Sans réaction de notre part, les GAFAM imposeront une orthodoxie idéologique - Entretien de Dominique Reynié par Guillaume Perrault


LE FIGARO.- Jugeant que Donald Trump a appelé ses partisans à une insurrection, Twitter, Facebook, YouTube et d’autres plateformes ont suspendu ses comptes et certaines de ses vidéos. Quelle appréciation portez-vous sur leur décision et sur la polémique très virulente qu’elle a provoquée?

DOMINIQUE REYNIÉ.
- Donald Trump a terminé son mandat de président des États-Unis par des fautes d’une extrême gravité. Il serait bon qu’il en réponde devant la justice de son pays. Pour autant, le rôle de censeur en dernière instance que se sont attribué à cette occasion les Gafam est démesuré. Hélas, la crainte de voir ce pays sombrer dans le chaos, la détestation par Trump - cultivée par lui-même - d’une partie des Américains et de l’intelligentsia planétaire, a permis aux big techs de faire valider leur acte inouï de censure par une cascade d’approbations immédiates, bruyantes et enthousiastes. Or, ces approbateurs ne sont pas moins irresponsables. Ils se sont réjouis de la chute d’un adversaire, mais ils n’ont pas réfléchi aux conséquences de cette censure. Et ce sont pourtant, dans bien des cas, des personnalités exerçant ou ayant exercé des fonctions publiques, parfois éminentes.

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Puisqu’il est question d’une passation de pouvoir aux États-Unis, je peux dire que, d’une certaine manière, elle vient d’avoir lieu - en ce qui concerne la régulation de la liberté d’opinion - entre les pouvoirs publics et les puissances privées. On pouvait difficilement imaginer une manière plus spectaculaire de consacrer le rôle hégémonique des plateformes numériques sur nos vies.

Je crois que les dirigeants de ces entreprises n’ont même pas conscience de la puissance qu’ils sont en train d’accumuler. Dans le cas de Trump, ils ont donné le sentiment de gérer une crise de marque depuis leurs sièges sociaux sans comprendre qu’ils étaient en train de bouleverser le cadre historique de nos libertés.

La bienveillance naïve de leurs propos et de leurs justifications à ce sujet est confondante, et très inquiétante. Peut-on savoir qui a décidé cet acte majeur de censure? Dans quel cadre de discussion? Avec qui? Les grandes institutions publiques - juridictionnelles, parlementaires, académiques - ont-elles été sollicitées? Dans cet univers qui contribue si massivement à l’obsession de la transparence, peut-on au moins lire, ne serait-ce qu’un compte rendu de ces débats?

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