La musique est-elle raciste ? - Par Bruno Chaouat

Cancel culture. Pour Philip Ewell, professeur à la City University of New York, la discipline de la théorie musicale, puisqu'elle est d'origine « blanche », serait structurellement raciste. Dans la Revue, Bruno Chaouat analyse les ressorts de ce type de raisonnement fallacieux et met à nu les impasses d'un antiracisme régressif et antilibéral.



Dans son roman Michaël (1929), Joseph Goebbels écrivait : « La politique est l’art plastique de l’État. » De cette formule qui résume l’esthétisation fasciste de la politique, doit-on induire que sculpture et peinture sont des arts nazis ou que la connaissance technique du dessin et de la perspective conduisent droit à la « solution finale » ? Tel est le type de raisonnement fallacieux du nouvel antiracisme.

La France est de mieux en mieux informée, sinon déformée, par la culture dite « de la suppression » (cancel culture) qui fait rage aux États-Unis et embrase les réseaux sociaux. Cette pratique du « shaming » et du boycott des personnes pour des prises de position publique est le dernier avatar de la reductio ad Hitlerum, mentalité de meute décrite il n’y a guère par le philosophe François de Smet. Nos sociétés ont basculé sous l’empire de la loi de Godwin, du moralisme et de l’indignation fabriqués par algorithmes. Selon le néo-antiracisme, chaque parole, chaque pensée, chaque inconscient est suspect. Et comme l’inconscient, par nature, ignore l’intention et le libre arbitre, nous sommes tous des racistes malgré nous. Monsieur Jourdain du racisme, nous en faisons sans le savoir.

La mentalité de meute n’est guère limitée à la gauche « de suppression » (cancel left), loin de là. Mais si la droite alternative (alt-right) vocifère sa haine en ligne comme un ça déchaîné affranchi de tout surmoi, la gauche, sous couleur de limiter les dégâts, bâillonne l’expression et impose un conformisme moral sur les questions de race et de genre qui rappelle les ligues de vertu d’hier.

C’est dans ce contexte qu’a récemment éclaté une controverse digne d’un roman de Milan Kundera. En 2019, lors d’un colloque de la Society for Music Theory (SMT), Philip Ewell, un professeur à la City University of New York qui s’identifie comme « Noir », était invité à assumer la séance plénière du colloque. Conférencier principal, le musicien doublé d’un professeur de théorie donnait le la : la discipline de la théorie musicale en Amérique du Nord suinte l’élitisme, la xénophobie, l’eurocentrisme et le racisme. Même si la théorie musicale n’est pas « consciemment » ou intentionnellement raciste, elle se prétend indifférente à la couleur de peau (« colorblind »). Antiracistes, encore un effort : il ne suffit pas de voir l’homme dans le Noir (« colorblindness »), il faut voir le Noir dans l’homme. La couleur de peau n’est pas un accident de naissance, elle est un destin. Pascal Bruckner, dans Un coupable presque parfait, a fort bien mis à nu les impasses de cet antiracisme régressif et antilibéral.

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