Une Justice politique : Des années Chirac au système Macron - Par Régis de Castelnau


A l’heure où les questions judiciaires occupent un espace médiatique toujours plus important, toutes les études démontrent pourtant que l’opinion publique se défie désormais de la Justice.
Que s’est-il donc passé ?

Bien sûr, la pénurie des moyens explique en partie cette image de service public à l’abandon. Mais, selon Régis de Castelnau, cette défiance prend d’abord racine dans la perte flagrante par la magistrature de sa neutralité au profit d’un exercice politique de sa mission.

En analysant les trois dernières décennies, il montre comment la justice pénale, renonçant à son impartialité, a accepté de devenir un instrument intervenant directement dans le champ politique. Castelnau détricote, pièce par pièce, la plupart des grandes affaires politico-judiciaires récentes et révèle leurs mécaniques cachées. Enfin, il démontre comment les différents dispositifs mis en place par François Hollande ont permis à la haute fonction publique judiciaire, en disqualifiant François Fillon, d’assurer l’arrivée à l’Élysée d’Emmanuel Macron. Et de devenir ensuite une des pièces essentielles de son exercice du pouvoir.

Depuis 2017, Castelnau expose les éléments qui permettent d’affirmer que la Justice ralliée au « bloc élitaire » assure la pérennité d’un système où l’argent joue un rôle majeur. Un système où il s’agit d’abord de protéger les amis, de maintenir une pression constante sur les opposants et enfin de réprimer le Peuple quand il ose exprimer une révolte sociale ou une inquiétude sécuritaire.
Le tableau final, lourdement documenté, est celui d’une magistrature qui a fait le choix de son idéologie plutôt que du bien commun.


Régis de Castelnau: «Les magistrats parlent sans cesse d’indépendance mais jamais d’impartialité»

FIGAROVOX - Dans «Une justice politique», votre thèse est que la justice s’est politisée depuis les années 1990. Sous l’effet de quels processus? À la faveur de quelles réformes?

REGIS DE CASTELNAU-
La justice française a été longtemps considérée comme soumise au pouvoir exécutif, et il était difficile de le contester. La catastrophe des années 80 qualifiées à juste titre d’«années fric» qui a vu une corruption massive investir le champ politique, a fini par provoquer de vives réactions dans la société française. C’est le triomphe du slogan «tous pourris» et un certain nombre de magistrats, à l’image de ce qui s’est passé en Italie avec l’opération «Mani pulite», ont vu là une opportunité pour s’émanciper de la soumission au pouvoir qu’on leur reprochait.

Régis de Castelnau: «Les magistrats parlent sans cesse d’indépendance mais jamais d’impartialité» (lefigaro.fr)

Anne-Sophie Chazaud a rédigé une recension de l'ouvrage de Régis de Castelnau.

Si, comme chacun sait, nul n’est censé ignorer la loi, il est utile et salvateur de comprendre également le fonctionnement réel et les enjeux du système judiciaire, dans son articulation avec les trois autres pouvoirs (législatif, exécutif et médiatique) par-delà les jolies questions de grands principes. Dans un ouvrage majeur, Une justice politique, Des années Chirac au système Macron, l’avocat Régis de Castelnau livre une analyse aussi implacable qu’indispensable des mécanismes à l’œuvre dans ce fonctionnement en France, ou plutôt, devrions-nous dire, dans son dysfonctionnement de plus en plus flagrant, dans son dévoiement au cours des trois dernières décennies, lequel a abouti à la situation grave où nous nous trouvons désormais, celle d’une justice qui s’est mise au service du pouvoir politique tout en pensant initialement combattre les errements de celui-ci.

Cet ouvrage épais (mais qui se lit aussi aisément qu’un roman truculent, émaillé, nous y reviendrons, de nombreux portraits balzaciens) et rouge fait songer à quelque Code, de ceux que potassent les étudiants et qui trônent ensuite sur les bureaux et bibliothèques des juristes, de ceux qui impressionnent. Et, de fait, s’il ne s’agit pas d’un Code à proprement parler, on peut dire qu’on a là en main un guide précis, circonstancié, d’analyse, sinon de procédure du moins des processus en jeu dans la partie de dés pipés qui se joue entre le monde politique et le monde judiciaire -deux pouvoirs a priori séparés- dont la démocratie et le peuple sont les témoins écartés et perdants, dépossédés de l’institution chargée de les protéger et au nom desquels la justice est, en vertu de quelque légende urbaine, supposée être rendue.


Éric Zemmour: «Justice partout, justice nulle part»


«D’où tu parles?» Dans les années 1970, cette question était rituellement posée lors de toute conversation par les marxistes. Origine sociale, engagements idéologiques et politiques, âge, amitiés, lectures, professeurs, tout y passait. Les opinions de chacun étaient filtrées à ce tamis impitoyable. Ce rituel a été jeté dans les poubelles de l’Histoire avec le communisme. On peut parfois le regretter. Ainsi, lorsqu’on aborde les questions de justice, et en particulier les rapports singuliers qu’entretiennent les juges et les politiques (sans oublier le troisième «homme» de ce duo, les médias), c’est ce qui manque le plus à la compréhension générale. L’auteur de cette chronique ne doit pas échapper à la règle. J’ai moi-même commis il y a plus de vingt ans un ouvrage intitulé Le Coup d’État des juges ; je suis fréquemment contraint de me rendre dans les prétoires pour des propos accusés «d’incitation à la haine» ou autres «incitation à la discrimination». Ces rappels uniquement pour préciser que je ne suis pas neutre quand je dois chroniquer un livre qui adopte les mêmes analyses et les mêmes constats.

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