Cynthia Fleury : «Le ressentiment est une émotion et un système de pensée très puissants»
Cynthia FLEURY. - Le complotisme permet beaucoup de choses: s’extraire de l’incertitude en proposant une lecture du monde où l’émetteur de la thèse a la maîtrise totale de la causalité, et où celle-ci propose une synthèse univoque, infaillible, du monde. Ces thèses confortent aussi le délire victimaire des «croyants», et la narration proposée offre un terrain propice pour tous les biais de confirmation (biais cognitif consistant à privilégier les informations confirmant ses idées préconçues, NDLR).
Il est évident qu’il est beaucoup plus malaisé de partager une équation mathématique et ses explications qui viennent peu confirmer les biais cognitifs et émotionnels de chacun, alors que les vieux récits de manipulation, d’intentionnalité maligne, de la domination des puissants sont des poncifs qui ont de tout temps existé et existeront, et sont communs à chacun d’entre nous, de façon archaïque. Cela étant, nous avons plus ou moins les ressources culturelles, intellectuelles, émotionnelles pour inhiber ces biais, et mettre en défaut ces thèses. Le ressentiment est précisément une émotion et un système de pensée qui valident fortement ces biais. Par ailleurs, l’idée d’un grand complot permet à la fois de se reconnaître victime et de se renarcissiser.
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Pensez-vous que la situation actuelle de confinement et de lutte contre la pandémie catalyse le «ressentiment» que vous analysez dans votre livre?
La combinaison et le renforcement des insécurités économiques et psychiques forment un cocktail fatalement propice pour la prééminence des passions tristes, même si les relents «ressentimistes» dans la société française préexistaient à la crise pandémique. Celle-ci a agi comme un révélateur des pulsions et du mal-être existants. Lire la suite sur LEFIGARO.fr
