Marcel Gauchet: Remettre à sa juste place l’État de droit par rapport à la souveraineté populaire


L’assassinat barbare de Samuel Paty conduit à examiner les failles, notamment juridiques, de notre démocratie libérale dans lesquelles s’engouffrent les islamistes, qui se revendiquent de nos principes pour mieux les combattre. C’est la thèse défendue par Marcel Gauchet. Dès 1980, dans un article du Débat qui a fait date, intitulé «Les droits de l’homme ne sont pas une politique», l’auteur de L’Avènement de la démocratie (Gallimard) pointait les dangers d’une extension à l’infini des libertés individuelles, rappelait l’antagonisme ancien entre démocratie et libéralisme et alertait quant au risque de tyrannie des minorités. Sur fond de mondialisation, de construction européenne et de politiquement correct, cette dérive s’est, selon lui, aggravée ces quatre dernières décennies au point de menacer la cohésion des sociétés occidentales. Pour le philosophe, la menace terroriste doit inciter nos démocraties libérales à retrouver un équilibre entre les droits légitimes des individus et la souveraineté populaire sur laquelle se fonde l’autorité de l’État.

LE FIGARO. - La décapitation de Samuel Paty par un réfugié tchétchène a rouvert le débat sur l’État de droit en France. Celui-ci est-il adapté à la menace islamiste et au défi migratoire?

Marcel GAUCHET. -
Mais pour commencer, qu’est-ce que ce fameux «État de droit»? La notion est devenue un mantra invoqué en toute occasion sans qu’on se demande ce qu’elle veut dire. Il n’est que temps d’aller y voir de près. Au sens technique, elle désigne le respect de la hiérarchie des normes. Celle-ci pose la Constitution comme la norme suprême à laquelle les normes inférieures, les lois édictées par le législateur, doivent se conformer. D’où le rôle de clé de voûte des institutions joué par les cours constitutionnelles qui ont à apprécier cette conformité. Mais comme les Constituions se réclament elles-mêmes, de manière plus ou moins directe (ou qu’on les fait se réclamer), d’une norme encore plus fondamentale, à savoir les droits de l’homme, les juges constitutionnels sont devenus de fait les juges de ce que l’on appelle désormais «les droits fondamentaux», c’est-à-dire concrètement les droits individuels.

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