Laurence Havel : Des résultats inquiétants
Disons-le franchement : les résultats ne sont pas bons, du point de vue qui nous intéresse à l’IPJ, celui de la sécurité des Français.
Tout d’abord, dans un certain nombre de grandes villes, les listes menées par les écologistes l’ont emporté.
À Marseille, Bordeaux, Lyon, Strasbourg, Besançon, Strasbourg, Tours...
Les préoccupations écologiques des Français sont légitimes, et en principe il devrait être tout à fait possible de mener des politiques municipales qui soient à la fois soucieuses de l’écologie et de la sécurité quotidienne des habitants.
Mais il se trouve qu’en France les responsables écologistes donnent en général à fond dans la culture de l’excuse et l’achat de la « paix sociale ».
Il n’est qu’à voir, par exemple, le bilan sécuritaire désastreux de Grenoble, première ville d’importance dirigée par une équipe écologiste depuis 2014. Je vous en avais déjà parlé et, au moment même où je vous écris, j’apprends qu’une nouvelle fusillade a eu lieu dans le centre-ville et en plein jour.
Qu’une quinzaine de grandes villes françaises aient désormais un conseil municipal écologiste, ou dans lequel les écologistes jouent un rôle essentiel, comme par exemple à Paris, ne laisse donc rien augurer de bon pour tous les Français, comme vous et moi, qui sont légitimement inquiets de la montée de la délinquance et de l’ensauvagement de notre société.
Mais surtout, nous avons battu des records d’abstention. Seuls 40% des électeurs sont allés voter ce dimanche. Un bilan en baisse d'une quinzaine de points par rapport au premier tour et une chute libre par rapport au scrutin de 2014 : à l’époque ils étaient environ 65% à s'être déplacés.
À Paris c’est moins d'un électeur sur 4 qui est allé voter !
Le gouvernement avait pourtant tout fait pour éviter un taux massif d'abstention. Les règles du vote par procuration avaient été modifiées. Pour ce second tour, il était permis à un même mandataire de disposer de deux procurations au lieu d'une habituellement. Cela n’a pas suffi.
Les Français ont boudé les urnes, alors même que les élections municipales font normalement partie de celles qui ont le plus leur faveur.
C’est extrêmement inquiétant.
Les Français semblent avoir perdu toute confiance dans leurs institutions, y compris les institutions de proximité, comme la commune.
Et on peut penser que les écologistes ont été portés au pouvoir au moins autant par « dégagisme », par volonté de sortir les sortants, que par adhésion à leurs politiques.
Les Français ne croient plus dans les institutions et se méfient de leurs représentants.
Comment s’en étonner, alors que nos gouvernements successifs semblent avoir renoncé depuis de nombreuses années à assumer leurs missions fondamentales : assurer la protection de la vie et des biens des citoyens ordinaires ?
La défiance vis-à-vis du politique trouve notamment sa source dans l’impuissance en matière de sécurité et de justice. Une impuissance volontaire, délibérée, consentie : on achète provisoirement la « paix sociale » en laissant s’étendre les zones de non-droit, et après moi le déluge !
Mais dans une telle situation et avec une telle abstention, personne ne peut prétendre avoir de légitimité pour gouverner et il est à craindre que, dans ces conditions, la rue prenne de plus en plus la place des urnes. Que la violence remplace les processus démocratiques.
D’ailleurs, à peine sorti du confinement, nous avons eu droit à des manifestations illégales, que le gouvernement n’a pas voulu empêcher, et qui ont été émaillées de nombreuses violences.
Comme d’habitude serait-on tenté de dire, car désormais la violence lors des manifestations semble systématique.
Et ces manifestations ne sont sans doute qu’un avant-goût de ce qui nous attend dans les mois qui viennent.
Sans compter la délinquance « ordinaire » qui semble bien être en train d’exploser après que Madame Belloubet ait vidé les prisons.
Vous le voyez, nous devons nous préparer à des lendemains difficiles, et travailler plus que jamais pour inverser la tendance.
Car je reste persuadée que le bon sens peut finir par l’emporter. Les solutions, nous les avons, ce qui manque, ce qui a toujours manqué jusqu’à maintenant, c’est le courage politique.
Nous devons préparer l’avenir, et notamment la présidentielle de 2022, qui va arriver très vite.
Si nous n’agissons pas, qui le fera ?