Sophie Coignard – Élites : la suspicion qui monte

C'est une épidémie qui menace le pays plus discrètement, mais tout aussi sûrement, que le Covid-19. Elle ne menace pas de vies humaines, mais provoque des lésions graves sur la société tout entière. Elle ne se transmet pas par des contacts rapprochés, mais par les réseaux sociaux. Comme au temps des Gilets jaunes, elle a dans un premier temps échappé à la sagacité des décideurs.

Elle commence par l'énonciation de quelques évidences, puis évolue vers un délire complotiste. Oui, de nombreux « cols blancs » sont bien à l'abri dans leurs maisons à la campagne, tandis que caissières, chauffeurs de bus et de taxis, ouvriers du bâtiment continuent d'être exposés. Non, le gouvernement n'a pas laissé délibérément le virus se répandre en pariant que les plus privilégiés s'en sortiraient toujours à grands coups de passe-droits. Mais le glissement d'un constat objectif à une nouvelle poussée aiguë de défiance anti-élites s'accentue en ce début de semaine.

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