Edouard Husson : Une fédération franco-allemande, une idée vintage


On se rappelle la célèbre déclaration du Général de Gaulle, en conférence de presse, le 14 juin 1960: «Il est tout à fait naturel qu’on ressente la nostalgie de ce qui était l’Empire, tout comme on peut regretter la douceur des lampes à huile, la splendeur de la marine à voile, le charme du temps des équipages. Mais quoi?! Il n’y a pas de politique qui vaille en dehors des réalités». Ce sont les mots qui me sont venus à l’esprit en lisant le plaidoyer de Daniel Cohn-Bendit et Claus Leggewie pour une «fédération franco-allemande». Personne ne mettra en doute la sincérité de l’engagement au service d’une Europe fédérale des deux auteurs. Mais on peut difficilement imaginer une présentation plus dépassée des choses. J’en donnerai quelques exemples.

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Les auteurs réfléchissent dans les coordonnées d’une Europe à 6 ou 12 membres. L’Union en compte aujourd’hui 27. Et l’on ne saurait exagérer l’agacement qu’éprouvent de nombreux pays devant le langage condescendant du «condominium franco-allemand». Ce qui était toléré dans une Europe à 12 à l’époque de François Mitterrand et d’Helmut Kohl ne passe plus quand les interlocuteurs sont Angela Merkel et Emmanuel Macron. Le cavalier seul d’Angela Merkel sur l’immigration ou le côté donneur de leçons d’Emmanuel Macron envers les petits pays est jugé insupportable par d’autres. Le groupe de Visegrad (Pologne, Tchéquie, Slovaquie, Hongrie) ou le groupe des «frugaux» (Autriche, Pays-Bas, Suède, Danemark) savent faire entendre leur voix contre Paris et Berlin quand ils le veulent. Alors, quand Cohn-Bendit et Leggewie écrivent «En Europe, personne ne doit avoir peur de 150 millions de Franco-Allemands ayant une double nationalité», le plaidoyer devient quelque peu bizarre: les auteurs ont-ils calculé ce que représenterait comme bouleversement, l’apparition d’une «puissance» deux fois et demi plus peuplée que l’Italie, trois fois plus nombreuse que l’Espagne et quatre fois plus que la Pologne? L’UE va déjà avoir à digérer le bouleversement des équilibres causé par le départ de la Grande-Bretagne, aussi peuplée que la France.



Trente ans après la chute du Mur, de nouvelles et profondes fractures menacent l’Europe, le duo franco-allemand qui en a été le moteur, et l’Allemagne elle-même. Face au Brexit ou aux appétits des États-Unis et de la Chine, il est vital que les deux riverains du Rhin rebâtissent leur partenariat.
Pour cela, ils doivent réapprendre à se connaître.
Or prévaut aujourd’hui un double malentendu : la France observe l’Allemagne avec passion, que ce soit pour la haïr ou l’imiter, tandis que celle-ci hésite entre admiration et condescendance, sans qu’aucune ne comprenne vraiment plus l’autre – notamment les élites françaises qui ont une vision dépassée de notre voisin.
Cet ouvrage porte sur l’Allemagne un regard incisif, nourri d’une profonde connaissance de sa culture et de sa politique, d’expériences, et de rencontres. Il la met en perspective depuis la fin du nazisme puis du communisme, en passant par la réunification, jusqu’au long mandat de la chancelière Merkel, confrontée au défi migratoire et à la résurgence de l’extrême droite tandis que le modèle économique et social, autrefois tant admiré, atteint ses limites.
Ce plaidoyer nous éclaire sur les pistes que peuvent frayer ensemble Paris et Berlin pour assurer le sursaut de l’Europe.

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