Julia de Funès: «Bas les masques…»


Désormais obligatoire, le port du masque est pourtant moins affaire de droit que de morale, remarque la philosophe*. Et pour cause: le respect de cette consigne de bon sens est devenu un gage d’altruisme et de responsabilité, au point que les récalcitrants sont pointés du doigt par les nouvelles ligues de vertu.

Ni beau à l’œil, ni agréable au toucher, le masque n’existe que par ses avantages utilitaires. Il est tout entier englouti dans son usage. Cet usage est plein de signes. Trésor mythologique, il devient un spectacle à déchiffrer. Le silène était un masque antique derrière lequel des figures divines étaient cachées. Le FFP2 est un silène déclassé, un masque derrière lequel des travers humains sont camouflés. Le masque cache moins qu’il ne montre…

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Ce rempart de papier nous montre toute la théâtralité qui se joue à visage découvert. Il nous étouffe bien qu’il nous libère d’habitudes convenues. Parce que le visage n’est plus nu, il en devient paradoxalement plus vrai. Moins de contenances nécessaires, moins de sourires factices, moins de salutations labiales, nous voilà désengourdis de certaines convenances dont le masque nous autorise enfin et sans gêne le refus.