Bertrand Cavallier : Police - gendarmerie, quelle répartition optimale pour garantir la sécurité sur le territoire national ?


Atlantico.fr : Monsieur le ministre de l'intérieur parle dans son interview au Parisien de ce week-end d'une "mauvaise répartition entre police et gendarmerie sur le plan national". Le sujet de l'organisation territoriale des forces de sécurité est directement remis sur la table par le ministre et semble créer une inquiétude dans les rangs. Comment interpréter cette annonce politique au moment de la parution du livre blanc de la sécurité intérieure ?

Général Bertrand Cavallier :
Le livre blanc sur la sécurité intérieure vient d’être diffusé. Il synthétise les réflexions de hauts fonctionnaires représentant les différentes composantes du ministère de l’intérieur. Ses conclusions ouvrent un nouveau champ de réflexion dans le domaine de la sécurité et notamment sur la question très centrale des critères de compétences territoriales entre la gendarmerie et la police.

J’observe qu’il y a une différence entre le LBSI et la communication du ministre. Ce dernier, part du postulat d’une « mauvaise répartition entre la police et la gendarmerie sur le plan national » et s’appuie sur l’exemple très symbolique de Toulouse et de son agglomération : « dans l'agglomération de Toulouse, il y a quatre villes sous l'autorité de la police, et tout le reste de la zone, très urbanisée, sous le contrôle de la gendarmerie ».  Il affirme qu’« il faut sans tabou aller vers une organisation plus efficace », en évoquant la notion de «  bassin de délinquance comme ceux autour des transports en commun ou des axes autoroutiers  ».

Or cette référence au bassin de délinquance ne reflète pas les propositions formulées dans le paragraphe 1.1.3. « Définir une méthode claire et pertinente pour partager sur le territoire les compétences de la police et de la gendarmerie », qui stipule que « la délinquance ne peut suffire pour départager l’adéquation de telle ou telle force de sécurité à un territoire dans le sens où elle est la traduction d’une activité qui dépend essentiellement de l’action et de la présence des forces de l’ordre, ainsi que des modalités d’enregistrement des faits par les agents. En outre, tandis que la délinquance a tendance à s’uniformiser sur le territoire (cyber, escroqueries, terrorisme, atteintes aux biens, violences…), il n’y a pas de définition claire et partagée d’une délinquance qui serait propre à l’urbain. Il faut donc dorénavant s’appuyer sur d’autres éléments pour différencier ZPN et ZGN et adopter une vision pragmatique et locale, fondée sur la réalité des territoires et le service rendu à la population ».

De surcroît, l’exemple de Toulouse et de son agglomération entendue en tant qu’unité urbaine - qui est très étendue-, est particulièrement sensible car s’y expriment deux cultures opérationnelles, celle de la gendarmerie et celle de la police. Dans ce territoire, le groupement de gendarmerie de Haute-Garonne assure la sécurité au profit de 430 000 habitants (chiffre en augmentation constante et rapide) sur un total d’un million, sachant que les gendarmes sont également en charge de la protection des zones plus rurales peuplées de 350 000 habitants.

Les propos du ministre ont donc pu être interprétés par nombre de militaires de la gendarmerie, mais aussi par des élus des communes concernées, comme une orientation vers un passage de l’ensemble de ces territoires sous la compétence de la police nationale. Ils en appellent donc au respect du principe énoncé supra « d’une vision pragmatique et locale fondée sur la réalité des territoires et le service rendu à la population ».

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