Peggy Sastre : Quand la science sociale devient bombe politique


C'est une histoire à nulle autre pareille. Celle d'une étude scientifique retirée plus d'un an après sa publication par ses propres auteurs, non pas parce que leurs données se sont révélées frauduleuses, erronées ou leur méthodologie biaisée, mais parce qu'ils n'ont pas apprécié son traitement médiatique à une époque où, sur certains sujets, le « débat public » est pour le moins tendu. Cette histoire, c'est celle de l'article de David J. Johnson, Trevor Tress, Nicole Burkel, Carley Taylor et Joseph Cesario, psychologues aux universités du Michigan et du Maryland. Le sujet incendiaire, c'est celui d'un supposé « racisme systémique » des forces de l'ordre américaines dans un pays où le racisme d'État n'existe officiellement plus depuis 1964. Un brasier couvant au moins depuis les émeutes de Los Angeles de 1992, ravivé en 2013 avec l'émergence du mouvement Black Lives Matter, puis violemment rallumé depuis fin mai avec la mort de George Floyd, un Américain noir tué lors de son arrestation par des policiers de Minneapolis au terme de 8 minutes 46 secondes de placage ventral, le genou blanc de Derek Chauvin sur sa nuque.

Au début, l'histoire ne paye pas de mine. Le 24 juin 2019, l'analyse des « caractéristiques des agents et des disparités raciales dans des fusillades policières mortelles » de Johnson et al. est publiée sur le site des PNAS, une prestigieuse revue se targuant de ne donner asile qu'à des « recherches scientifiques de la plus haute qualité ». L'article sort en version papier le 6 août. Quelques jours auparavant, l'étude a fait l'objet d'un communiqué de presse d'usage rédigé par les services de l'université du Michigan (MSU). En septembre, Heather Mac Donald, du think tank conservateur Manhattan Institute, la cite lors d'une audition de la commission judiciaire de la Chambre des représentants portant sur les pratiques policières. Mac Donald a beau préciser que la méthodologie de l'étude a été critiquée par des politologues de Princeton, ses auteurs ne désavouent pas leurs résultats qui, selon leurs propres termes, ne révèlent « aucune preuve significative d'une disparité anti-Noirs dans la probabilité d'être abattu par la police ». Jusqu'à mi-2020, les réactions demeurent pour ainsi dire inexistantes, autant dans les médias que dans le monde académique.

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