Eugénie Bastié: «Liberté ou santé ? Quand la pandémie divise les libéraux»

Jadis uni contre la tutelle de l’État et pour la réforme de ce dernier, les libéraux sont désormais divisés entre ceux qui dénoncent une atteinte intolérable aux libertés et les partisans de l’expertise qui justifient les mesures exceptionnelles au nom de l’intérêt général.



Ah que le monde d’avant la pandémie était simple! Le clivage entre «mondialistes» et «populistes» tournait à plein régime. Les «ouverts» affrontaient les «fermés», les «progressistes» bataillaient contre les «conservateurs». Et puis le Covid est arrivé, rebattant les cartes idéologiques. On a vu un président pro-européen se mettre à parler de souveraineté nationale, le même, adepte du libre-échange, fermer les frontières, des libertariens communier avec les «gilets jaunes», des conservateurs batailler contre l’ordre sanitaire. C’est sans doute dans le camp du libéralisme que la division est la plus forte. En effet, jadis uni contre la tutelle de l’État et pour la réforme de ce dernier, les libéraux sont désormais divisés entre ceux qui dénoncent une atteinte intolérable aux libertés et les partisans de l’expertise qui justifient les mesures exceptionnelles au nom de l’intérêt général.

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«La fragilité de la santé humaine peut fournir à l’État une justification permanente pour un état d’exception permanent», alertait dans Le Figaro le libéral conservateur Pierre Manent dès mars dernier. «Le Covid fait basculer le monde dans l’état d’urgence sanitaire permanent», renchérit le philosophe Gaspard Koenig dans une chronique remarquée, où il problématise le dilemme entre «vies prolongées» et «vies gâchées». L’essayiste Mathieu Laine redéploie à l’occasion de la crise le discours libéral classique contre «l’État nounou» tandis que le philosophe antitotalitaire Bernard-Henri Lévy s’inquiète d’un «virus qui rend fou» .

Mais d’autres libéraux comme l’économiste Nicolas Bouzou privilégient le réalisme économique aux principes, et affirment que les restrictions sont nécessaires pour retrouver le chemin de la croissance. Le libéral kantien Luc Ferry, dans sa dernière chronique dans nos colonnes, «La liberté plus que la vie?», cite Rousseau pour rappeler que «la liberté ne consiste pas à faire n’importe quoi, à s’affranchir de toute contrainte, mais à “obéir à la loi qu’on s’est prescrite”». La philosophe Barbara Stiegler fait, elle, remarquer que l’attestation dérogatoire de déplacement est un exemple de nudge, cette technique qui consiste à influencer les comportements par de micro-incitations, et relèverait donc davantage du paternalisme néolibéral que de la bureaucratie administrative (elle aurait d’ailleurs été suggérée au gouvernement par un cabinet de conseil).

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