Islamo-gauchisme à l’université : l’erreur de stratégie de la ministre de l’enseignement supérieur - Par Philippe d'Iribarne

Frédérique Vidal, la ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation a annoncé qu’elle allait demander « notamment au CNRS » de faire une enquête sur « l’ensemble des courants de recherche » à propos de « l’islamo-gauchisme » à l’université. Comment expliquer cette polémique ? Quelle est la place actuelle dans l’université des études décoloniales et courants de pensées qui s’y rapportent ?



Atlantico.fr : Interviewée au micro de Jean-Pierre Elkabbach, Frédérique Vidal a annoncé vouloir confier une enquête au CNRS sur l’influence de "l’islamo-gauchisme" dans la société et plus particulièrement dans les universités françaises. La conférence des présidents d’universités a dénoncé, à raison, une "polémique stérile" sur une "pseudo-notion" sans définition scientifique. Comment expliquer cette polémique, qu’a cherché à faire la ministre ? Confier une enquête au CNRS sur ces sujets peut-il résoudre quoi que ce soit ?

Philippe d'Iribarne :
Il faut bien distinguer les questions de fond concernant le fonctionnement de l’université et l’épisode lié aux propos de la ministre.

De manière générale, affirmer, comme le fait la conférence des présidents d’universités, que l’université est un haut lieu de neutralité idéologique, que les recherches qui y sont entreprises ne sont guidées que par un amour du savoir libre de toute option politique et qu’ils sont évalués sur leur seule capacité à rendre compte de la réalité sociale n’est pas sérieux. C’est confondre le monde tel qu’il est avec ce qu’il devrait être. La sociologie est « un sport de combat » affirmait Pierre Bourdieu. L’université n’est pas un espace de pure pensée à l’abri des conflits entre représentations du monde qui marque la société dans son ensemble et alimentent les débats politiques. Ces conflits trouvent un reflet dans ce qui s’y déroule et les travaux qui y sont entrepris fournissent des munitions à leurs acteurs.

Aujourd’hui un axe d’interprétation majeur des maux de tous ordres dont la planète et l’humanité sont victimes est d’attribuer la totale responsabilité de leur existence à l’action néfaste de « dominants ». Cette vision, sorte de généralisation d’une vision marxiste, a reçu une légitimation académique avec l’émergence de la French Theory, marquée au premier chef par les travaux de Foucault et Bourdieu. Elle est devenue quasiment hégémonique au sein des campus américains où ceux qui ne la partagent pas sont l’objet d’une sorte de chasse aux sorcières (la cancel culture) fondée non sur une critique de la rigueur scientifique de leurs analyses (qualité des données qu’ils utilisent, rigueur de leur raisonnements) mais sur une dénonciation de leur position idéologique associée à leur « manque de sensibilité » pour les souffrances des dominés. S’associe à ce mouvement la dénonciation de tous les personnages du passé, jusqu’à Abraham Lincoln, réputés ne pas être au-dessus de tout soupçon dans ce domaine.

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