Mathieu Mucherie : ISF, inégalités (et Covid) ou la vacuité d’une obsession française maladive
Mais cette voie étroite reste la voie royale pour à peu près tous les commentateurs : la feuille d’impôt est une expérience vécue ; cela parle à tout le monde, et en particulier aux politiques. Souvenez-vous dans l’autre sens de la courbe de Laffer, qui n’était pas plus scientifique que les schémas de Piketty sur l’ISF miracle, mais qu’un économiste pouvait expliquer à un parlementaire en moins de 10 minutes et, plus important, que l’élu pouvait répercuter auprès de ses électeurs en long en large et en travers. Dans un pays doté de 50 millions de spécialistes des impôts, disserter sur un impôt-de-solidarité-Covid qui frapperait les riches à partir de 2022 est d’un bon rapport rendement/risque eu égard aux cerveaux disponibles, même s’il ne rapporterait que 0,5% des dépenses publiques chaque année (grand max, et hors effets pervers) et même a fortiori s’il pèsera très très peu sur le système-capitaliste-producteur-d’inégalités (comme chacun sait, la famille ne produit aucune inégalité, et les institutions publiques non plus, etc.), et même si en réalité il ne ferait que renforcer cette injustice qui est la double taxation de l’épargne.
Une voie plus délicate à expliquer mais plus large et surtout plus juste consisterait à sortir du tout-fiscal, infantilisant et déconnecté des ordres de grandeur.