Vidal et l’islamo-gauchisme: «la réponse du CNRS est plus politique que scientifique» - Par Arnaud Benedetti

Le ministre de l’enseignement supérieur a demandé au CNRS de réaliser une enquête sur «l’islamo-gauchisme» dans les universités. Arnaud Benedetti s’étonne de voir le CNRS chargé de cette enquête mais reconnaît que sa réponse est très partisane.



FIGAROVOX.- Vous avez été directeur de la communication du CNRS pendant trois ans. Que vous inspire le communiqué de presse publié par ce dernier ce mercredi en réaction aux propos de la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal? Le CNRS est-il vraiment l’organe le plus légitime pour mener l’enquête souhaitée par la ministre?

Arnaud BENEDETTI.-
J’ai d’abord été surpris de l’annonce de Madame Vidal . Principalement quant à la méthode, car confier au CNRS qui est lui-même un opérateur de recherche, c’est-à-dire une institution dont le cœur de métier consiste à produire de la connaissance le soin d’investiguer les travaux de recherche conduits dans le cadre de l’université, m’apparaît une méthode susceptible de n’engendrer que de la confusion. Et ce pour plusieurs raisons: tout d’abord organiquement nombre d’unités de recherche sont mixtes , c’est-à-dire qu’elles disposent d’une double tutelle CNRS/ Universités .

En d’autres termes, le CNRS ne pouvait être en la matière que particulièrement gêné par la mission que la ministre souhaitait lui déléguer, étant lui-même en quelque sorte juge et partie. Ensuite parce que politiquement le design improvisé pour le moins de la commande ravivait politiquement des zones de conflits potentiels entre l’organisme et les universités, ce que la conférence des Présidents d’Universités n’a pas manqué de rappeler dans son communiqué de presse en dénonçant l’instrumentalisation du CNRS par l’exécutif.

N’oublions jamais que l’organisation du système de recherche français constitue une forme de dentelle fine où les enjeux de pouvoir et de légitimité sont historiquement très sensibles pour qui se penche sur l’histoire des institutions scientifiques en France. Enfin parce que la Ministre, scientifique elle-même, ne pouvait ignorer les valeurs mais aussi les représentations auxquelles sont attachées viscéralement les communautés de chercheurs: l’indépendance de la recherche, laquelle mériterait sans doute d’être interrogée car elle est tout autant un principe indispensable que parfois l’objet d’un usage pour atténuer des opinions, notamment en ce qui concerne les sciences sociales.

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