Le rêve de l'assimilation : De la Grèce antique à nos jours - De Raphaël Doan


Au-delà des polémiques, que sait-on vraiment de l'assimilation et de son histoire ? La pratique qui consiste à exiger de l'étranger qu'il devienne un semblable remonte à l'Antiquité, et n'est le privilège ni d'un pays, ni d'une époque. Aucun ouvrage n'avait jusqu'ici proposé une histoire globale de l'assimilation. L'ambition de cette entreprise inédite est de donner un panorama des pratiques d'assimilation à travers l'histoire, de l'Antiquité à nos jours, de l'Europe à l'Amérique, du Japon à l'Arabie, des grands empires aux pays d'immigration. Un fait se dégage : même si elle se révèle parfois contraignante, l'assimilation est toujours associée à l'universalisme, tandis que le refus de l'assimilation a souvent partie liée avec le racisme ou la xénophobie. Loin d'être synonyme de repli sur soi, l'assimilation se révèle historiquement le propre des sociétés ouvertes. En creux, ce sont les problématiques de notre époque, marquée par les crises migratoires et la mondialisation, que ce livre cherche à éclairer, en abordant les problématiques de l'étranger et de l'immigration sous un nouveau jour. Faut-il chercher à rendre nos sociétés diverses plus homogènes ? Quel type de culture, quel rapport à nous-mêmes et à autrui voulons-nous ? Bref : à Rome, doit-on encore demander de faire comme les Romains ?


L’assimilation, une politique à réhabiliter
Par Alexandre Devecchio


«Je crois à une politique de la reconnaissance. Dans notre code civil figure encore cette notion très problématique d’assimilation. Elle ne correspond plus à ce que nous voulons faire.» Ces mots sont ceux d’Emmanuel Macron dans un entretien accordé à L’Express à la veille des fêtes de Noël. Le président de la République y rejette le principe d’assimilation qui figure, en effet, encore dans notre Code civil: «Nul ne peut être naturalisé s’il ne justifie de son assimilation à la communauté française», peut-on y lire.

Aussi ambitieux que maîtrisé, le nouvel essai du jeune historien, Raphaël Doan, Le Rêve de l’assimilation. De la Grèce antique à nos jours (Éd. Passés composés) a pour principal mérite d’éclairer un concept trop souvent mal compris et d’en proposer une définition précise. Les politiques assimilatrices visent à favoriser la ressemblance des minorités à la majorité. Si l’intégration suppose seulement de donner une place à autrui dans la société sans nécessairement lui faire adopter intégralement le mode de vie majoritaire, l’assimilation exige un grand effort de l’individu. Cette volonté assumée peut apparaître contraignante dans des sociétés modernes dominées par la logique des droits individuels et réticentes à laisser la politique toucher aux mœurs. Elle est perçue comme un signe d’intolérance et une intrusion illégitime de l’État dans la vie des personnes.

L’assimilation et le modèle républicain français
Par Joachim Imad

Dans un ouvrage extrêmement documenté, le magistrat et essayiste Raphaël Doan réhabilite le concept d’assimilation en le mettant en perspective historique. Si l’assimilation n’est pas une spécificité française, il montre que celle-ci est au cœur de notre modèle national.

« Je comprends très bien que vous soyez contre l’assimilation. On ne peut attendre de vous que vous vous assimiliez. L’assimilation est un crime contre l’humanité. » C’est par ces mots que Recep Tayyip Erdogan, alors Premier ministre de la Turquie, s’adressait à la diaspora turque en Europe en 2008. Bien qu’elles soient rarement aussi vives, les attaques contre l’assimilation n’ont cessé de se multiplier au cours des dernières décennies. Là où cette notion est souvent galvaudée et instrumentalisée, l’essai de Raphaël Doan a le mérite d’en proposer une définition précise. Il définit celle-ci comme « le processus social qui conduit à l’homogénéisation (linguistique, culturelle, politique) plus ou moins poussée des membres du groupe. » L’assimilation ambitionne de transformer des étrangers en semblables, ce qui passe par des préconisations dans le discours public et/ou par une législation adaptée qui touche la vie quotidienne et les mœurs des individus à assimiler.

Ce travail de définition conduit Raphaël Doan à distinguer l’assimilation de l’intégration, de l’acculturation et du multiculturalisme. L’auteur montre ainsi que l’assimilation repose sur l’idée d’une culture majoritaire et de principes non négociables à préserver. Elle renforce en effet la contrainte qu’exerce le groupe majoritaire sur les minorités appartenant au corps social. À l’inverse, le multiculturalisme part du principe qu’une société peut se passer de culture dominante, que les différences culturelles entre les différents groupes sont par essence un enrichissement et que la tolérance s’impose en toute circonstance : « On tolère, mais on n’approuve pas forcément, on laisse vivre sans chercher à se mélanger, on se côtoie sans vouloir se ressembler. » Doan juge ce dernier modèle pernicieux dans la mesure où, loin de se contenter de laisser chaque individu faire ce qu’il veut, « il renforce la contrainte exercée par les groupes minoritaires sur leurs membres ». L’engrenage de l’essentialisation qui caractérise notre époque (chacun étant désormais sommé de s’exprimer non pas en tant que citoyen mais en tant qu’individu caractérisé par un certain nombre de particularismes : origines, religion, sexe, orientation sexuelle, etc.) démontre bien l’actualité de cette dérive.

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