Éric Deschavanne et Pierre-Henri Tavoillot : «En France, l’autorité est dénigrée en bas et embourbée en haut»


L’autorité vient d’en haut, la confiance vient d’en bas», disait Sieyès. Le problème français est que nous n’avons plus ni haut ni bas. C’est la principale leçon de la crise, qui vient confirmer un diagnostic établi depuis longtemps. Du côté de la confiance, les citoyens n’en ont guère envers un État auquel ils demandent pourtant sans cesse davantage. L’État est plein de défiance à l’égard de la société civile, qu’il perçoit comme un tas de Gaulois réfractaires. Au sein de l’État, l’exécutif ne se fie que peu à l’administration (qui le lui rend bien), ni au législatif qui s’englue dans l’atonie. Entre les élus et les services, que de malentendus! Entre le national et le local, que de soupçons!

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Et que dire des citoyens entre eux quand on voit une Convention de 150 citoyens tirés au sort ne faire aucune confiance aux 60 millions de leurs congénères pour relever les défis du changement climatique? Leurs propositions le révèlent: il faut punir ces ignorants pour leur bien et les forcer à entrer dans une écologie décroissante! Il faut bouleverser la Constitution pour contraindre les politiques à tout jamais. Sans doute la question posée induisait-elle assez largement ce type de réponse.

Du côté de l’autorité, même constat alarmant: elle est dénigrée d’en bas dès qu’elle tente de s’affirmer ; elle est embourbée en haut par les abus de contre-pouvoirs et d’agences irresponsables qu’elle s’est imposés à elle-même. Souvent laxiste et inefficace, là où elle devrait s’affirmer ; parfois autoritariste, là où elle devrait être à l’écoute: elle est toujours à contretemps! «Nul n’obéit à quelqu’un qui ne croit pas à son droit de commander.» Raymond Aron rejoint là, deux fois n’est pas coutume, de Gaulle: «Heurtée d’en bas, chaque fois qu’elle se montre, [l’autorité] se prend à douter d’elle-même, tâtonne, s’exerce à contretemps, ou bien au minimum avec réticences, précautions, excuses, ou bien à l’excès par bourrage, rudesses et formalisme» (Le Fil de l’épée, 1932). La date de ce texte révèle que le problème n’est pas vraiment nouveau. Il est structurel en démocratie. Mais ce n’est pas une excuse. Car l’ampleur qu’il prend est vraiment inquiétante.
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