Philippe Bilger : Terrorisme islamiste, l'État de droit est-il limité?
Pourtant, ce n'est pas d'aujourd'hui que je dénonce un État de droit trop sophistiqué pour ce qu'il voudrait avoir d'efficace, trop bureaucratique pour ce qu'il désirerait avoir de réactif. Ce qui était déjà préoccupant quand il s'agissait de la criminalité et de la délinquance “ordinaires” est devenu quasi suicidaire face à des ennemis ne s'embarrassant plus d'aucune limite, obsédés par la volonté de pousser jusqu'à la mort les “mécréants”, les défenseurs de la liberté d'expression, les impies osant caricaturer Mahomet.
Cette configuration totalement inédite aurait dû, depuis longtemps, nous convaincre de mettre à bas notre logiciel propre à une démocratie classique. Ce qui a été accompli jusqu'à présent pour renforcer et durcir notre législation face au terrorisme présente le double handicap suivant : la France adore faire voter des lois parce qu'elle se donne alors l'impression d'avoir agi alors que la difficulté est de les mettre en œuvre avec constance et rigueur. Trop souvent notre arsenal est à disposition, mais il est peu ou médiocrement exploité. La posture de la résistance semble nous suffire.