Bertrand Cavallier et Arnaud Benedetti : ces tragiques renoncements qui se cachent derrière la fermeté affichée par le gouvernement sur la sécurité


Atlantico.fr : Un article du projet de loi sur la sécurité globale veut punir la diffusion d’images permettant d’identifier tout policier ou gendarme dans le cadre de son travail. Derrière cette posture de fermeté visant à garantir la sécurité des forces de l’ordre, ne se cache-t-il pas une longue suite de renoncements ?

Général Bertrand Cavallier :
Ce projet de loi est censé répondre à un phénomène qui s’est systématisé. De plus en plus de policiers ou de gendarmes sont confrontés à la diffusion par les réseaux sociaux de photos ou de films pris dans le cadre de l’exécution de leur service, dont principalement lors d’interventions sur la voie publique. Ceci appelle deux lectures.

La première qui participe d’un objectif de transparence visant à pouvoir matérialiser d’éventuelles dérives dans les comportements de membres des forces de l’ordre. Cet objectif peut cependant être atteint en adressant l’enregistrement au Parquet compétent ou à l’IGGN ou à l’IGPN selon l’institution concernée, gendarmerie ou police.

La seconde qui renvoie à une évolution très préoccupante qui consiste à vouloir exercer une pression constante sur les membres des forces de l’ordre mais également sur leurs familles. Cette pression est réelle. Elle s’exerce dans le cadre du service quotidien et génère un véritable stress. Qui pourrait supporter d’être constamment cerné d’individus brandissant leur smartphone dans le cadre de son activité professionnelle, dès lors qu’il procède au moindre contrôle ? Plus grave, ces diffusions d’images sont de plus en plus souvent destinées à faciliter l’identification de ces fonctionnaires ou militaires et la localisation de leurs domiciles, avec des menaces à peine voilées contre eux et leurs familles. Le résultat est que nombre de policiers choisissent d’élire domicile loin des zones où ils travaillent. Pour ce qui concerne la gendarmerie, si les militaires habitent en caserne, donc là où ils servent, nombre d’entre doivent supporter ces agissements qui peuvent générer un environnement très hostile. Comme ce fut notamment le cas dans certaines unités dans le Val d’Oise en 2018, conduisant le commandement à procéder à leur mutation hors du département.

Si l’on prend un peu de hauteur, ce projet de loi est révélateur d’une grave inversion dans l’ordre des choses, dans le fonctionnement de l’ordre social. La crainte ne serait-elle pas désormais dans le camp ce ceux qui sont en charge de la protection de la société ? Et n’oublions jamais que lorsque des gendarmes ou policiers sont confrontés à une telle évolution, qu’en est-il des simples citoyens ?

Arnaud Benedetti : Gérald Darmanin doit effacer la "mauvaise Impression" laissée par son prédécesseur dans les derniers mois de l’exercice de sa fonction, principalement dans sa relation avec les agents de la police nationale qui se sont sentis lâchés par leur "patron". Le nouveau ministre de l’Intérieur est là pour donner des gages sur deux fronts : le front de l’opinion qui dans de larges segments est en attente de fermeté et le front du corps social de son administration qui demande un soutien politique clair alors que des controverses multiples, depuis notamment la crise des Gilets jaunes, ont parfois mis à mal, de façon assez relative si l’on en croit les enquêtes d’opinion, l’image de la police. Darmanin est la voiture-balaie des insuffisances du macronisme sur ce sujet régalien. Pour le moment , il colmate principalement à travers un registre communicant où il s’efforce de donner des gages symboliques, sans avoir pour autant les moyens de sa politique . Il entend habiter le mythe du "premier flic de France", sachant que l’autorité dont est instinctivement investie ce poste, est une ressource politique susceptible d’être un bon placement pour faire fructifier un capital politique. Cette visibilité-là, produit d’une posture parfois sur-jouée, se doit d’allouer de la réassurance en direction des policiers. Faute de pouvoir résoudre dans l’immédiat les revendications matérielles, de satisfaire concrètement aux exigences concernant les conditions de travail, autant de demandes qui nécessitent des politiques installées dans la durée, il convient de créer d’abord un climat propice de confiance. D’où cette disposition visant à interdire et sanctionner la diffusion d’images des forces de l’ordre en situation d’intervention...

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#JeSoutiensNosForcesDeLOrdre par le Collectif Les Citoyens Avec La Police