Ghislain Benhessa : et pourquoi pas un Guantánamo à la française ?


Le mot est lâché : un Guantánamo à la française. Éric Ciotti a brandi l'expérience américaine dans le camp basé à Cuba pour envisager la lutte contre l'islamisme qui décapite la France. En 2016, certains évoquaient déjà des mesures inspirées de l'arsenal post-11 Septembre, dont la création d'un centre pour interner les personnes soupçonnées de visées terroristes ou d'atteinte à la sûreté de l'État. Mais à l'époque, l'État de droit était la religion du temps, telle une perfection juridique venue du ciel. À force de sang versé, les choses ont changé. Les coups de canif rhétoriques contre l'État de droit se multiplient à mesure que la faiblesse de la France, prise dans le piège à loup des juridictions supranationales, apparaît au grand jour. Toutefois, pour juger de la pertinence d'une telle proposition, un regard vers les États-Unis s'impose. Pas à l'aune des cris d'orfraie poussés depuis vingt ans, mais au prisme des velléités concrètes poursuivies par l'administration Bush. Guantánamo ne vient pas du cerveau malade de quelques experts d'arrière-cour, mais de la conscience acérée de juristes lucides quant au danger d'abriter sur le territoire national les ennemis de la communauté. Soit la réflexion qu'il nous faut mener, le réel droit dans les yeux.

À la suite du 11 Septembre, la riposte des États-Unis contre Al-Qaïda va porter l'empreinte indélébile de John Yoo. À 34 ans, ce jeune universitaire est propulsé à l'Office of Legal Counsel, bureau du ministère de la Justice chargé de conseiller la Maison-Blanche. Il devient l'architecte de la guerre contre le terrorisme, du statut des ennemis définis comme combattants irréguliers, jusqu'au recours aux “interrogatoires coercitifs”, déclinaison légale de la torture. Son raisonnement est simple. Alors que le droit international de la guerre a été élaboré pour limiter la violence sur le champ de bataille, le terroriste frappe directement les civils et les institutions.



Depuis janvier 2015, la France a été durement frappée par le terrorisme. Désormais, elle se trouve confrontée aux mêmes défis que les États-Unis après le 11 Septembre. Lui faut-il renforcer la sécurité au détriment des libertés ? Placer en rétention les fichés S ? Mettre en place des dispositifs d'exception pour prévenir de nouvelles attaques ? Sans toujours le savoir ni l'admettre, nombre de nos dirigeants politiques, à droite comme à gauche, s'inspirent du " bushisme ", doctrine longtemps traitée avec condescendance ou indignation. D'autres rejettent toute rhétorique guerrière, afin de ne pas reproduire les erreurs commises par les Américains. Or, la manière dont l'administration républicaine a fabriqué sa " guerre contre le terrorisme " reste largement ignorée en France.À l'heure où notre pays est plongé à son tour dans cette guerre d'un genre nouveau, l'expérience américaine éclaire les choix dramatiques auxquels nous sommes confrontés. Ghislain Benhessa décrit et analyse l'action des conseillers juridiques des administrations Bush et Obama qui, dans l'ombre, ont laissé de côté tout présupposé éthique au nom de l'efficacité, suivant l'adage de Saint-Just : " Pas de liberté pour les ennemis de la liberté. "
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