Edouard Husson : Ces idées reçues qui viennent régulièrement paralyser la politique étrangère française


Il y a une vingtaine d’années, j’avais suggéré à un éditeur français de rééditer le magnifique livre de Borgese, Goliath. La marche du fascisme. Cet ouvrage paru d’abord à la fin des années 1930, est l’une des plus fines analyses de ces « passions italiennes » qui ont rendu possible Mussolini dans les circonstances bien particulières de la « victoire volée » et de la crise économique et sociale d’après-guerre. Un premier éditeur l’avait republié en 1992 mais, devant la diffusion mitigée, était prêt à en céder les droits. L’éditeur auquel je proposais de le reprendre me fit attendre plusieurs semaines puis, suite à mon insistance, me fit savoir qu’il avait consulté « le spécialiste » de l’histoire de l’Italie en France, qui avait déconseillé ce livre, « pas assez scientifique ». Notre pays a décapité son roi et chassé les successeurs qui ont tenté de se réinstaller sur le trône d’Hugues Capet mais dans le milieu culturel, académique, éditorial on fonctionne encore avec de petites monarchies intellectuelles et mondaines.

Durant toute ma formation à l’histoire de l’Allemagne, la plupart des experts ne juraient que par Alfred Grosser. Lorsque je commençais mes études, on m’avait offert un livre de Grosser. Je crois ne m’être jamais autant ennuyé à lire un ouvrage universitaire. Au début, je ne disais rien; mais plus j’avançais dans l’étude de notre grand voisin, plus je découvrais un système absurde, dont toutes les planètes tournaient autour d’un soleil auto-proclamé, dont le célèbre cours à Sciences Po reposait essentiellement sur la capacité à rendre compte sans en avoir l’air d’une lecture assidue de la « Frankfurter Allgemeine Zeitung ». Cela n’aurait pas été bien grave si le même gourou des études allemandes n’avait utilisé son petit « pouvoir charismatique », au sens où Max Weber utilise le terme (un vaste public d’étudiants et d’universitaires projetait sur Grosser l’image DU spécialiste de l’Allemagne), en instrument de pouvoir au sein de l’université. C’était l’époque où un mandarin pouvait se rendre au Ministère en charge des universités pour mettre un veto à la promotion d’un collègue. Alfred Grosser l’a fait maintes fois.

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