Edouard Husson : pourquoi les débats autour du masque révèlent bien plus que notre désorganisation face au Coronavirus


Atlantico.fr : Le port du masque suscite à la fois des violences et de nombreux débats ou polémiques. La question du masque dans les studios télé a notamment déclenché nombre de réactions sur le terrain du « bien fait pour eux », « les journalistes vont enfin comprendre ce que vivent les autres » etc... Alors qu’on pourrait imaginer que les questions se focalisent sur la justification sanitaire du masque dans x ou x environnement, les polémiques se font essentiellement sur le terrain du ressenti des uns et des autres. Le débat public échappe-t-il à la raison et à la notion d’intérêt général en France ?

Edouard Husson :
Relisons Tocqueville. Dans « La Démocratie en Amérique », il décrit à l’avance les conséquences de la montée de l’égalité des conditions. Le passage de la monarchie d’Ancien Régime à la démocratie a pour conséquence la multiplication des concurrences, des rivalités interindividuelles. Non seulement Louis XIV exerçait une autorité incontestée mais il avait définitivement canalisé les rivalités des nobles dans les jeux courtisans qui se révélait à Versailles. Avec le régicide et l’avènement de la société moderne, les rivalités interindividuelles ne sont plus canalisées. Pour parler comme René Girard, on pourrait dire que les rivalités mimétiques jouent à plein: les hommes se resssemblent de plus en plus; la distance entre les individus est abolie; les différences de fortune ou de statut ne sont plus vues comme un donné, un ordre du monde. Alors que les révolutionnaires étaient convaincus qu’ils avaient aboli les rivalités politiques en renversant la monarchie, ils les ont au contraire exacerbées, puisque plus rien n’est « acquis ». L’homme démocratique est le même que l’homme du ressentiment que décrit Max Scheler. Les journalistes se sont instaurés en donneurs de leçons pendant toute la crise du COVID 19. Pensons à tous ceux qui ont prétendu apprendre la médecine et la science à Didier Raoult ! Le retour de bâton auquel nous assistons est donc dans l’ordre des choses. Le propre de la rivalité mimétique, c’est une réciprocité permanente et toujours plus frénétique. C’est effectivement ce qui guette la démocratie: se fragiliser par la multiplication des ressentiments. Il faut un contrepoids. Montesquieu disait que l’honneur fait tenir la monarchie et la vertu est nécessaire à la République. En termes tocquevilliens ou girardiens, on dira que la monarchie canalise la rivalité mimétique en la codifiant. La république met la barre plus haut puisqu’elle attend des individus qu’ils y renoncent! Contrairement à ce qu’ont pensé les républicains français depuis toujours, la démocratie a encore plus besoin du christianisme que la monarchie ! C’est d’ailleurs ce que Tocqueville observait aux Etats-Unis: la force de la démocratie américaine venait de l’esprit profondément religieux qui y régnait.

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