Zineb El Rhazoui : «Où que le regard se pose dans l’espace public, on voit des manifestations de l’islamisation de la société»


Ancienne journaliste à Charlie Hebdo, Zineb El Rhazoui, militante de la laïcité et des droits de l’homme, n’était pas à Paris le jour de l’attentat contre l’hebdomadaire. Mais elle qui est régulièrement menacée de mort, notamment pour avoir déclaré en 2017 que l’islam «devait se soumettre aux lois de la République, à la raison et à la critique», s’est néanmoins constituée partie civile dans le procès de l’attentat du 7 janvier 2015. Une manière pour elle de défendre la liberté d’expression. Et de dénoncer les complicités morales.

LE FIGARO. - Comment avez-vous appris l’attentat contre Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015?

Zineb EL RHAZOUI. -
J’étais au Maroc, à Casablanca. J’hésitais à rentrer au journal. Quand je me suis réveillée, ce matin-là, j’ai écrit un mail à Charb, pour lui proposer, avant la réunion de la rédaction, un article sur la «commercialisation» des femmes par l’État islamique, qui avait élaboré un barème très précis d’évaluation en fonction de leur âge. C’était tragique et drôle en même temps. J’avais estimé mon prix, c’était 150 ou 200 dollars… Peu de temps après, j’ai reçu un appel affolé d’Omar Radi, un journaliste marocain: «Où es-tu? Il y a une fusillade à Charlie.» Je ne me suis pas inquiétée tout de suite. J’ai appelé Charb, lui ai laissé un message, puis un autre. N’ayant pas de réponse, j’ai téléphoné alors à Luce Lapin, secrétaire de rédaction à l’époque, qui m’a dit: «On est planqués dans le bureau de Riss, il y a au moins dix morts.» Mais je ne l’ai pas crue. J’ai continué à penser que c’était une blague jusqu’à ce que j’entende alors des hurlements de bête blessée. C’étaient les pleurs de Patrick Pelloux. Là, j’ai enfin compris et je me suis effondrée.

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Et après, qu’avez-vous fait?

Mes deux téléphones étaient inondés d’appels d’amis et de la famille qui voulaient savoir où j’étais. Je ne répondais à personne. Moi, ce qui m’intéressait, c’était de savoir qui était mort, qui était vivant. J’ai posté un message sur Facebook pour dire que je n’étais pas au journal, que j’étais en vie. J’ai trouvé une télé, j’ai appris la mort de Charb, Wolinski, Cabu et Tignous, puis de Philippe Honoré. Et, après avoir passé toute la journée du choc d’avoir appris le décès de quelqu’un à la joie, le bonheur d’apprendre qu’un autre était vivant, ce n’est qu’à 21 heures que j’ai connu l’identité des douze morts. J’étais en état de choc. J’ai eu l’impression que la vie s’arrêtait. Que la terre s’ouvrait et m’avalait. J’avais deux amis au journal, Charb et Simon Fieschi: lorsque j’ai appris que ce dernier était entre la vie et la mort, j’ai eu le courage de prendre un billet d’avion.


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