Infantilisation : cet état nounou qui vous veut du bien - de Mathieu Lainé


"La pandémie n'aura été que le baromètre en fusion d'un phénomène plus profond : la prise de pouvoir totale de l'Etat-nounou, cette bureaucratie qui nous veut du bien." Dans ce court essai, comme un cri de liberté, Mathieu Laine dénonce cet autre virus : la fièvre bureaucratique, technocratique et centralisatrice qui ne fait que révéler la propension malsaine de l'Etat à infantiliser les Français.

Pourquoi la France est-elle la seule grande démocratie au monde à avoir exigé, sauf à être verbalisé, de cocher une case pour tout " déplacement bref " ? Pourquoi la France est-elle le seul pays où une cellule interministérielle a eu à trier, en pleine crise sanitaire et face à la crise économique la plus dramatique depuis la Seconde Guerre mondiale, entre les fours et les poêles, et l'un des seuls pays en Europe à avoir qualifié le livre de " produit non essentiel " au moment même où elle était à nouveau attaquée par l'obscurantisme ?
L'infantilisation est cet autre virus qui nous menace et nous paralyse depuis des décennies, et sans doute plus encore. Nourrie au sein de la défiance, elle a flambé en pleine épidémie. Attestations de déplacement, bâchage des produits " non essentiels ", fermeture des librairies, etc. : nul besoin de s'opposer au primat de la Vie pour dénoncer ces cascades d'interventions, centralisées et technocratiques, qui ont fini, " pour notre bien ", par réveiller le roi Ubu. Après la pandémie, il faudra s'attaquer à ce mal qui nous ronge. Pour vraiment en finir. Car à force de nous traiter comme des enfants ou des incapables, on désapprend la liberté. Et l'on creuse, avec de belles intentions, la tombe d'un avenir qu'il nous faut nous réapproprier.
Ce court essai, comme un cri de liberté, invite à une vaste levée d'écrou. Pour respirer enfin. Pour récupérer ces pouvoirs qu'on nous a confisqués. Pour recouvrer, avec le goût du risque et l'envie de conquête, tout ce qui fait le sel et le bonheur de la vie. Puisse cette épreuve de réduction drastique de libertés dont on mésestimait parfois l'importance nous inviter à nous arracher aux fers en apparence confortables d'un Etat dont on attendrait tout. L'appel est d'importance. Car des barbelés peuvent finir par pousser le long des blancs barreaux d'un parc à bébé. Choisissons vraiment la Vie : parions sur la Liberté. Avant qu'il ne soit trop tard.




Mathieu Laine : « L’infantilisation est de tous les partis »

ENTRETIEN avec Laetitia Strauch-Bonart. 

Pour l’essayiste, qui publie « Infantilisation » (Presses de la Cité), l’État nounou est plus vigoureux que jamais, ayant même trouvé dans la pandémie un terreau fertile.

"Il ne faut pas manger avec papy et mamie. Même à Noël. […] On peut aller chez papy et mamie à Noël, mais on ne mange pas avec eux. On coupe la bûche de Noël en deux. Papy et mamie mangent dans la cuisine et nous, on mange dans la salle à manger. […]" Que n'a-t-on commenté, et à raison, cette injonction infantilisante, qui ne nous vint pas d'un humoriste, mais d'un représentant de l'État, le Pr Rémi Salomon, président de la commission médicale d'établissement de l'AP-HP, un mois avant Noël. C'en était assez, après des mois de maternage sanitaire, pour décider le professeur affilié à Sciences Po, entrepreneur et chroniqueur au Point Mathieu Laine, à nous alerter de nouveau sur l'emprise d'un État devenu nounou dans Infantilisation (Presses de la Cité), un essai en forme de cri du cœur. Non pas, évidemment, que la situation épidémique ne méritât pas des mesures inédites, mais pour Laine, la facilité avec laquelle l'État a pu endosser le costume du précautionnisme sanitaire n'est que le révélateur d'une tendance profonde et néfaste à renverser au plus vite. Avec une énergie communicative, il nous enjoint de nous échapper de la grande nurserie."

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Le livre éco de la semaine : Les ravages de l'Etat nounou
 
Chantre de la pensée libérale, Mathieu Laine enfonce encore le clou dans son dernier essai dénonçant un Etat paralysant.

Voilà un livre des plus agaçants. Il y a fort à parier d'ailleurs que quelques lecteurs n'iront pas au-delà des quelques pages du prologue, tant Mathieu Laine ne fait aucun effort pour ménager leur susceptibilité. Car le président de l'institut Coppet, également entrepreneur et prof à Sciences po, hisse au plus haut le drapeau du libéralisme décomplexé qu'il porte depuis plus de vingt ans. Un courant dont les représentants se comptent sur les doigts d'une main dans le débat politique français. Rien que pour ça, ce petit livre doit être lu.

Mais ses mérites sont bien plus grands. Ainsi Mathieu Laine met le doigt, comme du sel sur une plaie, sur la menace qui, au-delà du tumulte dans lequel nous a plongés la crise sanitaire, risque de dévitaliser notre société plus sûrement que le Covid-19 : l'infantilisation croissante, et chaque jour davantage consentie, conduisant chacun d'entre nous à abandonner de son plein gré sa liberté à cet Etat qui sait mieux que nous ce qui est bon pour nous. A fortiori quand il s'agit, comme aujourd'hui, de sauver notre vie...

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