Joseph Macé-Scaron : « Avec le Coronavirus, la mort nous a rendu une part de nous-mêmes que nous avions perdue de vue »


Atlantico.fr : Pourquoi avez-vous décidé d'aborder le thème de la mort dans "Et Après?" votre dernier essai ?

Joseph Macé-Scaron :
Lorsque sévit une pandémie d’une telle ampleur, y-a-t-il un thème plus majeur que celui de la mort ?

Ce livre s’inscrit dans la collection qu’a créée Muriel Beyer, la directrice des Editions de l’Observatoire, lorsque a débuté la pandémie. Cette collection numérique intitulée « Et après ? » a l’ambition de relever puis d’exposer les grands débats qui nourriront la France de demain et ne se contenteront pas de bégayer les polémiques de la France d’hier. Or, ce qui frappe quand on entend nos experts en expertologie évoquer leur futur dépassé, c’est la légèreté des questions traitées. De la mousse. Pourtant, ce qui vient de se passer et qui perdure encore dans certaines parties du monde n’a rien d’anodin.

Il a suffi qu'un virus accélère sa mutation entre deux cageots dans un marché de Wuhan pour mettre à bas notre course vers le transhumanisme ou tout autre culte du corps niant notre forme transitoire. La mort ? Nous l’avons trop longtemps déguisée, marchandisée, institutionnalisée en la parant de fanfreluches religieuses ou de bimbeloteries philosophiques comme si penser la mort parvenait à la dissoudre et ne parlons pas de ces niaiseries autour de la résilience dans le deuil. Mais il n’en demeure pas moins que cette crise tragique nous donne, d’abord, à réfléchir sur notre condition d’être mortel. Elle nous rend la mort nue, la mort vraie, cette mort que nous avons tant espéré faire disparaître de notre paysage. Mais qui aurait pu prévoir qu’en mettant ainsi en scène notre vulnérabilité, la mort allait nous livrer aussi un peu de nous-même ? Oui, qui aurait pu croire qu’en rendant ainsi la vie à mort, celle-ci allait bien nous rappeler qu’elle notre affaire.

Oh, ce qui est sûr, c’est que la mort au temps du coronavirus sait se faire plus timide et plus discrète que dans un roman gothique. Elle se tient droite et silencieuse. Silencieuse mais moqueuse. Elle se gausse de nos développements durables, de notre intelligence artificielle ou collective, de notre coworking, de nos pistes pour trottinettes, de nos forêts sauvages dans des bacs en plastique et autres signes de notre postmodernité bégayante et déjà sénile, elle se contente de ce bilan quotidien égrené avec une voix morne et de ce mot qui est apparu dans toutes les bouches : « la létalité ». La létalité désignant la proportion de décès liés à une maladie est apparue comme l’invité permanente de nos chaînes d’information. C’est bien simple, à chaque fois que ce mot était prononcé, on voyait ce terme être suçoté comme une friandise par nos chers commentateurs.

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Il a suffi qu'un virus accélère sa mutation entre deux cageots dans un marché de Wuhan pour mettre à bas notre course vers le transhumanisme ou tout autre culte du corps niant notre forme transitoire. Cette crise tragique nous donne, d’abord, à réfléchir sur notre condition d’être mortel. Elle nous rend la mort nue, la mort vraie, cette mort que nous avons tant espéré faire disparaître de notre paysage. Mais qui aurait pu prévoir qu’en mettant ainsi en scène notre vulnérabilité, la mort allait nous livrer aussi un peu de nous-même ? Oui, la mort est bien notre affaire.
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