Julie Graziani : "On fait croire aux gens que leurs échecs ont une cause extérieure à eux-mêmes"


« Je ne suis pas une bourgeoise, j'appartiens à cette catégorie qui dérange autant les nantis que les classes populaires : les parvenus. La preuve vivante que la mobilité sociale existe et que chacun est le premier responsable de sa vie. Selon moi, on aide mieux les gens en les coachant qu'en les plaignant. J'ai pu le constater des centaines de fois dans mon métier puisque j'ai voué ma vie à aider les entrepreneurs en difficulté, notamment pendant la crise sanitaire. Ce sont ces histoires que je veux raconter, les seules à même d'insuffler à nos compatriotes une espérance solide et le goût du lendemain. En apprenant à compter d'abord sur leurs propres forces et à condition d'identifier leurs faiblesses et leurs richesses, et de tirer les leçons de leurs échecs. Notre pays s'appauvrit à force de se prendre en pitié. J'ai écrit ce livre pour tous ceux qui, comme moi, préfèrent l'action aux regrets. » Fin de l'État-providence absolu, lutte pour la responsabilité et la solidarité, défense de l'« entreprise France » sont les maîtres mots de cet essai engagé et incarné, plein de foi en l'avenir de notre pays.


ENTRETIEN PAR THOMAS MAHLER POUR L'EXPRESS

C'est une vidéo qui a été vue plus de 20 millions de fois. Lundi 4 novembre 2019, sur un plateau de LCI, la chroniqueuse Julie Graziani fait scandale quand, à propos d'une mère célibataire en difficultés financières qui avait interpellé Emmanuel Macron, elle commente : "Qu'est-ce qu'elle a fait pour se retrouver au smic ? Est-ce qu'elle a bien travaillé à l'école ? Est-ce qu'elle a suivi des études ? Puis si on est au smic, il ne faut peut-être pas divorcer non plus dans ces cas-là...". Colère sur les réseaux sociaux où les messages, parfois très violents avec des appels au meurtre, s'accumulent. La polémiste est associée à l'extrême droite du fait de sa collaboration avec le magazine l'Incorrect et de ses prises de position très conservatrices sur le plan des moeurs. On entend alors à peine David Pujadas qui rappelle que Marine Le Pen ne semble pas être la "tasse de thé" de sa chroniqueuse et explique que "c'est plutôt son libéralisme abrupt qui lui est reproché dans son raccourci lapidaire et donc brutal. Mais de là à ce qu'il suscite un tel lynchage..."

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Dix mois plus tard, Julie Graziani fait son retour sur la place publique avec un essai dont le titre, Tout le monde peut s'en sortir (Editions de l'Observatoire), ressemble fortement à une invocation personnelle. Revenant sur son parcours plus compliqué que ne le pensent ses détracteurs, l'agrégée de lettres et diplômée d'HEC évoque son travail de consultante pour des entreprises en difficulté et en tire des leçons - très libérales et macro-compatibles- qui permettraient à chacun de prendre son destin en main. Rencontre avec celle qui pourrait être la fille cachée d'Alain Madelin et de Mère Teresa.

L'Express : Le 4 novembre 2019, sur le plateau de LCI, vous créiez une polémique nationale en déclarant au sujet d'une mère célibataire : "Si on est au Smic, il ne faut peut-être pas divorcer non plus dans ces cas-là". Vous figuriez parmi les sujets les plus commentés de l'année dernière...

Julie Graziani :
Sur le moment, j'ai eu conscience que c'était une phrase forte. Je voulais une formule choc. Mais c'était une manière de parler et je ne pensais pas que ça allait être pris au pied de lettre. C'était un exemple par l'extrême. Même dans la pire des situations, on a quand même des décisions à prendre, et il faut les prendre de manière judicieuse. Mais, c'était à moi d'avoir un propos compréhensif. Les gens ont compris que j'étais contre le divorce chez les pauvres, ce qui est absurde. Et comme j'ai une image catholique, ils ont même cru que j'étais contre le divorce tout court.

Comme avez-vous vécu cette polémique ?


J'ai réalisé l'ampleur au fur et à mesure. Je n'arrivais pas à faire le lien logique entre mes propos, que je ne trouvais pas très grave, et l'ampleur de la polémique. Je pensais naïvement que cela allait retomber comme un soufflé. A un moment donné, alors que je sors d'un rendez-vous, je croise une personne qui écoute la séquence sur un portable. J'ai réalisé alors que ça avait pris une ampleur nationale... 

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ENTRETIEN PAR MICKAEL FONTON POUR VALEURS ACTUELLES

Valeurs actuelles. Pouvez-vous revenir rapidement sur la polémique qui vous a valu ce “lynchage” médiatique ?

Julie Graziani.
Bien sûr, c'est d'ailleurs l'incipit du livre. Le thème de la séquence était : “17 milliards d'euros, l'État en fait-il assez ?” Nous sommes invités à commenter un épisode dans lequel deux femmes se plaignent de leur situation au président Macron. Je suis frappée par le fait que les deux se comportent comme si c'était au président de les aider, comme si c'était une évidence qu'elles n'avaient aucun moyen d'agir par elles-mêmes. Je commence une tirade sur le thème de la responsabilité, le fait qu'on ne se retrouve pas dans une situation donnée par hasard mais qu'elle est due à une succession de décisions que chacun prend dans sa vie, et je conclus mon propos en disant : « Et puis, si on est au smic, il ne faut peut-être pas divorcer. » Dans mon esprit, cela signifie que, si on est déjà dans la difficulté financière, il faut éviter de se rajouter une couche de problèmes. Dans le secret de leur cabinet, beaucoup d'avocats encouragent leurs clientes à patienter un peu parce qu'elles sont trop vulnérables financièrement dans l'immédiat (pas en cas de violence, évidemment, et il n'était pas question de ça). Avec la mauvaise foi qui caractérise les réseaux sociaux, ma phrase s'est transformée en : “Elle veut interdire aux pauvres de divorcer. ” La polémique a été en grande partie fabriquée par des gens qui avaient intérêt à me nuire. David Doucet démonte les ressorts du mécanisme dans son livre à paraître sur la haine en ligne. On a voulu m'abattre.

Est-il vrai que vous faites l'objet d'une procédure disciplinaire à l'initiative de votre ordre, le Conseil national des administrateurs judiciaires ?

C'est vrai, hélas, et j'en suis profondément blessée. C'est une procédure infamante, car elle est conçue pour sanctionner des fautes professionnelles. C'est la première fois qu'elle est utilisée pour punir un délit d'opinion. Mais je fais confiance à la justice de mon pays, qui protège la liberté d'expression. Et c'est le rôle des intellectuels d'avoir une pensée qui bouscule. Par ailleurs, je peux vous dire que je n'ai eu aucun problème avec les gens qui travaillent avec moi et qui m'ont tous gardé leur confiance. Quelques jours après l'émission, je participais à un comité d'entreprise : tous les salariés me sont tombés dans les bras. Ils savaient que je m'étais battue tout l'été pour sauver leurs emplois. Je suis peut-être “cash” dans ma manière de parler mais quand je m'implique dans un dossier, je me donne à fond.

Cet épisode a-t-il été moteur dans votre projet d'écrire ce livre ?

En fait, j'en avais commencé la rédaction un an plus tôt, mais la première version n'était pas bonne. La polémique m'a aiguillonnée, j'ai tout remanié en six semaines avec l'aide de mon mari, qui a été sans complaisance et m'a obligée à donner le meilleur de moi-même dans la pensée et dans l'écriture. Je ressentais le besoin depuis longtemps de mieux expliquer ce en quoi je crois. Et c'était une occasion inespérée de servir de cobaye à mes propres théories : si j'ai réussi à remonter la pente après avoir été l'objet d'une détestation massive, c'est que tout le monde peut s'en sortir. (Sourire.)



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