous, dans une perspective évolutionnaire. Florilège
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