Réécrire Molière par démagogie égalitariste ? Pas question ! - Par Olivier Babeau et Anne-Sophie Chazaud

Olivier Babeau et Anne-Sophie Chazaud fustigent l’instrumentalisation de la part de certains journalistes et sociologues, de la proposition du centre international de théâtre francophone concernant l’apprentissage de la langue française aux étrangers. Réécrire Molière, serait baisser le niveau d’exigence et ne servirait qu’à augmenter encore un peu plus les inégalités. Il ne s’agit que d’un prétexte pour masquer l’échec du système scolaire, et une tentative idéologique d’effacer une partie du passé à l’aune des critères moraux actuels.


Olivier Babeau : Laissons Molière en version originale !


Nous ne lisons plus Rabelais ou Montaigne dans le texte original. Les textes du Moyen Âge seraient inaccessibles sans une traduction en français moderne. Une langue vit, ses pratiques évoluent. Elle n’est après tout qu’un code adapté à son temps. Préserver la compréhension du message implique de changer le code. Il convient néanmoins d’être particulièrement vigilant face aux projets de réécritures des textes du passé, d’en comprendre les motivations cachées et les conséquences.

On ne peut qu’approuver les tentatives d’adaptation des pièces de Molière réalisées à l’usage des élèves apprenant notre langue comme une langue étrangère. Il s’agit d’une bonne façon de rendre ce trésor de notre patrimoine littéraire plus rapidement accessible à des élèves s’intéressant à la France et à sa culture. L’anglais du XVIe siècle de Shakespeare, de même, a besoin d’une sérieuse adaptation pour le lecteur d’aujourd’hui, a fortiori si l’anglais n’est pas sa langue maternelle.

Olivier Babeau: «Laissons Molière en version originale!» (lefigaro.fr)

Anne-Sophie Chazaud : Molière réécrit, le mépris et l’abêtissement


Si le français se trouve être désigné dans la Constitution comme étant la «langue de la République», ce qui souligne avec force le lien consubstantiel entre une identité nationale et un système linguistique chargé au fil des siècles d’histoire, d’usages et de culture, l’on emploie également souvent l’expression «langue de Molière» pour la qualifier.

Parce que celle-ci incarne une sorte de moment de perfection, d’âge d’or reflétant l’esprit français, par son classicisme certes, celui du Grand Siècle, mais aussi par sa puissante charge ironique, son esprit frondeur, sa vivacité, son rapport à la fois au pouvoir et à la dissidence, bref, à l’intérieur même de ce qui est devenu son classicisme, par son aspect éternellement vivant, intempestif et toujours actuel.

Accéder à la connaissance fine d’une langue, c’est donc accepter avec modestie, humilité, ambition et travail, de se plonger dans une Histoire dont on est, dans le maniement des mots, les récipiendaires, les héritiers, et que nous avons la charge de faire vivre, non dans une forme figée ou sacralisée de manière paralysante, mais dans une forme mouvante qui reprend le passé à son compte en le métamorphosant avec lenteur, avec la sage lenteur de la vie elle-même, avec authenticité et non par parti pris idéologique ou par paresse intellectuelle, comme le rappelle avec force Victor Hugo dans la si célèbre préface de Cromwell: «Les langues ni le soleil ne s’arrêtent plus. Le jour où elles se fixent, c’est qu’elles meurent.»

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