Guillaume Jeanson : Annonces de Jean Castex sur la sécurité... beaucoup de communication, peu de mesures nouvelles



Atlantico : Le Premier ministre Jean Castex a annoncé ce samedi à Nice des mesures visant à renforcer de l’action de "proximité" des forces de l'ordre, et notamment la création de 10.000 postes de police en cinq ans à l'échelon national. "Les ministres vont redéployer des moyens sur le terrain pour la justice de proximité et la police du quotidien", a-t-il dit, estimant que "la sécurité, c’est aussi et d’abord la proximité". Jean Castex a aussi évoqué la prochaine expérimentation, à Nice, de l’extension des compétences de la police municipale. Cette philosophie de la proximité est-elle à même de répondre à la flambée de violences que connaît la France depuis plusieurs mois ? Assiste-t-on a un retour de la doctrine de la "police de proximité", abandonnée progressivement après l'arrivée de Nicolas Sarkozy au ministère de l'Intérieur en 2003 ?

Guillaume Jeanson : Ces annonces ressemblent davantage à un point de communication d’étape qu’à des nouveautés fracassantes. Elles ne constituent pas en tout cas un virage important que prendrait le gouvernement en réaction à l’explosion des violences inquiétantes que vous mentionnez.

Prenons par exemple l’annonce de la création de 10.000 postes de police sur le quinquennat. Le candidat Emmanuel Macron en formait déjà la promesse au chapitre 13 « protéger les français » de son livre « Révolution » paru en 2016. Dans ce même livre, il indiquait d’ailleurs regretter également la suppression de la police de proximité qui selon lui « ne tenait ni de l’utopie laxiste, ni du gadget de communication ». Il poursuivait « quel que soit le nom qu’on lui donnera, il faudra absolument remettre à l’ordre du jour une organisation policière au plus proche de nos concitoyens ». Le nom qu’on lui a trouvé est depuis la « police de sécurité du quotidien » et si l’on s’aventure sur le site du ministère de l’intérieur, on trouve, dès le 10 février 2018, un article intitulé « pourquoi créer la police de sécurité du quotidien » auquel est annexée une synthèse des mesures envisagées qui comprend un premier point consacré à « des forces plus nombreuses ». On peut alors y lire : « 10.000 postes créées sur le quinquennat (2000 en 2018, 2500 en 2019, 2500 en 2020, 1500 en 2021, 1500 en 2022) ». En clair, rien de bien nouveau sur ce point.

A l’évidence, si la notion de proximité ne se suffit pas à elle-même - tous les maillons de la chaîne pénale (et y compris les plus lointains tels que l’exécution des peines) sont en effet importants pour infléchir l’évolution de la criminalité-, elle n’en demeure pas moins une composante importante. Importante pour offrir la possibilité aux autorités d’agir le plus en amont possible. Ce qui est indéniablement nécessaire. Car plus on traite la criminalité à la racine, plus l’on renforce ses chances d’en venir à bout. La fameuse théorie de la vitre brisée part justement de la lutte contre les incivilités (j’entends ici les vraies incivilités ou les petites infractions et non les crimes maladroitement « euphémisés ») pour faire reculer l’ensemble de la criminalité. La police de proximité (et aujourd’hui la police de sécurité du quotidien) poursuit des objectifs louables tels que le renforcement des contacts avec la population. Il existe bien sûr des différences entre les deux mais je crois que pour avancer efficacement, il faut s’en remettre sur ce sujet à la criminologie et non à la rhétorique politicienne prompte à défaire ou critiquer sans les nuances nécessaires tout ce qui émane des autres partis politiques.

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#JeSoutiensNosForcesDeLOrdre par le Collectif Les Citoyens Avec La Police